תמונות בעמוד
PDF
ePub

LE COUVENT DES CORDELIÈRES

A NOYEN (1)

Il ne nous déplaît pas, à l'heure où se ferment de nombreuses communautés, asiles de la prière et de la bienfaisance, de raconter l'histoire d'un couvent dont l'existence, vieille de trois siècles bientôt, n'est pas encore éteinte.

[ocr errors]

En 1630, Catherine de Lannoi (2), femme de François, marquis de Kerveno (3), baron de Noyen, habitait l'antique logis (4) situé en face le pignon de l'Hôtel de Ville, sur la route du Mans. De son mariage, la noble dame eut deux filles, Charlotte et Elisabeth.

« Le 5 janvier 1631, qui était le premier dimanche du mois et de l'an, après la procession du Rosaire, on fit, dans l'Eglise Notre-Dame, le baptême de MarieFrançoise-Elisabeth, fille de haut et puissant seigneur,

(1) Noyen, canton de Malicorne, arrondissement de La Flèche, à 47 kilomètres de La Flèche.

(2) Lannoi, ancienne famille qui tire son nom d'une petite ville de Flandre. Elle a donné plusieurs chevaliers de la Toison d'Or et un grand maître des Arbalétriers de France. Armes d'argent à trois lions de sinople, armés et lampassés de gueules et couronnés d'or, (suivant La Ch.); de gueules (suivant Courcelles).

(3) Kerveno, vieille famille bretonne. Armes d'azur à 10 étoiles d'argent posées 4, 3, 2, 1.

(4) Qu'on appelle cet immeuble Maison du Seigneur passe encore; mais c'est à tort qu'on l'a qualifié, dans une vente récente, d'Ancien Couvent. Cette maison appartint au monastère des Cordelières, mais ne leur servit pas de demeure.

Messire François, marquis de Kerveno et de Bauld, baron de Noyen et de Pirmil; et de haute et puissante dame, Catherine de Lannoi. Elle naquit à Kerveno, le jour de saint François, 4 octobre 1625, et fut ondoyée dans la chapelle de Kerveno par le curé de céans, ainsi qu'il nous fut affirmé par ma dite Dame, à la solennité, et par Georges Champion, son maître d'hôtel. Son parrain a été François de Bodiau, écuyer, sieur de Beauvais (1) et de la Grand'Maison de Noyen, et sa marraine demoiselle Jeanne de la Saulgière, épouse de Beaudoin de Vaige » (2). (Arch. communales.)

Cette fille se fit plus tard religieuse en Picardie, à l'abbaye au Bois dont sa tante était abbesse; elle-même la remplaça dans cette charge, ainsi que le témoigne l'épitaphe de la marquise de Kerveno, qu'on lit dans l'église de Noyen :

«Sa naissance fut haute et sa vertu profonde;
«Et l'un et l'autre ayant une égale hauteur,
«Par ce bel assemblage et par ce double honneur,
<< Faisait que cette dame aist été sans seconde,
«Si le ciel se plaisant à la favoriser,

<< N'eût voulu que l'hymen pour l'immortaliser,
«< Augmentast ses faveurs d'une heureuse famille,
«Et qu'une illustre abbesse en fust l'illustre fruict,
<«< Afin qu'en l'imitant sa rare vertu fit

<< Revivre après sa mort la mère dans la fille. »

C'est sans doute pour attirer les bénédictions célestes sur sa fille Elisabeth, que Madame de Kerveno fonda le couvent des Cordelières de Noyen. Voici dans quelles conditions :

Au mois de février 1631, le marquis de Sablé, Philippe-Emmanuel de Montmorency-Laval et sa femme, Madeleine de Souvré (3), établirent à Sablé une maison

(1) La terre de Beauvais était l'un des petits fiefs de la Châtellenie. (2) La famille de Vaiges, fort illustre, posséda longtemps le Plessis qui s'appelait Plessis-le-Vaiges. Armes d'azur à trois chevrons d'or. (3) Ou Souvray, d'après Gilles Ménage. (Seconde partie de l'Histoire de Sablé p. 175.)

de religieuses Cordelières. Cette congrégation avait été instituée sous le patronage de sainte Elisabeth de Hongrie (d'où le nom d'Elisabethines donné parfois aux sœurs), afin d'honorer par un culte d'adoration perpétuelle le T. S. Sacrement de l'autel. Ces religieuses formaient un Tiers-Ordre régulier qui suivait la règle franciscaine. Il y avait des sœurs de chœur, plus spécialement vouées à cet office, ainsi qu'à l'instruction des enfants, et des religieuses converses destinées au soin des malades.

Outre les établissements de Sablé et de Noyen, il y en eut un troisième du même ordre à Beaumont-le-Vicomte.

Ce fut le 29 avril 1637 qu'aboutirent les premières démarches faites par Madame de Kerveno, aidée et conseillée sans doute par le curé de la paroisse SaintPierre de Noyen (1), Messire Jean Peschard ou Pescherard (2). Un terrain fut acheté à Mademoiselle de Braunoy pour la somme de 2.200 livres « par Madame de Kerveno, müe de piété et de grande dévotion, surtout envers l'auguste sacrement d'Eucharistie. >> Dans l'acte de fondation, la donatrice se réservait le droit « d'entrer dans le monastère avec trois autres personnes de son sexe » (3). Le couvent ne fut terminé et complètement clos qu'au mois d'octobre 1637. Sur l'acte d'acceptation, les premières religieuses qui vinrent l'habiter signèrent leurs noms. Elles venaient de la communauté de Sablé. C'étaient d'abord :

La supérieure: Gabrielle d'Apchon;
La viquaire : Marguerite d'Apchon;

(1) Avant la Révolution, il y eût à Noyen deux paroisses: celle encore existante de Saint-Germain et celle de Saint-Pierre; cette dernière avait deux églises, Saint-Pierre et Notre-Dame, l'une et l'autre complèement détruites.

(2) Jean Peschard ou Pescherard, curé de Saint-Pierre depuis le 1er septembre 1622. Il exerça ses fonctions durant 38 ans.

(3) Archives de la Sarthe.

[blocks in formation]

Le couvent reçut pour armoieries le blason suivant : d'azur à un chef de gueules, chargé de deux étoiles d'or (1).

Peu à peu, le petit monastère se peupla. Les jeunes filles de la contrée vinrent s'y faire instruire; quelques-unes y prirent l'habit.

Sur un bail conclu le 28 juillet 1645, nous trouvons les signatures suivantes :

[blocks in formation]

En 1697, il y eût chez les Cordelières, jusqu'à 37 religieuses.

(1) Cauvin, arm. manuscrit.

(2) Les parents de cette sœur habitaient et possédaient à Noyen le fief de Marcé. Armes d'azur à trois genêts passant d'or, posés 2 et 1. (Arm. manus.) ou, selon Le Paige : de sable à la bande fusclée d'argent de 5 pièces et de 2 demies.

Nous avons trouvé un acte assez intéressant qui peut nous donner de nombreux détails sur le costume, les habitudes, la vie des sœurs élisabéthines. Une jeune fille, Demoiselle Anne Couet, voulait se faire religieuse. Voici le contrat d'agrés passé entre elle et les sœurs Cordelières.

« Aujourd'hui seizième jour d'août mil sept cent quatre, après midy, en présence de nous Joseph Frontault (2), notaire royal au Mans, demeurant à Noyan et de témoins cy-après nommés: Me Jacques Couet, écuyer, conseiller du Roy, lieutenant-général en la maréchaussée du Mans, y demeurant paroisse du Crucifix, s'est adressé aux dames religieuses du couvent et monastère du Saint-Sacrement, du TiersOrdre de saint François et de sainte Elisabeth, érigé audit Noyan, auxquelles parlant, deùment congrégées au haut parloir, après le son de la cloche en la mannière accoustumée, és personnes de Réverendes Dames, sœur Jeanne de Vâbres des Anges, supérieure; sœur Magdelaine du Noyer, viquaire et dépositaire; sœur Marthe de Longueil, sœur Marie de la Brichetière, sœur Magdelaine Cosset, sœur Marie Riverais, sœur Marguerite Fontainne, sœur Anne des Aulnays, sœur Marie Deschamps, sœur Catherine de la Courbe, sœur Andrée Chassebœuf, sœur Marguerite Duvau, sœur Charlotte Delarue, sœur Marie de Vâbres, sœur Marie Bourgoin et sœur Anne Guiot, toutes religieuses professes et faisant la plus grande partie des religieuses dudit couvent et tant pour elles que pour les autres religieuses, il a été dit que connaissant le dessein que damoiselle Anne Couet, sa fille, âgée de dix-sept ans, pensionnaire audit couvent depuis trois mois, a de se rendre religieuse de chœur audit couvent, pour seconder son bon dessein, a offert payer

(2) La famille Frontault est fort ancienne à Noyen; ses divers membres y occupaient presque toujours des charges publiques, en particulier celle de notaire.

« הקודםהמשך »