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Bail peu commun: Mme Coquiny-Desprès « n'exigeait aucun loyer; » elle montrait ainsi, qu'elle ne voulait tirer aucun profit de sa propriété, mais tenait à rendre au culte la petite chapelle, en lui gardant un propriétaire ferme et énergique. Immédiatement M. Salmon fit rouvrir publiquement la chapelle, ce qu'on lit aux archives de Saint-Thomas (1): «M. et Mme Salmon ouvrirent alors ce tte chapelle pour l'exercice du culte catholique et chaque fois qu'il y avait relâche dans la persécution, les prêtres catholiques, cachés à La Flèche, y célébrèrent l'office divin publiquement, avec un grand concours de fidèles ».

Sans doute, le service n'y fut plus régulier, pendant toutes ces années de trouble et de suspicion, mais il est une chose importante à constater; comme l'administration civile le fait elle-même en 1838 : « La chapelle dédiée à la Sainte Vierge sous le nom de Notre-Dame-des-Vertus, ayant toujours été affectée au culte public, malgré qu'elle fût devenue propriété particulière par suite de la vente qui en fut faite nationalement à la famille Coquiny-Desprès, n'a jamais été affermée » (2).

Ce petit coin de terre fléchoise devait être suspect, cette chapelle, cependant calme et silencieuse, pouvait être un lieu de réunion, c'est-à-dire de conspiration. Ces idées bizarres avaient cours même en 1799, dans les notes du district (3), on lit à la date du 15 janvier 1799 « On se rassemblait les dimanches et jours de fêtes à Notre-Dame-des-Vertus, ordre est donné de fermer cette chapelle ».

Un an après (7 avril 1800), Lenoir commissaire de La Flèche, adresse ces plaintes au Mans (4): «< Dans

(1) Annales manuscrits de Saint-Thomas, p. 358.

(2) Lettre et note du Receveur de l'Enregistrement, à La Flèche. (3) Citées par Montzey, II-217.

(4) Montzey, II-227.

les campagnes on sonne l'angélus trois fois le jour. On sonne les messes et même les enterrements. La croix est relevée dans les cimetières. Il existe dans notre commune une chapelle sous la dénomination de Notre-Dame-des-Vertus, il s'y est fait hier des rassemblements; je crains bien que cela ne nous conduise à quelque chose de funeste. La loi défend tout culte extérieur, conduite à tenir ? »

Même en 1800, la liberté de conscience n'était qu'un vain mot, cependant les Fléchois loin de se laisser intimider, sans provocation, mais sans crainte et publiquement, confessaient leur foi, aux pieds de leur Protectrice, et, par ce ferme courage, ils en imposaient aux ennemis de la liberté et faisaient respecter ainsi le libre exercice de leur culte. Ils s'étaient tenus bien fidèlement groupés auprès de leurs prêtres non assermentés et ceux-là seulement pouvaient célébrer à Notre-Dame-des-Vertus où jamais ne pénétrèrent prêtres constitutionnels de Saint-Thomas. Mme Coquiny-Desprès, propriétaire de la chapelle, en pouvait disposer à son gré et y recevoir qui bon lui semblait.

CHAPITRE IV.

Notre-Dame-des-Vertus au XIXe siècle.

S I.

Mort de Madame Coquiny-Desprès. Partage entre ses six enfants. Retours successifs à la Fabrique de Saint-Thomas de différents lots indivis de la Chapelle.

A l'heure où les dénonciations menaçaient sa chapelle, l'insigne bienfaitrice des Vertus mourut (1800). Ses enfants se montrèrent dignes héritiers de la foi maternelle. A la vérité, fiers de posséder ce sanctuaire béni, possession qu'ils regardaient comme

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un honneur, une bénédiction et une sauvegarde, ils furent lents à s'en dessaisir, mais tous furent unanimes à en laisser la libre jouissance aux fidèles de notre cité.

L'une des filles de Mme Coquiny-Desprès, LouiseJulie, mourut le 14 février 1803. Dans le partage entre

ses frères et sœurs survivants et ses neveux, comme dans le partage au décès de sa mère, il n'a pas été fait mention de la chapelle Notre-Dame-des-Vertus ni du petit cimetière dépendant, acquis par Mme Coquiny-Desprès. L'intention de leur mère, bien connue des partageants, étant d'en destiner la propriété au culte public (1).

Néanmoins, après ce partage, la chapelle devenait un bien indivis, et les différents propriétaires étant bientôt dispersés aux quatre coins du monde, plus difficile allait être la tâche des curés de Saint-Thomas, pour faire rendre à la fabrique ce qu'elle avait possédé autrefois. La paroisse Saint-Thomas peut-être par la protection de Marie, qui y était bien honorée, a toujours été privilégiée, et, au XIXe siècle, elle eut entre autres privilèges, celui infiniment précieux de conserver longtemps les pieux et zélés pasteurs que la Providence lui avait envoyés M. de la Roche fut curé de 1802 à 1831, M. Goumenault-Desplantes de 1831 à 1856, M. Coulon de 1856 à 1883 et M. E. Rousseau depuis 20 ans administre la paroisse et l'administrera encore longtemps pour le plus grand bien des âmes.

Ces quatre pasteurs qui, en cent ans, se sont suc

(1) Archives de la fabrique.

cédé à Saint-Thomas, ont tous eu à cœur de travailler à favoriser le culte de Notre-Dame-des-Vertus et à embellir sa chapelle.

M. de la Roche et M. Goumenault eurent, comme premier but, de rendre la fabrique propriétaire de la chapelle.

ses

Dès 1803, la troisième fille de Mme Coquiny-Desprès voulait déjà céder son lot, car à cette date elle écrivait à M. Bodin, secrétaire de la fabrique (1): « Mme de La Horie a l'honneur de saluer M. Bodin et de le prier, s'il le peut, ainsi qu'il a promis de lui faire le modèle de ce qu'elle désire écrire à neveux pour les engager à donner, ainsi qu'elle, leur portion de la chapelle ou à ne pas désapprouver qu'elle seule donne la sienne. » — « Vous m'aviez également promis un modelle de lettre pour inviter mes neveux (les enfants Huguet), à consentir à ce que je veux donner mon cinquième de notre chapelle je n'ay tardé à vous réitérer cela que par ma lenteur à me rétablir. »

Mme de la Horie ne put mettre son désir à exécution, mais dans son testament du 29 septembre 1828 elle dit « Je lègue à la fabrique de l'église SaintThomas de La Flèche, les portions qui m'appartiennent et m'appartiendront dans la chapelle de Notre-Dame-des-Vertus et le terrain au devant appelé le petit cimetière.

Le tout situé commune de La Flèche, à la charge de faire dire à perpétuité dans la chapelle une messe de Requiem pour le repos de mon âme et celle de mes parents le 3 novembre. >>

Une ordonnance de Charles IX, du 16 décembre 1829, vint autoriser le trésorier de la fabrique de l'église Saint-Thomas à accepter ce legs.

(1) Archives de la fabrique. Mme de la Horie avait écrit sur deux cartes à jouer, un deux de trèfle et un cinq de cœur.

L'un des neveux, dont parlait plus haut Mm. de la Horie, Hippolyte-Louis-François Huguet, fit, le 3 février 1831, « don entre vifs, irrévocable et sans réserve à la fabrique de l'église de Saint-Thomas de La Flèche, de la huitième partie indivise qui lui appartient de son père et de sa grande tante, d'une chapelle dite Notre-Dame-des-Vertus avec le terrain au devant..... Dans cette donation sont compris les ornements à l'usage de ladite chapelle et tout ce qui y est adhérent ou mis à perpétuelle demeure. »

Par ordonnance du 9 février 1833, Louis-Philippe autorisa le trésorier de la fabrique à accepter ce legs.

Je disais tout à l'heure que les enfants de Mme Coquiny-Desprès tenaient à honneur de se dire propriétaires de la chapelle. Voici ce que l'un deux, M. Gaudichon, époux de Mélanie-Anne-Marie CoquinyDesprès, écrivait le 25 juin 1811 à « Messieurs les membres du conseil de fabrique de Saint-Thomas:

«Messieurs, la cruelle maladie que vient d'éprouver « mon épouse et ma faible santé m'ont privé d'avoir <«<eu l'honneur de vous répondre de suite. J'aurais le « plus grand désir de satisfaire à la demande que « vous faites de la chapelle de Notre-Dame-des«Vertus. L'acquisition qu'en a faite Madame Desprès, «notre respectable et vertueuse mère, a transmis à « ses enfants l'esprit de piété, de respect et d'attache « à cette chapelle. Mon épouse y est singulièrement << attachée et a fait des vœux inviolables de ne jamais «< céder ses droits de propriété. Vous savez, Messieurs, « qu'elle a toujours été ouverte à la dévotion de vos <«< concitoyens, nous savons que l'esprit de piété qui <«<les animent et les prières qu'ils font journel<«<lement dans cette sainte chapelle leur fait autant «de plaisir qu'à nous de l'avoir conservé intact (sic).

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