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Et tous ces riens qui rempliffent leurs cœurs,

Se careffant, fe parlant fans rien dire,
Et fans fujet toujours prêtes à rire.

Mais toutes deux avaient le même amant:
A fon nom feul, ô merveille foudaine!
Life & Chloé prirent tout doucement
Le grand chemin du temple de la haine.
Enfin Zayre y parut à fon tour,
Avec ces yeux, où languit la molleffe,
Où le plaifir brille avec la tendreffe.
Ah! que d'ennui, dit-elle, en ce féjour!
Que fait ici cette trifte déeffe?

Tout y languit: je n'y vois point l'amour.
Elle fortit, vingt rivaux la fuivirent;
Sur le chemin vingt beautés en gémirent.
DIEU fait alors où ma Zayre alla;
De l'amitié le prix fut laiffé là;
Et la déeffe en tout lieu célébrée,
Jamais connue & toujours défirée,
Gela de froid fur fes facrés autels.
J'en fuis fâché pour les pauvres mortels.

M

ENVO I.

On cœur, ami charmant & fage,
Au vôtre n'était point lié,

Lorf

Lorfque j'ai dit qu'à l'amitié

Nul mortel ne rendait hommage.
Elle a maintenant à fa cour

Deux cœurs dignes du premier âge.
Hélas! le véritable amour

En a-t-il beaucoup davantage?

DE L'USAGE

DE LA SCIENCE

DANS LES PRINCES. *

A MONSEIGNEUR

LE PRINCE ROYAL DE PRUSSE, DEPUIS ROI DE PRUSSE..

RINCE, il eft peu de rois, que les mufes inftruifent,

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Peu favent éclairer les peuples qu'ils conduisent.

Le fang des Antonins fur la terre eft tari;
Car depuis ce héros à Rome fi chéri,

Ce philofophe roi, ce divin Marc-Aurèle,
Des princes, des guerriers, des favans le modèle,
Que roi fous un tel joug ofant fe captiver,
Dans les fources du vrai fut jamais s'abreuver?
Deux ou trois, tout-au-plus, prodiges dans l'hiftoire,
Du nom de philofophe ont mérité la gloire;
Le refte eft à vos yeux le vulgaire des rois,
Efclaves des plaifirs, fiers oppreffeurs des loix,
Fardeaux de la nature, ou fléaux de la terre,

Cette piéce eft de 1738.

En

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Endormis fur le trône, ou lançant le tonnerre.

Le monde aux pieds des rois les voit fous un faux jour;
Qui fait régner fait tout, fi l'on en croit la cour.
Mais quel est en effet ce grand art politique,
Ce talent fi vanté dans un roi defpotique ?
Tranquille fur le trône, il parle, on obéït ;
S'il fourit, tout eft gai; s'il eft trifte, on frémis
Quoi! régir d'un coup d'œil une foule fervile,
Eft-ce un poids fi pefant, un art fi difficile ?
Non mais fouler aux pieds la coupe de l'erreur,
Dont veut vous enyvrer un ennemi flateur,
Des prélats courtisans confondre l'artifice,
Aux organes des loix enfeigner la justice
Du féjour doctoral chaffant l'abfurdité,
Dans fon fein ténébreux placer la vérité;
Eclairer le favant, & foutenir le fage;

Voilà ce que j'admire, & c'eft-là votre ouvrage.
L'ignorance, en un mot, flétrit toute grandeur.

Du dernier roi d'Espagne un grave a)ambaffadeur, De deux favans Anglais reçut une prière :

Ils voulaient dans l'école apportant la lumière,
De l'air qu'un long crystal enferme en fa hauteur,
Aller au haut d'un mont marquer la pefanteur.
Il pouvait les aider dans ce favant voyage;
Il les prit pour des fous: lui feul était peu fage.
Que dirai-je d'un pape & de fept cardinaux,
D'un zèle apoftolique uniffant les travaux,

a) Cette avanture fe paffa à Londres la première année du

G 4

Pour

règne de Charles II. roi d'Ef pagne.

Pour apprendre aux humains dans leurs auguftes codes,
Que c'était un péché de croire aux antipodes ?
Combien de fouverains Chrétiens & Mufulmans,
Ont tremblé d'une éclipfe, ont craint des talifmans?
Tout monarque indolent, dédaigneux de s'inftruire,
Eft le jouet honteux de qui veut le féduire.

Un aftrologue, un moine, un chymifte effronté,
Se font un revenu de fa crédulité.

Il prodigue au dernier fon or par avarice;
Il demande au premier, fi Saturne propice,
D'un afpe&t fortuné regardant le soleil,

L'appelle à table, au lit, à la chaffe, au conseil.
Il eft aux pieds de l'autre, & d'une ame foumife,
Par la crainte du diable il enrichit l'églife.
Un pareil fouverain reffemble à ces faux dieux,
Vils marbres adorés, ayant en vain des yeux;
Et le prince éclairé, que la raifon domine,
Eft un vivant portrait de l'effence divine.

Je fais, que dans un roi l'étude, le favoir,
N'eft pas le feul mérite & l'unique devoir;
Mais qu'on me nomme enfin dans l'histoire facrée,
Le roi dont la mémoire eft la plus révérée ;
C'est ce héros favant que DIEU même éclaira,
Qu'on chérit dans Sion, que la terre admira,
Qui mérita des rois le volontaire hommage.
Son peuple était heureux, il vivait fous un fage :
L'abondance à fa voix paffant le fein des mers,
Volait pour l'enrichir des bouts de l'univers,
Comme à Londre, à Bourdeaux, de cent voiles fuivie,
Elle apporte au printems les tréfors de l'Afie,

Ce

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