Repeupleront la terre; ils vivront, et ta grace Il en a la douceur et la magnificence; Son cercle, qui des cieux parcourt la voûte immense, Ne nous apprend-il pas que par lui l'Éternel A renfermé les eaux dans les sources du ciel? » << Tu ne te trompes pas, répond l'Esprit céleste: Dieu d'un courroux mourant dépouille enfin le reste: Dieu regarda la terre; il vit du haut des cieux Régner insolemment le vice audacieux; Son cœur se repentit, il brisa son ouvrage; Il punit les pervers, mais il protège un sage, Et, déposant pour lui son tonnerre irrité, Lui permet de revivre en sa postérité. Non, les torrents des cieux et les eaux de la terre Au monde renaissant ne feront plus la guerre; Lui-même l'a promis. Alors que dans les cieux Cet arc aux trois couleurs viendra luire à tes yeux, Que ce lien brillant à ton esprit rappelle De la terre et du ciel l'alliance nouvelle. Over the earth a cloud, will therein set His triple-colour'd bow; whereon to look La lumière et le jour, les ans et les saisons, Le temps de la semence et celui des moissons, Tous les astres des cieux suivront en paix leur course, REMARQUES SUR LE LIVRE ONZIÈME. Presque tous les critiques ont regardé ces deux derniers chants comme inférieurs à ceux qui les précédent; cependant ils renferment de grandes beautés. Ce ne sont plus ces magnifiques descriptions qui ont fait parcourir au lecteur l'enfer, le vide, le chaos, le ciel, séjour de la félicité, théâtre du combat des anges, la terre encore vierge et pure, et profanée par le crime de nos premiers pères; mais ici Milton nous offre encore un spectacle très intéressant; le premier exercice de la justice et de la miséricorde divine sur les premiers coupables. Ce tableau est à-la-fois touchant et sublime. Ce chant commence par une magnifique allégorie empruntée de l'Apocalypse; c'est cette belle image de la prière montant vers le ciel, déposée sur l'autel propitiatoire, embaumée par les mains du Christ, à-la-fois pontife et intercesseur pour l'homme auprès de son père. Son discours répond parfaitement au caractère de clémence que Milton lui a donné. Milton a peint avec un grand intérêt le réveil des deux époux coupables, après la nuit cruelle qui a suivi leur crime. Les idées de consolation et d'espérance dont Ève malheureuse entretient son époux font mieux ressortir, par le contraste, les malheurs prêts à fondre sur eux. Le poëte a choisi avec un art infini les symptômes qui les annoncent. Au moment même où Ève exprime ses espérances, elle voit un aigle fondre du haut des airs sur de foibles oiseaux, un lion poursuivre de jeunes faons; signes effrayants de la dé |