תמונות בעמוד
PDF
ePub

Peu-à-peu on s'eft accoutumé à cette expreffion, au point qu'on a traité de même le DIEU de tout l'univers & une chanteuse de l'opéra comique, fans qu'on s'apperçût de ce ridicule. Détournons-en les yeux, & ne les arrêtons que fur l'importance de notre fujet.

.

Il n'y a point de nation civilifée qui ne rende un culte public d'adoration à DIEU. Il eft vrai qu'on ne force perfonne ni en Asie, ni en Afrique d'aller à la mofquée, ou au temple du lieu; on y va de fon bon gré. Cette' affluence aurait pu même fervir à réunir les efprits des hommes, & à les rendre plus doux dans la fociété. Cependant on les a vus quelquefois s'acharner les uns contre les autres dans l'afyle même confacré à la paix. Les zélés inondèrent de fang le temple de Jérufalem, dans lequel ils égorgèrent leurs frères. Nous avons quelquefois fouillé nos églifes de carnage.

A l'article de la Chine on verra que l'empereur est le premier pontife, & combien le culte eft augufte & fimple. Ailleurs il eft fimple fans avoir rien de majeftueux ; comme chez les réformés de notre Europe, & dans l'Amérique Anglaife.

Dans d'autres pays il faut à midi des flam. beaux de cire qu'on avait en abomination dans les premiers tems. Un couvent de religieufes, à qui en voudrait retrancher les

ch. 26.

.39.

cierges, crierait que la lumière de la foi eft éteinte & que le monde va finir.

L'églife Anglicane tient le milieu entre les pompeufes cérémonies romaines & la féchereffe des calvinistes.

Les chants, la danfe & les flambeaux étaient des cérémonies effentielles aux fètes facrées de tout l'Orient. Quiconque a lu, fait que les anciens Egyptiens faifaient le tour de leurs temples en chantant & en danfant. Point d'inftitution facerdotale chez les Grecs fans des chants & des danfes. Les Hébreux prirent cette coutume de leurs voisins chantait & danfait devant l'arche.

; David

St. Matthieu parle d'un cantique chanté par JESUS-CHRIST même & par les apôtres Himno après leurs pâques. Ce cantique qui eft parvedito. St. nu jufqu'à nous, n'eft point mis dans le canon Matth. des livres facrés ; mais on en retrouve les fragmens dans la 237e lettre de St. Auguftin à l'évêque Ceretius........ St. Auguftin ne dit pas que cette hymne ne fut point chantée; il n'en réprouve pas les paroles: il ne condamne les prifcillianiftes qui admettaient cette hymne dans leur évangile, que fur l'interprétation erronée qu'ils en donnaient, & qu'il trouve impie. Voici le cantique tel qu'on le trouve par parcelles dans Auguftin même. Je veux délier, & je veux être délié. Je veux fauver, & je veux être fauvė.

Je veux engendrer, & je veux être engendré.
Je veux chanter; danfez tous de joye.

Je veux pleurer; frappez-vous tous de douleur.
Je veux orner, & je veux être orné.

Je fuis la lampe pour vous qui me voyez.

Je fais la porte pour vous qui y frappez.

Vous qui voyez ce que je fais, ne dites point ce que je fais.

J'ai joué tout cela dans ce difeours, & je n'ai point du tout été joué.

Mais quelque difpute qui fe foit élevée au fujet de ce cantique, il eft certain que le chant était employé dans toutes les cérémonies religieufes. Mahomet avait trouvé ce culte établi chez les Arabes ; il l'eft dans les Indes. Il ne paraît pas qu'il foit en ufage chez les lettrés de la Chine. Les cérémonies ont partout quelque reffemblance & quelque différen ce; mais on adore DIEU par toute la terre. Malheur fans doute à ceux qui ne l'adorent pas comme nous, & qui font dans l'erreur foit par le dogme, foit pour les rites; ils font affis à l'ombre de la mort: mais plus leur malheur eft grand, plus il faut les plaindre & les fupporter.

C'est même une grande confolation pour nous que tous les mahométans, les In. diens, les Chinois les Tartares adorent un DIEU unique; en cela ils font nos frères. E j

[ocr errors]

Leur fatale ignorance de nos mystères facrés ne peut que nous infpirer une tendre compaffion pour nos frères qui s'égarent. Loin de nous tout efprit de perfécution qui ne fervirait qu'à les rendre irréconciliables.

Un DIEU unique étant adoré fur toute la terre connue, faut-il que ceux qui le reconnaiffent pour leur père, lui donnent toûjours le fpectacle de fes enfans qui fe déteftcnt, qui s'anathématifent, qui fe pourfuivent, qui fe maffacrent pour des argumens?

... Il n'eft pas aifé d'expliquer au jufte ce que les Grecs & les Romains entendaient par adorer; fi l'on adorait les faunes, les fylvains, les driades, les naïades comme on adorait les douze grands Dieux. Il n'eft pas vraisemblable qu'Antinous le mignon d'Adrien, fût adoré par les nouveaux Egyptiens du même culte que Sérapis; & il eft affez prouvé que les anciens Egyptiens n'adoraient pas les oignons & les crocodiles de la même façon qu'Ifis & Ofiris. On trouve l'équivoque partout, elle confond tout. Il faut à chaque mot dire, qu'entendezvous? il faut toûjours répéter, définissez les termes. (Voyez l'article Alexandre.)

Eft-il bien vrai que Simon qu'on appelle le magicien, fût adoré chez les Romains? il eft bien plus vrai qu'il y fut abfolument ignoré.

St. Juftin dans fon apologie auffi inconnue à Rome que ce Simon, dit que ce Dieu avait

une ftatue élevée fur le Tibre ( ou plutôt pres du Tibre) entre les deux ponts, avec cette infcription, Simoni deo fancto. St. Irénée, Tertullien, atteftent la mème chofe. Mais à qui l'attestent-ils ? à des gens qui n'avaient jamais vû Rome, à des Africains, à des Allobroges, à des Syriens, à quelques habitans de Sichem. Ils n'avaient certainement pas vu cette statue, dont l'inscription est Semo fanco deo fidio, & non pas Simoni fancto deo.

Ils devaient au moins confulter Denys d'Halicarnaffe qui, dans fon quatriéme livre, rapporte cette infcription. Semo fanco était un ancien mot fabin qui fignifie demi-homme & demi-dieu. Vous trouvez dans Tite-Live, Bona Semoni fanco cenfuerunt confecranda. Ce Dieu était un des plus anciens qui futfent révérés à Rome; il fut confacré par Tarquin le fuperbe, & regardé comme le Dieu des alliances & de la bonne foi. On lui facrifiait un boeuf, & on écrivait fur la peau de ce bœuf le traité fait avec les peuples voifins. Il avait un temple auprès de celui de Quirinus. Tantôt on lui préfentait des offrandes fous le nom du père Semo, tantôt fous le nom de Sancus fidius. C'eft pourquoi Ovide dit dans fes faftes: Querebam nonas fanco, fidio ve referrem

An tibi Semo pater.

Voilà la divinité romaine qu'on a prife pendant tant de fiécles pour Simon le magis

« הקודםהמשך »