תמונות בעמוד
PDF
ePub
[merged small][merged small][ocr errors]

A ces mots infenfés, le Maître de Lucréce,
Ulurpant le grand nom d'Ami de la Sageffe,
Joint la fubtilité de fes faux argumens;
Lucréce de fes vers prête les ornemens.
De la noble harmonie indigne et trifte ufage!
Epicure avec lui m'adreffe ce langage: *)

Cet éfprit, mortels, qui nous rend fi jaloux,
N'eft qu'un feu qui f'allume et f'éteint avec nous,
Quand par d'affreux fillons l'implacable vieilleffe
A fur un front hideux imprimé la tristesse;
Que dans un corps courbé fous un amas de jours,
Le fang comme à regret femble achever fon cours;
Lorsqu'en des yeux couverts d'un lugubre nüage
Il n'entre des objets qu'une infidelle image;
Qu'en débris chaque jour le corps tombe et périt:
En ruïnes auffi je vois tomber l'efprit.

L'ame mourante alors, flambeau fans nourriture,
Jette par intervalle une lueur obfcure.

Trifte deftin de l'homme! il arrive au tombeau
Plus faible, plus enfant qu'il ne l'eft au berceau
La mort du coup fatal fappe enfin l'édifice:
Dans un dernier foupir achevant fon fupplice,
Lorsque vuide de fang le coeur tefte glacé,
Son ame f'évapore, et tout l'homme eft paffé.

Sur la foi de tes chants, & dangereux Poëte,
D'un Maître trop fameux, trop fidelle interpréte
De mon heureux efpoir déformais détrompé,
Je dois done, du plaifir à toute heure occupé,,
Confacrer les momens de ma courfe rapide
A la Divinité
choifis pour guide:

que

tu

LUCRET. L. II.

Praeterea gigni pariter cum corpore, et una
Crefcere fentimus, pariterque fenefcere mentem.
Poft, ubi iam validis quaffatum eft viribus aevi
Corpus, et obtufis ceciderunt viribus artus,
Claudicat ingenium, delirat linguaque mensque

[ocr errors]

Et la mere des yeux, des ris et des amours,
Doit ainfi qu'à tes Vers préfider à mes jours?
Si l'homme cependant au bout de fa carriere,
N'a plus que le néant pour attente derniere;
Comment puis-je goûter ces plaifirs peu flatteurs,
Du deftin qui m'attent foibles confolateurs?
Tu veux me raffurer, et tu me defespéres.
Vivrai-je dans la joie, au milieu des miféres,
Quand même je n'ai pas où repofer un coeur,

Las de tout parcourir en cherchant fon bonheur?
Rois, Sujets, tout fe plaint, et nos fleurs les plus
belles

Renferment dans leur fein des épines cruelles:
L'amertume fecrette empoisonne toujours
L'onde qui nous paroît fi claire dans fon cours,
C'est le fincere aveu que me fait Epicure.
L'orateur du Plaifir m'en apprend la Nature.
J'abandonne ce Maître; Raifon, viens a moi.
Je veux feul mediter et m'inftruire avec tor!

Je penfe. La Penfée, éclatante humiere,
Ne peut fortir du fein de l'épaiffe matiere.
J'entrevois ma grandeur. Ce corps lourd et groffier
N'eft donc pas tout mon bien, n'eft pas moi tout
entier.

Quand je pente, chargé de cet emploi fublime,
Plus noble que mon corps, un autre être m'anime.
Je trouve donc qu'en moi, par d'admirables noeuds
Deux êtres oppofês font réunis entr'eux;

De la chair et du fang, le corps, vil aflemblage:
L'ame, rayon de Dieu, fon fouffle, fon image.
Ces deux êtres liés par des noeuds fi fécrets
Séparent rarement leurs plus chers intérêts:
Leurs plaifirs font communs, auffi bien que leurs
peines.

L'ame, guide du corps, doit en tenir les rênes;
Mais par des maux cruels quand le corps eft troublé,
De lame quelquefois l'empire eft ébranlé.

Dans un vaiffeau brifé, fans voile, fans cordage,
Trifte jouet des vents, victime de leur rage,

Louis Racis

ne.

Le

ne.

Louis Racis Le Pilote effrayé, moins maître que les flots,
Veut faire entendre envain fa voix aux matelots,
Et lui même avec eux f'abandonne à l'orage.
I périt; mais le nôtre eft exempt du naufrage,
Comment périroit-il? le coup fatal au corps
Divife fes liens, dérange fes refforts:

Un être fimple et pur n'a rien qui fe divife,
Et fur l'ame la mort ne trouve point de prise.
Que dis-je? tous ces corps dans la Terre engloutis,
Difparus à nos yeux font-ils anéantis?

D'où nous vient du neant cette crainte bizarre?
Tout en fort, rien n'y rentre; et la Nature avare,
Dans tous fes changemens ne perd jamais fon bien,
Ton Art, ni tes fourneaux n'anéantiront rien,
Toi, qui riche en fumée, ô fublime Alchimiste,
Dans ton Laboratoire invoques Trismegifte.
Tu peux filtrer, diffoudre, évaporer ce fel;
Mais celui qui l'a fait, veut qu'il foit immortel.
Prétendras-tu toujours à l'honneur de produire,
Tandis que tu n'as pas le pouvoir de détruire?
Si du fel, ou du fable, un grain ne peut périr,
L'être qui penfe en moi, craindra-t-il de mourir?
Qu'est ce donc que l'inftant où l'on ceffe de vivre,
Linftant où de fes fers une ame fe délivre?

Le corps né de la poudre, à la poudre eft rendu;
L'efprit retourne au Ciel, dont il eft defcendu,

1

Voltaire.

(Statt einer Probe aus dem in der Literatur dieser Dichs tungsart (§. 9.) angeführten, wirklich doch mittelmäßigen Gedichte von Dulard, La Grandeur de Dieu dans les Merveilles de la Nature, wähle ich hier lieber zwei Beispiele aus Voltaire's didaktischen Gedichten, die man im zwölften Bande der neuen, von Beaumarchais veranstalteten, Auss gabe seiner Werke findet. Das erste ist aus dem an den vers ftorbenen König von Preussen gerichteten Poeme fur la Loi Naturelle, deffen vornehmste Absicht war, das Dasein einer allgemeinen Sittenlehre zu zeigen, die nicht bloß von der geof fenbarten Religion, sondern von jedem besondern Lehrsystem über die Natur des höchsten Wesens unabhängig sei." Die sehr gewählte, und meißterhaft versificirte, Schreibart emis pfiehlt dieß Gedicht weit mehr, als Neuheit oder Gedankens fülle des Inhalts. Es besteht aus vier Abtheilungen, wovon die hier folgende dritte die, bei aller Verschiedenheit der Meis nungen, nöthige Verträglichkeit und Duldung lehrt.

Das zweite dieser Beispiele ist der vierte von eben dies ses Dichters sieben Difcours en Vers fur l'Homme, die zu den Arbeiten seiner frühern Jahre von 1734 bis 1737 gehdren. Er lehrt darin die nöthige. Mäßigung in allen Dingen, bes sonders im gelehrten Fleiß, in der Befriedigung des Ehrtrie hes, und in den Ergdglichkeiten.)

POEME SUR LA LOI NATURELLE.
Troifieme Partie,

L'UNIVERS eft un temple où fiège l'Eternel.
La chaque homme à fon gré veut bâtir un autel,
Chacun vante fa foi, fes faints et fes miracles,
Le fang de fes martyrs, la voix de les oracles.
L'un penfe, en fe lavant cinq ou fix fois par jour,
Que le ciel voit fes bains d'un regard plein d'amour,
Et qu'avec un prépuce on ne faurait lui plaire.
L'autre a du dieu Brama défarmé la colére,

[ocr errors]

Voltaire.

Voltaire.

1

Et pour l'être abftenu de manger du lapin,
Voit le ciel entr'ouvert, et des plaifirs fans fin.
Tous traitent leurs voifins d'impurs et d'infidelles..
Des chrétiens divifés les infames querelles,
Ont au nom du Seigneur apporté plus de maux,
Répandu plus de fang, creusé plus de tombeaux,
Que le prétexte vain d'une utile balance
N'a défolé jamais l'Allemagne et la France;
Un doux inquifiteur, un crucifix en main,
Au feu par charité fait jeter fon prochain,

Et pleurant avec lui d'une fin fi tragique

Prend pour f'en confoler fon argent qu'il f'applique;
Tandis que de la grâce ardent à fe toucher,

Le peuple en louant Dieu danfe autour du bûcher.
On vit plus d'une fois, dans une fainte ivreffe
Plus d'un bon catholique, au fortir de la messe,
Courant fur fon voifin, pour l'honneur de la foi
Lui crier, meurs, impie, ou penfe comme moi!
Calvin et fes fuppôts, guettés par la juftice,
Dans Paris, en peinture, allérent au fupplice.
'Servet fut en perfonne immolé par Calvin
Si Servet dans Genéve eût été Souverain,
Il eût pour argument contre fes adverfaires
Fait ferrer d'un lacet le cou des Trinitaires
Ainfi d'Arminius les ennemis nouveaux
En Flandre étaient martyrs, en Hollande bourreaux,
D'où vient que deux cents ans cette pieuse rage
De nos aïeux grotliers fut l'horrible partage:
C'eft que de la nature on étouffa la voix;
C'eft qu'à fa loi facrée on ajouta des lois;
C'eft que l'homme amoureux de fon fot esclavage
Fit dans fes préjugés DIEU même à fon image.
Nous l'avons fait injufte, emporté, vain, jaloux,
Séducteur, inconftant, barbare, comme nous.

Enfin grâce en nos jours à la Philofophie,
Qui de l'Europe au moins éclaire une partie,
Les mortels plus inftruits en font moins inhumains:
Le fer eft émouffé, les bûchers fon éteints;
Mais fi le fanatisme était encor le maitre,
Que ces feux étouffés feraient prompts à renâitre!

On

« הקודםהמשך »