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Ire viam toties, et eodem volvier orbe:
Splendidiora quidem mens expetit; illius altis
Nil votis par eft mutabile, nil periturum.

Browne. Louis Racis ne.

"Louis Racine.

(Es giebt der eigentlichen philosophischen Lehrgedichte bei den Franzosen nur sehr wenige; aber nicht bloß an Zahl sondern auch an Werth, ist ihnen die poëtische Literatur der Engländer und Deutschen in dieser Gattung weit überlegen. – Von Louis Racine, dem Sohne des berühmten Trauers spieldichters, (geb. 1692, geft. 1764,) hat man die zwei bes rühmtesten französischen Gedichte dieser Art: La Religion, in fechs, und La Grace, in vier Gésången. Jenes erfte und vorzüglichere hat die Lehren vom Dasein Gottes, von der Selbsterkenntniß, von der Offenbarung, vom Welterldserj von den Religionsgeheimnissen, und von der christlichen Sits tenlehre, zum Juhält; und in dem lehtern, welches eine das mals oft und viel untersuchte und beftrittne Lehre betrifft; handelt der erste Gefang von Unschuld, Fall und Erlösung, der zweite von der Macht der Guade, der dritte von der Bez kehrung, und der vierte von der Gnädenwahl. Der Plan beider Gedichte, besonders des erstern, ist mit vieler Kunst angelegt, und durchgehends herrscht eine gewisse Bes ftimmtheit und Feinheit der Gedanken und des Ausdrucks. Nicht selten aber mußten doch beide der Trockenheit einzels ner Erörterungen unterliegen; und der Leser fühlt ihre Ers mattung. Im Ganzen find indeß viele Schwierigkeiten dies fer Art glücklich überwunden; und in dem zweiten Gedichtè ist diese Trockenheit und Monotonie weit auffallender, auch ift Plan und Verbindung der Theile minder schön. Vers sl. Dusch's Briefe, Th. II. n. A. Bt. XX.)

Beifp. S. 2. B.

La

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La Religion, (Ch. II.)

De tes Loix dès l'enfance heureufement inftruit,
Et par la Foi, Seigneur, à la Raifon conduit,
Permets que dans mes vers, fous une feinte image
J'ofe pour un moment imiter le langage
D'un mortel qui vers toi, de troubles agité,
S'avance, et pas à pas cherche la Verité.

Quand je reçus la vie au milieu des allarmes,
Et qu'aux cris maternels répondant par,mes larmes
J'entrai dans l'Univers, efcorté de douleurs,
J'y vins pour y marcher de malheurs en malheurs.
Je dois mes premiers jours à la femme étrangere,
Qui me vendit fon lait, et fon coeur mercénaire.
Rechauffé dans fon fein, dans fes bras careffé,
Et long-tems infenfible à fon zele empreffé,
De mon retour enfin un fouris fut le gage.
De ma foible raifon je vis l'apprentiffage.
Frappé du fon des mots, attentif aux objets,
Je répétai les noms, je diftinguai les traits.
Je connus, je nommai, je careflai mon pere:
J'écoutai triftement les avis de ma mere:
Un châtiment foudain reveilla ma langueur:
Des maîtres ennuyeux je craignis la rigueur:
Des fiécles reculés l'un me contoit l'histoire;
L'autre plus importun gravoit dans ma memoire
D'un langage nouveau tous les barbares noms.
Le tems forma mon goût, pour fruits de ces leçons,
D'Efchine j'admirai l'éloquente colere:

Je fentis la douceur des menfonges d'Homere;
De la trifte Didon partageant les malheurs,
Son bucher fut fouvent arrofé de mes pleurs.
Je méprifai l'enfance et fes jeux infipides;
Mais ces amulemens étoient-ils plus folides?
D'arides vérités quelquefois trop épris
J'efpérois de Newton pénétrer les Ecrits.
Tantôt je pourfuivois un ftérile problème.
De Descartes tantôt renverfant le fyftême,

D'au

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D'autres Mondes en l'air l'élevoient à mes frais.
Armide étoit moins prompte à bâtir un palais;
Et d'un fouffle détruits, malgré leur renommée,
Tous les vieux tourbillons f'exhaloient en fumée:
Par mon anatomie un rayon divifé
En fept rayons égaux étoit fubtilifé,

Et voulant remonter à la couleur première,
J'ofois à mon calcul foumettre la lumière..
Dans ces rêves flatteurs que j'ai perdu de jours!
Cherchant à tout favoir, et m ignorant toujours;
Je n'avois point encor réfléchi fur moi-même.
Me reprochant enfin ma négligence extrême,
Je voulus me connoître: un efpoir orgueilleux
Infpiroit à mon coeur ce projet périlleux.
Que de fois, ô fatale et triste connoiffance,
Tu m'as fait regretter ma premiere ignorance!
Je me figure, hélas! le terrible réveil

D'un homme qui fortant des bras d'un long fommeil
Se trouve transporté dans une Ile inconnue,
Qui n'offre que déferts et rochers à fa vue:
Tremblant il fe fouleve, et d'un oeil égaré
Parcourt tous les objets dont il est entouré,
Il retombe auffi-tôt: il fe releve encore;
Mais il n'ofe avancer dans ces lieux qu'il ignore.
Telle fut ma terreur, fitôt qu' ouvrant les yeux,
Et rompant un fommeil, peut-être officieux,
Je me regardai feul, fans appui, fans défense,
Egaré dans un coin de cet efpace immenfe;
Ver impur de la terre, et Roi de l'Univers;
Riche, et vuide de biens; libre, et chargé de fers;
Je ne fuis que menfonge, erreur, incertitude;
Et de la Verité je fais ma feule étude.

Tantôt le monde entier m'annonce à haute voix
Le Maître que je cherche; et déja je le vois:
Tantôt le monde entier dans un profond filence
A mes regards errans n'eft plus qu'un vuide im-
menie.

O Nature, pourquoi viens-tu troubler ma paix?
Ou parle clairement, ou ne parle jamais!

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Louis Racis

ne.

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Louis Racis Ceffons d'interroger qui ne veut point repondre.

ne.

Si notre ambition ne fert qu'à nous confondre,
Bornons-nous à la Terre, elle eft faite pour nous.

Mais non, tous fes plaifirs n'entraînent que dé
gouts:

Aucun d'eux n'affouvit la foif qui me dévore:
Je defire, j'obtiens, et je defire encore.

Grand Dieu, donne - moi donc des biens dignes de
toi;

Ou donne m'en du moins qui foient dignes de moi.
Que d'orgueil! C'eft ainfi qu'à moi-même contraire,
Monftre de vanité, prodige de mifère,

Je ne fuis à la fois que néant et grandeur.
Mécontent des objets que pourfuit mon ardeur
Je n'eftime que moi: tout autre que moi-même
Si je femble l'aimer, c'eft pour moi que je l'aime.
Je me haïs cependant, fi tôt que je me vois;
Je ne puis vivre feul: occupé loin de moi
Je n'afpire qu'à plaire à ceux que je méprise.

Sans doute qu'à ces mots, des bords de la Te

mife

Quelque abftrait raisonneur, *) qui me fe plaint de
rien;

Dans fon flegme Anglican répondra: „Tout eft bien!
Le grand Ordonnateur dont le deffein fi fage
" De tant d'êtres divers ne forme qu'un ouvrage,

"

وو

Nous place à notre rang pour orner fon tableau."
Eh! quel triste ornement d'un fpectacle fi beau!
Quoi! mes pleurs (n'eft ce pas un crime de la crois
re?)

D'un maître bien-faifant releveroient la gloire?
Pour d'autres biens peut-être il nous a réservés,
Et tous les grands deffeins ne font point achevés.
Oui, je l'ofe efpérer. Jufte Arbitre du Monde,
De la folide paix fource pure et féconde,
Etre par-tout préfent, quoique toujours caché,
Des maux de tes Sujets quand feras-tu touché?

*) POPE.

Ten

Tendre pere, témoin de nos longues allarmes,
Pourras-tu voir toujours tes enfans dans les larmes?
Non, non! Voilà de toi ce que j'ose penser,
Ta bonté quelque jour fçaura mieux nous placer.

Mais comment retrouver la gloire qui m'est due?
Qui peut te rendre à moi, Félicité perdue?
Eft ce dans mes pareils que je dois te chercher?
Ils m'échappent; la mort me les vient arracher;
Et frappés avant moi, le tombeau les dévore:
J'irai bien-tot les joindre; ou vont ils? je l'ignore.

Eft il vrai? n'eft ce point une agréable erreur,
Qui de la mort en moi vient adoucir l'horreur?
O mort, eft il donc vrai que nos ames heureuses
N'ont rien à redouter de tes fureurs affreufes?
Et qu'au moment cruel qui nous ravit le jour,
Tes victimes ne font que changer de féjour?
Quoi même après l'inftant où tes aîles funébres
M'auront enfeveli dans tes noires ténébres,
Je vivrois! Doux espoir! Que j'aime à m'y livrer!

De quelle ambition tu te vas enivrer!
Dit l'Impie. Eft-ce à toi, vaine et foible etincelle,
Vapeur vile, d'attendre une gloire Immortelle ?
Le hazard nous forma; le hazard nous détruit;
Et nous difparoiffons comme l'ombre qui fuit.
Malheureux, attendez la fin de vos fouffrances;
Et vous, Ambitieux, bornés vos éspérances!
La mort vient tout finir, et tout meurt avec nous.
Pourquoi, lâches humains, pourquoi la craignez-

Un

vous?

Qu'est-ce donc qu'un cercueil offre de fi terrible?
Une froide pouffiere, une cendre infenfible.
Là nous ne trouvons plus ni plaifir ni douleur.
repos eternel eft il donc un malheur?
Plongeons nous fans effroi dans ce muet abîme,
Où la vertu périt auffi bien que le crime:
Et fuivant du plaifir l'aimable mouvement,
Laiffons-nous au tombeau conduire mollement.

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Louis Racis

ne.

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