תמונות בעמוד
PDF
ePub

Boileau.

(Der berühmteste und immer noch klassische Satirens dichter der Franzosen ist icolas Boileau Defpreaur, ges boren 1636, gestorben izit. Er besaß ein reiches Maaß der zu dieser Dichtungsart erfoderlichen Talente: viel Scharf sinn, Menschenkenntniß, Wiß und Anmuth. des Vortrags. Seine Satire trifft mehr Thorheiten und sittliche Unarten, als eigentliche Lafter, und ist daher auch mehr horazisch, als juvenalisch. Durch die Vergleichung mit den römischen Dichtern, die er so häufig nachahmte, kann die Lesung Bois leau's doppelt lehrreich werden. Von seinen zwölf Satiren wähle ich hier, ihrer Kürze wegen, nur die fünfte zur Probe, deren Inhalt die Bestrafung des Ahnenstolzes, und Ausfüh rung des Sages ist, daß nur die Tugend wahrer Adel sei.)

Lá Nobleffe, Dangeau, n'eft pas une chimère,
Quand fous l'étroite loi d'une vertu févère,
Un homme iffu d'un fang fécond en Demi-Dieux,
Suit, comme toi, la trace où marchoient fes Aieux.
Mais je ne puis fouffrir qu'un Fat, dont la moleffe
N'a rien pour l'appuïer qu'une vaine Noblesse,
Se pare infolemment du mérite d'autrui,

Et me vante un honneur qui ne vient pas de lui.
Je veux que la valeur de fes Aïeux antiques

Ait fourni de matiére aux plus vieilles Chroniques,
que l'un des Capets, pour honorer leur nom,
Ait de trois fleurs de lis doté leur écuffon.

Et

Que fert ce vain amas d'une inutile gloire?
Si de tant de Heros célèbres dans l'Hiftoire,
Il ne peut rien offrir aux yeux de l'Univers,
Que de vieux parchemins qu'ont épargnez les vers:
Si tout forti qu'il eft d'une fource divine.
Son coeur dément en lui fa fuperbe origine,
Et n'aiant rien de grand qu'une fotte fierté,
S'endort dans une lâche et molle oifiveté?
Cependant, à le voir avec tant d'arrogance
Vanter le faux éclat de fa haute naiffance;

Boileau.

[ocr errors]
[ocr errors]

Boileau. On diroit que le ciel eft foûmis à fa loi,
Et que Dieu l'a paîtri d'autre limon que moi.
Enivré de lui-même, il croit dans fa folie,

Qu'il faut que devant lui d'abord tout f'humilie
Aujourd'hui toutefois, fans trop le ménager,
Sur ce ton un peu haut je vais l'interroger.

Dites-moi, grand Heros, Esprit rare et fublime,
Entre tant d'Animaux, qui font ceux qu'on eftime?
On fait cas d'un Courfier, qui fier et plein de coeur
Fait paroître en courant fa bouillante vigueur;
Qui jamais ne fe laffe, et qui dans la carriere
S'eft couvert mille fois d'une noble pouffiere.
Mais la pofterité d'Alfane et de Bayard,

Quand ce n'eft qu'une roffe, eft vendue au hazard,
Sans refpect des Aïeux dont elle est defcenduë,
Et va porter la malle, ou tirer la charuë.

Pourquoi donc voulez-vous que par un fot abus
Chacun refpecte en vous un honneur qui n'est
plus?

On ne m'éblouït point d'une apparence vaine.
La vertu d'un coeur noble eft la marque certaine,
Si vous êtes forti de ces Heros fameux,

Montrez-nous cette ardeur qu'on vit briller en eux,
Ce zèle pour l'honneur, cette horreur pour le vice,
Refpectez vous les Loix? Fuïez vous l'injustice?
Savez vous pour la gloire oublier le repos,
Et dormir en plein champ le harnois fur le dos?
Je vous connois pour Noble à ces illuftres marques,
Alors foïez iffu des plus fameux Monarques;
Venez de mille Aïeux; et fi ce n'eft affez,
Feuilletez à loifir tous les fiècles paffez,

Voïez de quel Guerrier il vous plaît de defcendre;
Choififfez de Céfar, d'Achille, ou d'Alexandre.
En vain un faux cenfeur voudroit démentir,
Et fi vous n'en fortez, vous en devez fortir.
Mais fuffiez vous iffu d'Hercule en droite ligne,
Si v
vous ne faites voir qu'une baffeffe indigne,
Ce long amas d'Aïeux, que vous diffamez tous,
Şont autant de témoins, qui parlent contre vous,

Et

Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie
Ne fert plus que de jour à votre ignominie.
En vain tout fier d'un fang que voux deshonorez,
Vous dormez à l'abri de ces noms réverez.

En vain vous vous couvrez des vertus de vos Pe

res: :

Ce ne font à mes yeux que de vaines chimeres.
Je ne vois rien en vous qu'un lâche, un impofteur,
Un traitre, un fcelerat, un perfide, un menteur,
Un Fou, dont les accès vont jusqu'à la furie,
Et d'un tronc fort illuftre une branche pourrie.

Je m'emporte peut-être, et ma Mufe en fureur
Verfe dans fes difcours trop de fiel et d'aigreur?
Il faut avec les Grands un peu de retenue.
Hé bien, je m'adoucis. Votre race eft connuë.
Depuis quand? Répondez. Depuis mille ans en-

tiers;

Et vous pouvez fournir deuxfois feize quartiers.
C'est beaucoup. Mais enfin les preuves en font
claires;

Tous les livres font pleins de titres de vos Peres: 1
Leurs noms font échappez du naufrage des tems.
Mais qui m'affurera, qu'en ce long cercle d'ans,
A leurs fameux Epoux vos Aïeules fidelles,
Aux douceurs de Galans furent toûjours rebelles?
Et comment favez vous, fi quelque Audacieux
N'a point interrompu le cours de vos Aïeux;
Et fi leur fang tout pur, ainfi que leur noblesse,
Eft paffé jusqu'à vous de Lucréce en Lucrèce?

Que maudit foit le jour, où cette vanité,
Vint ici de nos moeurs fouiller la pureté!
Dans le tems bienheureux du Monde en fon enfan
ce,

Chacun vivoit content, et fous d'égales loix,

Le Mérite y faifoit la Noblesse et les Rois;
Et fans chercher l'appui d'une naiffance illuftre,
Un heros de foi-même empruntoit tout fon luftre.
Mais enfin par le tems le Mérite avili

Vit l'Honneur en roture, et le Vice annobli;

Boileau.

Et

Boileau. Et l'Orgueil, d'un faux titre appuïant fa foibleffe,
Maîtrifa les Humains fous le nom de Noblesse.

De là vinrent en foule et Marquis et Barons.
Chacun pour les vertus n'offrit plus que des noms.
Auffi-tôt maint Efprit, fécond en rêveries,
Inventa le blafon avec les armoiries;

De fes termes obfcurs fit un langage à part,
Compofa tous ces mots de Cimier, et d'Ecart,
De Pal, de Contrepal, de Lambel, et de Face,
Et tout ce que Segoing dans fon Mercure entasse.
Une vaine folie enivrant la Raifon,

L'Honneur trifte et honteux ne fut plus de faiíon,
Alors, pour foûtenir fon rang et fa naissance,
Il fallut étaler le luxe et la dépense;

Il fallut habiter un fuperbe palais,

Faire par les couleurs diftinguer fes valets:
Et traînant en tous lieux de pompeux équipages;
Le Duc et le Marquis fe reconnut aux Pages.

Bien-tôt pour fubfifter, la Nobleffe fans bien
Trouva l'art d'emprunter, et de ne rendre rien;
Et bravant des Sergens la timide cohorte,
Laiffa le Créancier fe morfondre à fa porte.
Mais pour comble, à la fin le Marquis en prifon
Sous le faix des procès vit tomber fa maison.
Alors le Noble altier, preffé de l'indigence,
Humblement du Faquin rechercha l'alliance,
Avec lui trafiquant d'un nom fi précieux,
Par un lâche contract vendit tous fes Aïeux;
Et corrigeant ainfi la fortune ennemie,
Rétablit fon honneur à force d'infamie,

Car fi l'éclat de l'or ne releve le fang,
En vain l'on fait briller la fplendeur de fon rang,
L'amour de vos Aïeux paffe en vous pour manie,
Et chacun pour parent vous fuit et vous renie.
Mais quand un homme eft riche, il vaut toûjours
fon prix:

El l'eût-on vû porter la mandille à Paris,

N'eût-il de fon vrai nom ni titre ni mémoire,
D'Hozier lui trouvera cent Aïeux dans l'Hiftoire.

Toi donc, qui de mérite et d'honneurs revêtu,
Des écueils de la Cour as fauvé ta vertu,
Dangeau, qui dans le rang où notre Roi t'appelle,
Le vois toûjours orné d'une gloire nouvelle,
Et plus brillant par foi que par l'éclat des lis,
Dédaigner tous ces Rois dans la pourpre amollis;
Fuir d'un honteux loifir la douceur importune;
A fes fages confeils affervir la Fortune;

Et de tout fon bonheur ne devant rien qu'à 'foi,
Montrer à l'Univers ce que c'eft qu'être Roi.
Si tu veux te couvrir d'un éclat légitime,

Va par mille beaux faits mériter fon eftime:
Sers un fi noble Maître; et fais voir qu'aujourd'hui
Ton prince a des Sujets qui font dignes de lui,

Boileau.

Donne.

« הקודםהמשך »