Artibus bis lente properantes fallimus horas, Auguft. Favoriti. Eleg. AVERTISSEMENT. J Sur cette feconde Partie. E ne puis mieux commencer ce fecond Volume qu'en rendant la juftice qui eft due aux Auteurs dont il contient les Epigrammes. Plufieurs de ces Meffieurs trouveront peut-être que je ne donne pas celles qu'ils eftiment le plus. Il fe peut même qu'ils en aient compofé de très-excellentes que je n'ai point emploiées. Je les prie de croire que je ne demandois pas mieux que de les inferer dans mon livre, fi elles m'euffent été connues. Il n'y a rien de perdu & le tout peutêtre reparé dans une feconde édition. Je ne me puis flater d'avoir eu en main tout ce qu'il y a de nouveau. Si ces Meffieurs veulent y pourvoir d'eux-mêmes en m'adreffant d'excellentes Epigrammes, foit de leur façon, foit de leurs amis, j'en profiterai avec plaifir, & je me conformerai à leur volonté; s'ils veulent qu'on faffe des articles nouveaux avec leurs noms à la tête, ou qu'on les con fonde avec les Anonimes. Les Rangs font règlez ici au hazard & je n'ai pas deflein de donner la préference à qui que ce foit, ni même l'exclufion aux Auteurs dont je ne publie rien du tout. Mais une chofe qui me femble meriter une juftification, c'eft celle qu'il me refte à dire fur l'article de Mr. Rouffeau. Je me fuis fervi de fes Oeuvres telles qu'elles ont été imprimées à Rotterdam en 1716. & il fe trouve qu'il a protefté contre les Editions de Hollande qui font à proprement parler l'Ouvrage du Sr. Gacon. On fait que ce dernier a fait exprès un voiage de Hollande & y a fejourné près d'un an pour faire Imprimer quantité d'ouvrages impurs & libertins qu'il a mêlés entre les Oeuvres de Mr. Rouffeau. Ces Ouvrages font fort recherchez, quoi que très-licentieux, quant à la matiere, & l'Editeur a fans doute voulu décrier par cet artifice un des meilleurs Poëtes François; mais quand il feroit vrai, ce que je ne crois pas, que Mr. Rouffeau dans des moments de faillie auroit fait quelque chofe d'approchant; Il n'y a nul- le comparaifon entre la legereté de celui qui pour fe divertir s'exerce fur un mauvais fujet, & le crime d'un homme qui publie de fens froid tout un Volume d'injures, & empoifonne un Recueil de Vers de tout ce qu'il a pu ramaffer de plus obfcéne & de plus diffamatoire. Je parle avec d'autant plus de certitude, que je pourrois nommer les véritables Auteurs de plufieurs de ces Pieces dont le Sr. Gacon fait un fi grand crime à fon ennemi. J'ai donc raifon d'avertir, qu'il ne faut pas regar regarder cet article comme s'il étoit forti des mains de Mr. Rouffeau. Aïant paffé par cellés de fes ennemis, il fe peut qu'il y ait des Epigrammes défigurées, & d'autres auxquelles il n'a point de part. Je n'aurois pas couru les mêmes rifques, fi j'avois eu l'Edition de Soleurre qu'il avoue; mais j'ai eu le malheur de ne la pouvoir trouver dans les lieux où ce Recueil a été dreffé. J'ai ajouté en faveur des étrangers un Traité que Richelet a donné autrefois des Regles de la Verfification Françoife. Si j'ai un jour un peu de loifir je donnerai quelque chofe de plus exact & de plus réel fur cette matiére. Ce Traité n'eft, à le bien apprecier, qu'une ébauche inutile pour ceux qui veulent travailler; mais il ne l'eft pas pour ceux qui veulent fimplement connoître les regles les plus communes, pour lire les Vers avec quel que difcernement. |