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De fentir plaifir & efmoy,

Auffi bien comme vous & moy.

C'est ce que Marot dit la Chienne de la Reine..

Savez comment pour favez vous comment.

Au fin premier, maniere de parler qui fignifie precifes ment le premier, elle eft encore en ufage en quelques Provin ces de France: le fin premier, le fin dernier, pour dire pofitivement le premier & le dernier..

La nuit paffée à moi s'est amusé

Le Dieu d'Amours, au moins je le fongeoie,
Lequel me dit, pauvre amant refufé

D'un feul baifer, prend réconfort & joïe;
Ta maitreffe eft de douceur la mont-joie :
Dont comme croi, fon refus ceffera.
Ha, disje, Amour, ne fais quand ce fera..
Le meilleur eft que bien-tôt me retire.
Avec fa Dame à peine couchera
Qui par prière un feul baiser n'en tire.

De Diane.

* Etre Phebus Bien fouvent je défire,
Non pour connoître herbes divinement,
Car la douleur qui mon cœur veut occire
Ne fe guérit par herbe aucunement.
Non pour avoir ma place au firmament
Car en la terre habite mon plaifir.

AS

Non

Non pour fon Arc encontre Amour faifir,

Car à mon Roi ne veux être rebelle.
Eftre Phebus feulement j'ai defir,

Pour estre aimé de Diane la belle.

*Cette Epigramme eft peu de chofe fi on la compare avec celles qui en ont été imitées. Voiez l'article de Monfieur Ferrand.

Fille qui prend fâcheux mari,.
Ce difoit Alix à Collette,
Aura toujours le cœur marri,
Et mieux vaudroit dormir feulette.
Il eft vrai, dit la four doucette,
Mais contre un fàcheux endormi,
La vraie & certaine récepte
Ce feroit de faire un ami..

Des cerfs en Rut & des Amoureux.

Les Cerfs en Rut pour les Biches fe battent,
Les Amoureux pour les Dames combattent,
Un même effet engendre leurs difcords:
Les Cerfs en rut d'amour brament, & crient,
Les Amoureux gémiffent, pleurent, prient,
Eux & les Cerfs feroient de beaux accords!
Amants font cerfs à deux pieds fous un corps:

Ceux ci a quatre, & pour venir aux teftes
Il ne s'en faut que ramures & corps

Que vous, Amants, ne foiez auffi beftes.

* L'Hiatus,ou la rencontre d'une voïelle finale, avec une autre voielle qui commence le mot fuivant, n'eft plus fouffert; quelques uns ont voulu faire paffer pen à peu & antres mots compofez de cette maniére, mais leur exemple n'a point été fuiri.

D'Heleine de Tournon.

Au mois de Mai, comme on faignoit la belle, Je vins ainfi fon medecin reprendre:

Lui tires-tu fa chaleur naturelle?

Trop froide elle eft, bien me l'a fait apprendre.
Tais toi, dit-il, content je te vai rendre.
Jôte le fang qui la fait rigoureuse,
Pour prendre humeur en amour vigoureuse,
Selon ce mois qui chaffe tout efmoi.
Ce qui fut fait, & devint amoureufe;
Mais le diable eft que ce n'eft pas de moi.

*

Lors que Maillard Juge d'Enfer menoit A Mont-faucon Samblançai l'ame rendre A vôtre avis lequel des deux tenoit

Meilleur maintien? pour vous le faire entendre, Maillard fembloit homme qui mort va prendre,

Et Samblançai fut fi ferme vieillard,

Que l'on cuidoit, pour vrai, qu'il menât pendre
A Mont-faucon le Lieutenant Maillard.

* C'eft proprement le lieu où l'on porte encore aujour d'hui les corps de ceux qui ont été exécutez à Paris, mais anciennement les criminels étoient menez jusqu'à ce lieu,. pour y fubir leur fentence. Cet ufage de faire mourir les criminels hors des Villes, eft encore pratiqué en beaucoup de païs.

L'argent par terme recueilli
Peu de prouffit fouvent ameine
Parquoi Monfeigneur de Juilly,
Qui favez le vent * qui me meine,
Plaise vous ne prendre la peine,
De divifer fi peu de bien ;

Car ma boëtte n'eft pas fi pleine,

Que cinq cents francs n'y tiennent bien.

*Le vent qui me meine, Marot vouloit parler ici de ce dé faut d'argent ordinaire aux Poëtes.

+ Plaife vous, c'est-à-dire, qu'il vous plaise ne pas pren dre la peine.

C'étois une penfion qu'avoit Marot.

Je fus Jouan fans avoir femme,
Et fol (4) jufqu'à la haute game.
Tous fous & tous Jouans auffi,
Venez pour moi prier ici,

L'un après l'autre & non enfemble,

Car

Car le lieu feroit (ce me femble)
Un petit (6) bien étroit pour tous;

Et puis s'on (c) ne parloit tout doux (d),
Tant de gens me romproient mon fomme.
Au furplus quand quelque fage homme
Viendra mon Epitaphe lire,

J'ordonne, s'il fe prend à rire,
Qu'il foit des fols. Maître paffé;
Faut-il rire d'un trépaffé?

(4) Cette Epitaphe eft faite pour le fou d'une Princeffe, co fou s'appelloit Jouan.

(b) Un petit, diminutif qui eft affez ordinaire à Marot, & qui a quelque chofe de naïf, on peut en voir un exemple dans un Rondeau qu'il adreffe à un de fes créan ciers.

t

Un bien petit de près me venez prendre

Pour vous payer. ...

Quand je feray plus garny de cliquaille,
Vous en aurez: mais il faut attendre,

Un bien petit.

(c) Et puis s'on ne parloit &c. pour & puis fi on neparloit. Les Ecrivains qui font venus dans le XVI. fiecle,fur tout les Poëtes, retranchoient ainfi la feconde lettre de Si, ils faifoient auffi ce retranchement dans la negative ni. En mon vivant n'après ma mort, pour ni après ma mort, ce qu'ils pratiquoient auffi dans les pronoms fon, lorfqu'ils étoient au feminin, Contre celle qui fut s'amie, pour fon amie, c'eft comme l'écrit Marot lui même, un jour, continue-t-il, j'efcrivis à m'amie, pour à mon amie; on fe fert encore de ce dernier dans la converfation familiere. Cette maniere de retrancher la feconde lettre de avant on, s'eft confervée dans quelques Provinces, elle eft maintenant dans l'usage commun, lorfqu'il y a il après fi.

(d) Tout doux, c'est-à-dire, doucement, maniere de parler qui fe trouve encore dans la converfation des Bourgui gnons, & même de quelques Parifiens.

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