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VALÈRE MAXIME.

DES FAITS ET DES PAROLES MÉMORABLES.

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE I.

DU RESPECT DE LA RELIGION.

1. Nos ancêtres attribuèrent à la science des atifes la connaissance des cérémonies fixes et nuelles; à l'art des augures, la garantie du cès dans les affaires importantes; aux livres s devins, l'interprétation des oracles d'Apolaux pratiques étrusques, le secret de conjurer e sinistres présages. D'anciens règlements ont ussi déterminé nos rapports avec les dieux : est par la prière qu'on demande leur protection; run vœu, qu'on en réclame une faveur; par s actions de grâces, qu'on s'acquitte envers de sa promesse : c'est après une offrande 'on interroge les entrailles d'une victime ou les ts; après un sacrifice, qu'on accomplit une sonité. Il faut également sacrifier pour détourles maux dont on est menacé par des prodiges les éclairs.

[el fut le zèle des anciens Romains, non-seuent pour le maintien, mais pour l'agrandislent du culte, qu'à une époque où la république it déjà parvenue à un très-haut degré de ndeur et de prospérité, un sénatus-consulte

LIBER PRIMUS.

CAPUT I.

DE RELIGIONE OBSERVATA.

Majores [nostri ] statas solennesque cærimonias pontiin scientia; bene gerendarum rerum auctoritates auguobservatione; Apollinis prædictiones vatum libris, tentorum depulsiones Hetrusca disciplina, explicari vount. Prisco etiam instituto rebus divinis operadatur, im aliquid commeudandum est, precatione: quum Oscendum, volo: quum solvendum, gratulatione: quum uirendum vel extis vel sortibus, impetrito: quum enni ritu peragendum, sacrificio. Quo etiam ostenton ac fulgurum denuntiationes procurantur. fantum autem studium antiquis non solum servandæ, I etiam amplificandæ religionis fuit, ut florentissima

confia à chacun des peuples de l'Étrurie dix enfants des premières familles, pour être instruits par eux dans la science des choses sacrées. Voulant honorer Cérès à la manière des Grees, nos pères firent venir de Vélie, ville qui n'avait pas encore reçu le nom de cité, une prêtresse nommée Calcitana, ou, selon d'autres, Calliphenna, pour présider au culte de la déesse et le régler d'après les anciens rites (An de R. 356). Quoique cette divinité eût dans notre ville un très-beau temple, les Romains, sur l'avis donné par les livres sibyllins, pendant les troubles excités par les Gracques, d'apaiser l'antique Cérès, envoyèrent à Enna, que l'on regardait comme le berceau de son culte, dix ambassadeurs pour se la rendre propice (An de R. 620). Plus d'une fois aussi nos généraux, après des victoires, se rendirent à Pessinunte, pour accomplir les vœux qu'ils avaient faits à la mère des dieux.

2. Métellus, souverain pontife, voyant que le consul Postumius, qui était aussi prêtre de Mars, se préparait à porter la guerre en Afrique, l'empêcha de quitter son saint ministère, lui défendit, sous peine d'amende, de sortir de Rome; et la religion l'emporta sur le pouvoir suprême. On ne croyait pas que Postumius pût, sans témérité, tenter la chance des batailles, après avoir déserté les autels du dieu qui y préside (An de R. 511).

tum et opulentissima civitate, decem principum filii S. C. singulis Hetruriæ populis, percipiendæ sacrorum disciplinæ gratia, traderentur; Cererique, quam more Græco venerari instituerant, sacerdotem a Velia, quum id oppidum nondum civitatis nomen accepisset, Calcitanam peterent, vel, ut alii dicunt, Calliphennam; ne deæ vetustis ritibus perita deesset antistes. Cujus quum in urbe pulcherrimum templum haberent, Gracchano tumultu moniti Sibyllinis libris, ut vetustissimam Cererem placarent, Ennam, quoniam sacra ejus inde orta credebant, decemviros ad eam propitiandam miserunt. Item matri deum sæpenumero imperatores nostri, compotes victoriarum, suscepta vota Pessinuntem profecti solverunt.

2. Metellus vero pontifex max. Postumium consulem, eumdemque flaminem Martialem, ad bellum gerendum Africam petentem, ne a sacris discederet, multa indicta, urbem egredi passus non est; religionique summum impe. rium cessit : quod tuto se Postumius Martio certamini com. missurus non videbatur, cærimoniis Martis desertis.

3 S'il est beau de voir douze faisceaux (1) | céder à la religion, il l'est bien plus encore d'en voir vingt-quatre montrer, en pareille occasion, la même obéissance. Tib. Gracchus, déjà arrivé dans son gouvernement, écrivit au collège des augures qu'en lisant les livres qui traitaient des cérémonies publiques, il avait remarqué que les auspices avaient été pris irrégulièrement dans les comices qu'il avait tenus lui-même pour l'élection des consuls. Cet avis fut transmis par les augures au sénat. Sur l'ordre de cette assemblée, C. Figulus et Scipion Nasica revinrent à Rome, l'un de la Gaule, l'autre de la Corse, et ils abdiquèrent le consulat (An de R. 591).

4. C'est ainsi que P. Clélius Siculus, M. Cornélius Cethégus et C. Claudius, qui avaient posé négligemment les entrailles des victimes sur les autels des dieux, reçurent, à diverses époques et pendant des guerres différentes, l'ordre de quitter le sacerdoce; ils y furent même contraints (An | de R. 543-532). Sulpicius (2) perdit aussi le sacerdoce, pour avoir laissé tomber de sa tète, au milieu d'un sacrifice, l'ornement qui distingue les pontifes (An de R. 532).

5. Le cri d'une souris suffit à Fabius Maximus pour abdiquer la dictature; à C. Flaminius, pour déposer le commandement de la cavalerie (An de R. 532).

6. A ces exemples ajoutons celui du souverain pontife P. Licinius, lequel jugea digne du supplice des verges une vestale qui avait, pendant une nuit, manqué de vigilance dans la garde du feu éternel (An de R. 547).

7. Une autre élève d'Émilia, la première des vestales, ayant laissé éteindre le feu sacré, fut

(1) On portait ce nombre de faisceaux devant un consul. (2) Galba.

3. Laudabile duodecim fascium religiosum obsequium : laudabilior quatuor et viginti in consimili re obedientia. A Ti. enim Graccho ad collegium augurum litteris ex provincia missis, quibus significabat, se, quum libros ad sacra populi pertinentes legeret, animadvertisse, vitio tabernaculum capium, comitiis consularibus, quæ ipse fecisset; eaque re ab auguribus ad senatum relata, jussu ejus C. Figulus e Gallia, Scipio Nasica e Corsica Romam redierunt, et se consulatu abdicaverunt.

4. Consimili ratione P. Cloelius Siculus, M. Cornelius Cethegus, et C. Claudius, propter exta parum curiose admota aris deorum immortalium, variis temporibus bellisque diversis flaminio abire jussi sunt, coactique etiam. At Sulpicio inter sacrificandum apex e capite prolapsus, eidem sacerdotium abstulit.

préservée de toute accusation par la déesse ellemême : elle se mit en prière, après avoir étendu sur le foyer le voile le plus précieux qu'elle cut, et la flamme jaillit aussitôt.

8. Faut-il s'étonner que les dieux aient toujours veillé, avec une bonté persévérante, à la défense et à l'agrandissement d'un empire ou l'on donne une attention si scrupuleuse aux moindres formalités de la religion; où l'on ne perdit jamais de vue la plus stricte observation des cérémonies du culte? Marcellus, consul pour la cinquième fois, voulant, après la prise de Clastidium et de Syracuse, consacrer à l'Honneur et au Courage un temple solennellement promis par ses vœux, en fat empêché par le collége des pontifes, qui dédi qu'on ne devait pas dédier un même sanctae à deux dieux ensemble, parce que, s'il y quelque prodige, on ne saurait auquel as ser les expiations d'usage, un seul et me s crifice ne pouvant être offert à deux divis que la religion n'a pas réunies (1). Ces remote ces des pontifes obligèrent Marcellus à placer statues de l'Honneur et du Courage dans de temples séparés. Ainsi, ni le crédit d'un si gra personnage n'eut assez d'influence sur le colleg des pontifes, ni la nécessité d'un surcroît de de pense sur l'esprit de Marcellus, pour frustrer religion de ses prérogatives et de ses droits And R. 545).

9. Eclipsé par tant d'illustres consulaires. L Furius Bibaculus mérite à peine d'être cité apre Marcellus. Mais ne lui refusons pas les éloges da à sa piété filiale et à son zèle religieux. Penda sa préture, il n'hésita pas, sur l'ordre de son pe chef du collége des Saliens (2), à porter les ba

(1) Comme Castor et Pollux, Vénus et Adonis, Apollon et etc.(2) Prêtres de Mars.

igne, tutam ab omni reprehensione Vestæ numen pr tit: qua adorante, quum carbasum quam optiman bebat, foculo imposuisset, subito ignis emicuit.

8. Non mirum igitur, si pro eo imperio augendo cu diendoque pertinax eorum indulgentia deorum se excubuit; quod tam scrupulosa cura parvula quoque ins menta religionis examinare videtur: quia nunquam tos ab exactissimo cultu cærimoniarum oculos ha nostra civitas existimanda est. In qua quum Mar quintum consulatum gerens templum Honori et Vi Clastidio prius, deinde Syracusis potitus, nuncupatis bitum votis consecrare vellet, a collegio pontificum peditus est, negante, unam cellam duobus diis rec cari; futurum enim, si quid prodigii in ea accidisset dignosceretur, utri rem divinam fieri oporteret: bus nisi certis diis una sacrificari solere. Ea posts admonitione effectum est, ut Marcellus, separatis TM bus, Honoris ac Virtutis simulacra statueret; neq collegio pontificum auctoritas amplissimi viri, aut cello adjectio impensae impedimento fuit, quo mines" gionibus suus tenor, suaque observatio redderetur. 9. Obruitur tot etiam illustribus consularibus L. 7. Maximæ vero virginis Æmiliæ discipulam, exstinctorius Bibaculus, exemplique locum vix post Marcellu

5. Occentusque soricis auditus, Fabio Max. dictaturam, C. Flaminio magisterium equitum deponendi causam præbuit.

6. Adjiciendum his, quod P. Licinio pontifici max. virgo Vestalis, quia quadam nocte parum diligens æterni ignis custos fuisset, digna visa est, quæ flagro admone

retur.

eliers sacrés, précédé de ses six licteurs, quoique | le privilége de sa dignité le dispensât de ce devoir. Rome, en effet, n'a jamais oublié que tout doit passer après la religion, même dans ceux qu'elle a voulu entourer de l'éclat d'une suprême majesté. Aussi le pouvoir s'est-il volontiers assujetti à l'autorité des choses saintes, bien persuadé qu'il ne gouvernerait les affaires humaines qu'à a condition d'une entière et constante soumission la puissance divine.

10. Les particuliers même étaient animés de es sentiments. A la prise de Rome par les Gau- | is, le prêtre de Quirinus et les vestales, emortant les objets sacrés, dont ils s'étaient partagé fardeau, venaient de passer le pont Sublicius, commençaient à descendre la côte qui mène au nicule, lorsque L. Alvanius, qui conduisait run chariot sa femme et ses enfants, les aperçut. as fidèle aux intérêts de la religion publique fà ses affections privées, il fit descendre du ariot sa famille, y donna place aux vestales ec les objets du culte, et, se détournant de route, les conduisit au bourg de Céré. Là, les accueillit avec la plus grande vénération; la reconnaissance a perpétué jusqu'à nos jours Souvenir de cette généreuse hospitalité : car il talors convenu qu'on donnerait aux rites sale nom de cérémonies, en mémoire du reset que les habitants de Céré avaient montré pour religion pendant les malheurs de la républie, comme au temps de sa prospérité (1). Aussi | rustique et grossier chariot qui avait si heuisement recueilli ces pieux objets peut-il éga- | surpasser même la gloire du plus brillant ir de triomphe (An de R. 363).

1

D'autres auteurs font dériver ce mot de Cérès.

it. Sed pii simul ac religiosi animi laude fraudandus Test: qui prætor a patre suo collegii Saliorum magis. jussus, sex lictoribus præcedentibus, arma ancilia tuquamvis vacationem hujus officii honoris beneficio eret. Omnia namque post religionem ponenda semper tra civitas duxit: etiam in quibus summæ majestatis spici decus voluit. Quapropter non dubitaverunt sacris Seria servire : ita se humanarum rerum futura regimen timantia, si divinæ potentiæ bene atque constanter sent famulata.

0. Quod animi judicium in privatorum quoque pectois versatum est. Urbe enim a Gallis capta, quum flaQuirinalis virginesque Vestales sacra onere partito ent, easque pontem Sublicium transgressas, et clin, qui ducit ad Janiculum, descendere incipientes, L. anius, plaustro conjugem et liberos vehens, adspexispropior publicæ religioni, quam privatæ caritati, 3, ut plaustro descenderent, imperavit : atque in id gines et sacra imposita, omisso cœpto itinere, Cærelem pidam pervexit. Ubi cum summa veneratione recepta, ita memoria, ad hoc usque tempus hospitalem humaatem testantur. Inde enim institutum est, sacra carinias vocari, quia Cæretani ea, infracto reipublicæ staperinde ac florente, coluerunt. Quorum agreste illud et

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11. Dans cette même crise de la république, C. Fabius Dorso donna aussi un mémorable exemple de dévouement pour l'observation des usages religieux. Voyant le Capitole investi par les Gaulois, et ne voulant pas remettre un sacrifice qui se faisait à jour fixe dans la famille Fabia, il part, la robe retroussée à la gabienne (1), les mains et les épaules chargées des objets du culte, traverse les postes ennemis, arrive au mont Quirinal, accomplit le sacrifice avec la solennité accoutumée; et, après cet hommage à la divinité, il revient au Capitole, aussi heureux que s'il eût triomphé des vainqueurs mêmes.

12. Nos pères montrèrent encore, sous le consulat de P. Cornélius et de Bébius Tamphilus, une grande sollicitude pour le maintien de la religion. Des laboureurs, en creusant la terre à quelque profondeur, dans le champ du greffier L. Pétilius, au pied du Janicule, trouvèrent deux coffres de pierre, dont l'un, d'après l'inscription qu'il portait, avait renfermé le corps de Numa Pompilius, fils de Pompo; dans l'autre étaient sept livres en latin sur le droit pontifical, et un pareil nombre en grec sur les principes de la sagesse. Les livres latins furent soigneusement conservés ; quant aux grecs, comme ils parurent contenir des propositions capables de relâcher les liens de la religion, le préteur de la ville, Q. Pétilius, exécutant les ordres du sénat, les fit brûler par les victimaires, à la vue du peuple. Ces vieux Romains ne voulurent rien garder au sein de la république, qui la détournât du culte des dieux (An de R. 572).

13. Sous le règne de Tarquin (2), le duum

(1) C.-à-d. l'un des pans de la robe rejeté sur l'épaule gauche, et ramené, par-dessus le dos, sous le bras droit; ce qui donnait plus de liberté aux mouvements. (2) Le Superbe.

sordidum plaustrum tempestive capax, cujuslibet fulgentissimi triumphalis currus, vel æquaverit gloriam, vel antecesserit.

11. Eadem reipublicæ tempestate C. Fabius Dorso memorabile exemplum servatæ religionis dedit. Namque Gallis Capitolium obsidentibus, ne statum Fabiæ gentis sacrificium interrumperetur, Gabino ritu cinctus, manibus humerisque sacra gerens, per medias hostium stationes, in Quirinalem collem pervenit: ubi, omnibus solenni more peractis, in Capitolium post divinam venerationem victricium armorum perinde ac victor, rediit.

12. Magna conservandæ religionis etiam P. Cornelio, et Babio Tamphilo Coss. apud majores nostros acta cura est. Siquidem in agro L. Petilii scribæ sub Janiculo culto. ribus terram altius versantibus, duabus arcis lapideis repertis, quarum in altera scriptura indicabat corpus Numæ Pompilii, Pomponis filii, fuisse; in altera libri reconditi erant Latini septem de jure pontificum, totidemque Græci de disciplina sapientiæ: Latinos magna diligentia adservandos curaverunt : Græcos, quia aliqua ex parte ad solvendam religionem pertinere existimabantur, Q. Petilius prætor urbanus ex auctoritate senatus per victimarios, igne facto, in conspectu populi cremavit. Noluerunt enim

vir M. Tullius ayant, pour de l'argent, laissé transcrire à Pétronius le Sabin le livre des mystères du culte public, livre confié à sa garde, fut, par l'ordre du roi, cousu dans un sac de cuir et jeté à la mer. Ce supplice fut, longtemps après, appliqué par une loi aux parricides et rien de plus juste, car un même châtiment doit venger les pères et les dieux des crimes qui les outragent. 14. Mais en fait d'attachement à la religion, je doute que personne ait égalé M. Atilius Régulus. Après de brillantes victoires, il se vit réduit, par les piéges d'Asdrubal et du Lacédémonien Xanthippe, à la triste condition de captif, et fut envoyé comme député, auprès du sénat et du peuple romain, pour proposer contre lui, contre lui seul et déjà vieux, l'échange d'un grand nombre de jeunes Carthaginois. Il donna un avis contraire, et reprit le chemin de Carthage, quoiqu'il n'ignorât pas quels ennemis cruels et justement irrités il allait retrouver; mais il leur avait juré, si les prisonniers de leur nation ne leur étaient pas rendus, de venir reprendre ses fers (An de R. 498). Les dieux immortels pouvaient sans doute adoucir la sauvage fureur de ce peuple; mais, pour la plus grande gloire d'Atilius, ils laissèrent les Carthaginois suivre leur nature, se réservant de leur faire expier dans la troisième guerre Punique, par la ruine entière de leur ville, les horribles traitements qu'ils auraient fait subir au plus religieux des hommes.

15. Que le sénat romain montra bien plus de respect pour les dieux ! On le vit, après le désastre de Cannes, défendre aux mères de famille de prolonger leur deuil au delà de trente jours,

prisci viri quidquam in hac asservari civitate, quo animi hominum a deorum cultu avocarentur.

13. Tarquinius autem rex M. Tullium duumvirum, quod librum secreta civilium sacrorum continentem, custodiæ suæ commissum, corruptus Petronio Sabino describendum dedisset, culeo insutum in mare abjici jussit: idque supplicii genus multo post parricidis lege irrogatum est. Justissime quidem; quia pari vindicta parentum ac deorum violatio expianda est.

14. Sed in his, quæ ad custodiam religionis attinent, nescio an omnes M. Atilius Regulus præcesserit; qui ex victore speciosissimo, insidiis Hasdrubalis, et Xanthippi Lacedæmonii ducis ad miserabilem captivi fortunam deductus, ac missus ad S. P. Q. R. legatus, ut ex se et uno, et sene, complures Pœnorum juvenes pensarentur, in contrarium dato consilio, Carthaginem repetiit; non ignarus, ad quam crudeles, quamque merito sibi infestos deos reverteretur: verum quia his juraverat, si captivi eorum redditi non forent, ad eos se rediturum. Potuerunt profecto dii immortales efferatam mitigare sævitiam rum quo clarior esset Atilii gloria, Carthaginienses moribus suis uti passi sunt: tertio Punico bello religiosissimi spiritus tam crudeliter vexati, urbis eorum interitu, justa exacturi piacula.

cæte

15. Quanto nostræ civitatis senatus venerabilior in deos! qui post Cannensem cladem decrevit, ne matronæ ultra

afin qu'elles pussent célébrer les mystères de Cé rès; car plus de la moitié peut-être de l'armee romaine était restée sur cette terre execrable et maudite, et il n'était point de maison où l'on ne versât des pleurs. Ainsi, les mères et les filles, les épouses et les sœurs de ces guerriers dont la mort était si récente, durent sécher leurs larmes, quitter les marques de la douleur, et aller, robes blanches, porter l'encens sur les autels. Un zèle si constant pour le maintien de la religios fit sans doute rougir les dieux, et les empecta de sévir plus longtemps contre un peuple que le plus cruelles épreuves n'avaient pu détacher de leur culte (An de R. 537).

DU MÉPRIS DE LA RELIGION.

16. Le déplorable échec du consul Varro, battu par les Carthaginois à la journéed Ca nes, fut attribué au ressentiment de Juan, par ce qu'à l'époque de son édilité il avait, pendant la célébration des jeux du Cirque, cœ à un jeune comédien d'une rare beauté la gard: ta temple de Jupiter. On se rappela ce fait quelqu années après, et l'on ordonna des sacrifices &piatoires (An de R. 533).

17. Hercule punit, dit-on, d'une manière auss éclatante que terrible le mépris de sa divinité. L Potitius étaient attachés au service de ses autels, sacerdoce qu'il avait lui-même assigné, par fav à cette famille, et qu'on s'y transmettait comm un bien héréditaire; mais l'ayant abandonné, p le conseil du censeur Appius, au vil ministered leurs esclaves, tous, et ils étaient plus de trentem âge de puberté, tous moururent dans l'an

tricesimum diem luctus suos extenderent, uti ab his sad Cereris peragi possent : quia majore pæne Roman virium parte in exsecrabili ac diro solo jacente, t penates mœroris expertes erant. Itaque matres act conjugesque et sorores nuper interfectorum, abe lacrymis, depositisque doloris insignibus, candida duere vestem, et aris dare tura coactæ sunt. Qua qu constantia obtinendæ religionis, magnus cœlestibus in tus est rubor ulterius adversus eam sæviendi gentem, ne injuriarum quidem acerbitate ab eorum cultu reri potuerit.

DE RELIGIONE NEGLECTA.

16. Creditum est, Varronem consulem apud Ca cum Carthaginiensibus tam infeliciter dimicasse ob Junonis; quod quum ludos Circenses ædilis facerel, Jovis Opt. Max. templo eximia facie puerum histr ad excubias tenendas posuisset : quod factum post a' annos memoria repetitum, sacrificiis expiatum est.

17. Hercules quoque detractæ religionis suæ, el et manifestam pœnam exegisse traditur. Nam quun titii sacrorum ejus ritum quem, pro dono genti ear? *ipso assignatum, velut hereditarium obtinuerant, au Appio Censore, ad humile servorum ministerium tra lissent; omnes, qui erant numero super xxx pubers. intra annum exstincti sunt, nomenque Potilium in

Ainsi fut anéanti le nom des Potitius, que se partageaient douze familles. Quant à Appius, il perdit la vue (An de R. 441).

18. Apollon vengea aussi cruellement sa divinité. A la prise de Carthage par les Romains, on lui avait arraché sa tunique d'or; mais, par un effet le sa puissance, les mains du sacrilége se retroufèrent, coupées, parmi les lambeaux de ce vêement (An de R. 607). Brennus, chef des Gaupis, ne fut pas plus tôt entré dans le temple d'Aollon à Delphes, que, par la volonté de ce jeu, il tourna ses armes contre lui-même. (An eR. 475).

19. Non moins exemplaire fut la vengeance tercée par son fils Esculape, pour une pareille ofanation. Il avait eu la douleur de voir le bois eré qui entourait son temple (1), en grande rtie abattu par Turullius, lieutenant d'Anine, qui voulait construire une flotte à ce trium Pendant le temps même que se consomait le sacrilége, le parti d'Antoine fut déit, et Turullius, destiné à la mort par César (2), it entraîné (visible effet de la puissance du eu) dans le bois qu'il avait profané. En l'y aisant immoler par les soldats du vainqueur, Esculape voulut que sa mort expiât l'outrage ait aux arbres déjà tombés, et garantît du même tentat ceux qui étaient encore debout. Ce dieu gmenta ainsi la profonde vénération que son lte avait toujours inspirée (An de R. 728). 20. Ce ne fut pas non plus impunément que Fulvius Flaccus enleva, pendant sa censure, $ dalles de marbre qui couvraient le temple de mon Lacinienne, pour en orner celui qu'il

Dans l'ile de Cos. - (2) Octave.

tim familias divisum interiit. Appius vero luminibus plus est.

Cartha

18. Acer etiam sui numinis vindex Apollo, qui, a Romanis oppressa, veste aurea nudatus, id egit, sacrilega manus inter fragmenta ejus abscissæ inveniatur. Brennus Gallorum dux Delphis Apollinis templum gressus, dei voluntate in se manus vertit.

19. Nec minus efficax ultor contemptæ religionis filius oque ejus Esculapius, qui consecratum templo suo cum a Turullio præfecto Antonii, ad naves ei faciendas, agna ex parte succisum dolens, inter ipsum nefarium inisterium devictis partibus Antonii, imperio Cæsaris stinatum morti Turullium, manifestis numinis sui vibus eum in lucum, quem violaverat, traxit: effecitque,

ibi potissimum a militibus Cæsarianis occisus, eodem xilio, et eversis jam arboribus pœnas lueret, et adhuc uperantibus immunitatem consimilis injuriæ pareret : uamque venerationem, quam apud colentes maximanı emper habuerat, deus multiplicavit.

20. Q. autem Fulvius Flaccus impune non tulit, quod censura tegulas marmoreas ex Junonis Lacinia templo ædem Fortunæ Equestris, quam Romæ faciebat, transtulit. Negatur enim post hoc factum mente constitisse : quin etiani per summam ægritudinem animi exspiravit,

élevait à Rome en l'honneur de la Fortune Equestre. On dit, en effet, qu'après ce sacrilége sa raison reçut quelque atteinte, et même qu'il expira dans la plus vive douleur, en apprenant que, de ses deux fils qui servaient en Illyrie, l'un était mort et l'autre dangereusement malade. Frappé de ces événements, le sénat fit reporter à Locres ces dalles sacrées, et, par un décret plein d'une pieuse sagesse, corrigea l'œuvre impie du censeur (An de R. 579).

21. Cetrait de piété des sénateurs répond bien à la juste vengeance qu'ils exercèrent contre un lieutenant de Scipion, Q. Pléminius, lequel avait porté une main avare et criminelle sur le trésor de Proserpine. Ce misérable fut chargé de chaînes, traîné à Rome et jeté en prison, où il mourut, avant son jugement, d'une épouvantable maladie. Un décret du sénat rendit, en outre, à la déesse tout son argent, et même le double (An de R. 549).

EXEMPLES ÉTRANGERS DU RESPECT OU DU MÉPRIS DE LA RELIGION.

1. Si les sénateurs firent bonne justice du crime de Pléminius, la déesse sut bien aussi se venger elle-même, par un châtiment terrible, de la violente avarice du roi Pyrrhus, qui avait forcé les Locriens à lui donner sur le trésor de Proserpine une forte somme d'argent. A peine embarqué avec ce butin sacrilége, il fut assailli par la tempête, et vint échouer, avec toute sa flotte, sur les rivages voisins du temple. La somme y fut retrouvée tout entière, et restituée au trésor sacré de la déesse (An de R. 478).

2. Ce n'est pas ainsi que se conduisit le roi

quum, ex duobus filiis in Illyrico militantibus, alterum decessisse, alterum graviter audisset affectum. Cujus casu motus senatus, tegulas Locros reportandas curavit, decretique circumspectissima sanctitate impium opus censoris retexuit.

21. Tam me hercule quam Q. Pleminii, legati Scipionis, in thesauro Proserpinæ spoliando sceleratam avaritiam justa animadversione vindicavit. Quum enim eum vinctum Romam protrahi jussisset, ante causæ dictionem in carcere teterrimo genere morbi consumptus est: pecuniam dea ejusdem senatus imperio, et quidem summam duplicando, recuperavit.

EXTERNA EXEMPLA OBSERVATÆ VEL NEGLECTÆ RELIGIONIS.

1. Quæ, quod ad Pleminii facinus pertinuit, bene a patribus conscriptis vindicata est: quod ad violentas regis Pyrrhi sordes attinuerat, se ipsam potenter atque efficaciter dea defendit. Coactis enim Locrensibus ex thesauro ejus magnam illi pecuniam dare, quum onustus nefaria præda navigaret, vi subitæ tempestatis tota cum classe vicinis dea littoribus illisus est : in quibus pecunia incolumis reperta, sanctissimi thesauri custodia restituta est.

2. At non similiter Masinissa rex: cujus quum præfectus

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