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un savant lettré qui fut, en 1798, président d'un des six ministères. J'ai cru devoir joindre aux Monographies une table fort étendue des Idiotismes qu'on ne peut réduire aux règles de la grammaire.

J'ai terminé cet ouvrage par un nombre considérable de Fables, de Légendes et d'Apologues, traduits du Sanscrit en Chinois entre le 5me et le 8me siècle de notre ère. Ces morceaux ont déjà paru en français, en 1859, dans un Recueil intitulé Les Avadánas ou Paraboles, dont les derniers exemplaires sont en ma possession. Ne pouvant les publier ici en totalité, j'ai recueilli les pièces qui m'ont paru les plus intéressantes, j'en ai découpé le texte chinois en phrases de 20, 30, 40 mots, et conformément au système que j'ai suivi dans ma syntaxe, dans les premières Monographies et les Idiotismes, j'ai inséré, à côté des signes traduits mot à mot, des numéros d'ordre répétés à gauche de leur prononciation. De cette façon, toute personne instruite, même étrangère au Chinois, pourra suivre seule, pas à pas, la construction et l'interprétation du texte, comme si un maître ou un sinologue exercé lui indiquait du doigt la forme, le son et le sens de chaque caractère chinois. Je ne crois pas exagérer l'importance de ce dernier travail où l'explication mot à mot est extrêmement claire et facile, en exprimant l'espoir qu'il pourra contribuer dans une large mesure aux progrès des jeunes gens qui voudront étudier particulièrement le style antique qui embrasse toute la partie savante de la littérature chinoise.

Je ne terminerai pas cette préface sans parler d'une question qui me laisse une certaine inquiétude, quoiqu'elle soit de nature à me faire obtenir l'indulgence des meilleurs juges. J'ai été heureux de puiser largement dans le savant travail d'un habile lettré pour rédiger la partie que j'ai appelée: Supplé

ment aux Monographies (page 154–231). Mais ma position était bien différente de la sienne. Il avait sous la main les nombreux ouvrages auxquels il empruntait ses exemples, et il connaissait le sujet de chaque fragment d'où il les tirait. Moi, au contraire, privé de cette précieuse ressource, j'ai dû prendre les passages tels quels, sans pouvoir deviner quels faits ou quelles idées les précédaient où les suivaient, de sorte que dans les quatre cents exemples cités (à l'exception de ceux des quatre livres classiques, du Chou-king, du Chi-king et des trois commentaires du Tch un-thsieou), j'ai pu quelquefois, peut-être souvent, commettre quelque erreur d'interprétation. Que les sinologues compétents se mettent à ma place, et disent, la main sur la conscience, s'ils auraient mieux réussi que moi à saisir toujours la pensée d'auteurs dont ils n'auraient pas eu les textes sous les yeux. Si un philologue avait à traduire quatre cents passages latins ou grecs, pris au hasard dans des textes dont la source ne serait pas indiquée, se flatterait-il de les comprendre, tout en profitant de l'incomparable secours qu'offrent, en latin et en gree, les flexions grammaticales dont les signes chinois sont complètement dépourvus?

La situation délicate où je me trouvais, et la crainte d'affirmer trop positivement l'interprétation des textes cités, m'ont seules empêché de joindre aux signes chinois et à leurs prononciations des chiffres indiquant leur mutuelle correspondance, ainsi que je l'ai fait dans les quatre autres parties de mon livre.

SYNTAXE NOUVELLE

DE LA

LANGUE CHINOISE.

Les caractères chinois sont tous monosyllabiques, indéclinables et inconjugables. Ils ne sont donc point susceptibles de recevoir ces flexions qui, dans les langues grecque et latine, font voir, au premier coup d'oeil, les genres, les cas, et les nombres des noms, les voix, les temps, les modes et les personnes des verbes. Mais, malgré cette absence de flexions, la langue chinoise est, pour un sinologue instruit, aussi claire, aussi intelligible que les langues savantes qui sont richement pourvues des flexions qui lui manquent. Si elle n'était pas aussi claire, aussi intelligible, les innombrables ouvrages qu'elle a produits, en tout genre, depuis plus de 2000 ans, auraient-ils pu être lus, reproduits de siècle en siècle depuis l'invention de l'imprimerie et intéresser les générations qui se sont succédé jus

1 Les Chinois ont commencé à imprimer en 581 sur des planches xylographiques. En l'an 904, ils ont fait usage de planches de pierre gravées en creux, et en 1040, de types mobiles. Si, à la même époque, cette dernière invention eût été connue en Europe, l'imprimerie y aurait été avancée de plus de quatre siècles. (Voyez le petit Mémoire que j'ai inséré dans le Journal Asiatique de Paris, cahier de Juin 1847, page 505.)

qu'à ce jour? Pourrait-elle, maintenant, sous sa forme moderne appelée kouan-hoa ou langue commune, être parlée en

Chine, en Cochinchine, au Japon, à Siam, en Corée et même au Thibet, par une population de plus de quatre cent cinquante millions d'hommes, c'est-à-dire par la moitié du monde civilisé ? Pourquoi une langue, si imparfaite en apparence, répond-elle assez bien à tous les besoins de la pensée, pour avoir permis aux auteurs chinois de traiter, depuis plus de vingt siècles, dans d'innombrables ouvrages, tous les sujets scientifiques ou littéraires qui sont du ressort de l'esprit humain? Cela tient à ce que les flexions des noms et des verbes, qui donnent tant de précision aux langues anciennes, trouvent, jusqu'à un certain point, leurs équivalents dans la mobilité des signes chinois qui acquièrent toute sorte de valeur grammaticale, suivant la place qu'ils occupent dans la phrase, et suivant les mots avec lesquels on les construit. La position relative des mots détermine nettement leur rôle et donne aux écrits ou aux discours toute la clarté désirable.

Avant d'aborder la première partie de ce Traité de Grammaire, je crois devoir donner au lecteur, par les exemples suivants, une première idée des changements de valeur et de signification qui résultent, pour un même mot, de ses différentes positions, ou des signes avec lesquels on le construit. Prenons par exemple le mot teh'i gouverner. Si ce verbe est placé avant koue royaume, ces deux caractères signifieront: gouverner le royaume. En mandchou: gourounbe dasambi.

Si l'on renverse l'ordre des mots et qu'on place koue royaume, avant teh'i gouverner, ces deux mots signifieront: le royaume est gouverné. En mandchou: gouroun dasaboumbi.

Si le mot teh'i est placé après chi✈ magistrat, il devient substantif et ces deux mots signifieront: l'administration des magistrats, confiée aux magistrats. En mandchou: khafan i dasan. Ces trois exemples sont tirés du Dictionnaire Thsinghan-wen-haï, liv. 25, fol. 3.

Le mot thouan rond (rotundus) peut, suivant sa position, être adjectif, substantif, verbe et adverbe.

On dit: thouan-chen I✈ un écran rond.

Fen-thouan

fiyan i moukhaliyan.

une boule de céruse. En mandchou:

thouan-fan mettre en boule le riz cuit.

Thouan-tsos'asseoir en rond.

Le mot kouan magistrat, peut recevoir quatre significations différentes suivant sa position, ou suivant les caractères avec lesquels on le construit.

✈ Ĥkien-kouan, établir, nommer un magistrat. En man

dchou: khafan sindara.

Tchong-kouan

c.-à-d. un eunuque.

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un fonctionnaire du milieu (du palais),

1311pou-thse ne pas refuser, 3siao- 1kouan

une petite magistrature.

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3

neng il peut, kouan employer, jin les

hommes. En mandchou: niyalma be baitalame moutembi.

11ta-te un homme d'un grand mérite, 3pou-kouan n'est pas retenu, enchaîné dans une magistrature (il peut la conserver ou la quitter à son gré). En mandchou: Amba erdemoungge khafan de khosibourako.

Le mot ngan vulgo repos, peut aussi, suivant sition, recevoir diverses significations.

Wen-ngan

substantif.)

Ngan-min

sa po

s'informer de la santé de quelqu'un (ngan,

dare pacem populo (ngan, verbe actif). le peuple est tranquille, jouit de la paix

Min-ngan

(ngan, verbe neutre).

'youen je désire, 2ngan avec une volonté ferme, stch'ing recevoir, kiao vos instructions (ngan, adverbe). La langue anglaise offre des expressions où le même mot change de signification, ou plutôt de rôle grammatical, non suivant sa position, mais suivant les mots avec lesquels on le construit. Prenons pour exemple le mot set:

VERBE. To set a thing on the table, poser quelque chose sur la table.

ADJECTIF. His eyes are set, son regard est fixe.

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