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nouveau Journal Asiatique, intitulés Examen méthodique des faits concernant l'Inde.

Lorsque les deux premiers fragments eurent paru dans les numéros d'octobre et de novembre 1839, je ne pus, faute d'avoir le texte original à ma disposition, m'assurer si le traducteur (M. Pauthier) était parvenu à reproduire fidèlement les documents historiques que lui fournissaient les auteurs chinois. Cependant, beaucoup de passages cités en note, et qu'il est presque impossible de faire concorder pour la plupart avec la version française, m'inspirèrent des doutes sérieux. Ces doutes se changèrent en certitude lorsque j'eus lu, dans les numéros de décembre 1839 et de mars 1840, la traduction incomplète d'une notice sur l'Inde (en vingt et une pages), par le voyageur Hiouen-thsang, dont je possède la relation entière, formant cinq cent quatre-vingt-cinq pages in-8°.

Je rédigeai immédiatement l'article suivant, qui est terminé depuis le 20 avril 1840, afin de préserver des erreurs que j'y signale les personnes qui se tiendraieut trop peu sur leurs gardes, ou qui seraient tentées de traduire des textes difficiles, avant d'avoir approfondi les règles fondamentales à l'aide desquelles on peut les éviter. Mais, pour imprimer les citations en caractères originaux, il fallait clicher, frapper, fondre et poinçonner plus de huit cents types différents. Divers travaux longs et difficiles relatifs à l'impression du catalogue général des quarante-deux mille signes que j'ai fait graver en Chine, à mon édition chinoise-française de Lao-tseu, qui va paraître incessamment, et à la Concordance géographique, en chinois et en français, que prépare M. Biot fils, n'ont pas permis à l'Imprimerie royale de terminer avant le 15 mars 1841 les types chinois dont j'avais besoin.

On se méprendrait étrangement sur mon caractère, si l'on pouvait me supposer un seul instant la plus légère intention de blesser M. Pauthier dont j'estime le zèle et dont j'apprécie les efforts. Le but que je me propose ici est plus digne et plus élevé. J'ai voulu uniquement donner des conseils à toutes les personnes qui étudient le chinois, afin de leur inspirer une juste défiance d'elles-mêmes et de les forcer, dans leur intérêt, à réfléchir mûrement sur les principes essentiels dont l'oubli a égaré plus d'un sinologue, et sans lesquels il est impossible d'acquérir une connaissance solide de la langue.

Je m'estimerais heureux si ceux à qui je m'adresse trouvaient dans cet article de nouveaux motifs et aussi de nouveaux moyens d'étudier

à fond les lois de la syntaxe et surtout les règles de position, qui sont presque l'unique boussole du sinologue, avant de s'aventurer à publier la traduction du texte chinois le plus facile, en style antique ou en style moderne.

1.

Stanislas Julien : « Les différents auteurs qui veulent faire connaître « le nom de l'Inde s'expriment d'une manière confuse. »

M. Pauthier traduit : « Si l'on veut déterminer avec précision et exactitude le sens du terme Thien-tchou, on éprouve beaucoup d'em

barras. »

Il ne s'agit point ici du sens étymologique du mot Thien-tchou (l'Inde), mais des synonymes purement phonétiques par lesquels on désigne l'Inde et qui sont des altérations plus ou moins fortes ou bizarres du mot indou (l'Inde). Plus bas, Hiouen-thsang n'en

cite que deux, mais on en trouve un plus grand nombre dans le dictionnaire Choue-wen, savoir chin-tou, ou chin-to,

thien-tchou 天竺,yuen-tou 捐

身篤

yuen-tou (prononcez suivant Khang

hi, yun-tou pour in-dou), hien-teou. On voit qu'il y a, dans ces différents sons, une véritable confusion.

M. Pauthier a passé les mots i-iles différentes opinions, et il a rendu par les mots« on a éprouvé beaucoup d'embarras, › le verbe dissyllabique kicou-fenêtre confus (les diverses opinions sont confuses).

Le mot thsiang signifie simplement ici énoncer, en mandchou analambi, mot que le dictionnaire mandchou-chinois explique par yun-choue dire, exprimer; le dictionnaire de Khang-hi explique aussi thsiang par yen, dire, exprimer.

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2.

售云身毒。或日賢豆

今從正音。宜云印度。

S. J. Anciennement on disait Chin-tou, quelques auteurs disent Hien-teou. Aujourd'hui, pour se conformer à la prononciation exacte, il convient de dire In-tou. »

M. Pauthier : « ....Maintenant, d'après une prononciation exacte et qui lui convient, on le nomme In-tou. »

Il rattache le verbe i (il convient) au substantif précédent in (son), en lui donnant le sens de l'adjectif convenable, quoique la syntaxe s'oppose à ce qu'un mot qui suit un substantif lui serve de qualificatif. Puis il rend le verbe neutreyun (dire, prononcer), par le verbe actif nommer.

3.

印度之人。隨地

稱國殊方異俗。

S. J. Les Indiens, suivant la région qu'ils habitent, donnent à leur royaume un nom particulier. Chaque pays a des usages différents. »

M. Pauthier traduit: Les habitants de l'Inde, pour se conformer « aux conditions de leur pays, nomment leur royaume région humiliée, subjuguée, détruite, terme qui exprime des coutumes différentes et une grandeur déchue. »

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1° Il rend les mots sou-ti-tch'ing-koue (littéraralement : « suivant le pays, ils donnent un nom à leur royaume, » c'est-à-dire ils donnent à leur royaume un nom qui varie suivant chaque pays) par pour se conformer aux conditions de leur pays. 2o Il traduit l'expression tchou-fang « les différents pays,» par « région humiliée, subjuguée, détruite » (!), et fait de ces mots,

qui sont au nominatif, un second régime du verbe tch'ing (nom

mer), quoique les mots

tch'ing-koué (ils donnent un nom à

leur pays) forment un sens complet.

3o Il m'est impossible de découvrir où il a pu trouver dans i-sou (usages différents) le sens de terme qui exprime des coutumes différentes et une grandeur déchue. » Les quatre mots tchou-fang-i-sou répondent tout simplement à la locution vulgaire, chaque pays, chaque mode.

4° Il ajoute, en note *tchou-fang, fanfAdkA vinâçitadéça, pour appuyer, à l'aide du sanskrit, le sens étrange de région humiliée, subjuguée, détruite, qu'il donne à tchou-fang, expres

sion qui, ici et partout ailleurs, ne signifie jamais que variæ regiones.

4.

遙舉總名語其所美。謂

之印度。印度者。唐言月。

S. J. « Je citerai de loin le nom général. Pour dire celui

«< qu'ils regardent comme le plus beau, ils appellent leur royaume. « In-tou (Indou), c'est-à-dire, en chinois, Youeï (lune).

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M. Pauthier traduit : « En général, dans leur langue, ce qui est beau et digne de louanges, ils le nomment in-tou (lune).

On voit que, faute d'avoir saisi la construction de ce passage, M. Pauthier applique le nom de lune (donné ici par emphase à l'Inde) à tous les objets beaux et dignes de louanges. » De plus, il a rendu par l'adverbe en général les mots tsong-ming, ⚫ nom général. »

5.

月有多名。斯其一稱

S. J.: La lune a beaucoup de noms : celui-ci (celui de Indou) en

« est un. »

On sait que Hiouen-thsang a rédigé la relation de son voyage, en Chine et par conséquent loin de l'Inde qu'il venait de parcourir.

M. Pauthier: «La lune a beaucoup de noms, mais ces noms sont

• compris sous cette dénomination (!). »

6.

言諸群生輪回不息。

S. J. Ils disent que tous les êtres reviennent sur eux-mêmes « comme une roue, sans jamais se reposer (c'est-à-dire meurent et renaissent sans interruption). »

M. Pauthier: «Ils disent que tous les êtres vivants tournent sans fin dans un cercle d'existences successives. »

Il est regrettable que M. Pauthier n'ait pas conservé la métaphore qu'emploie ici l'auteur, et qui est la seule adoptée en chinois pour rendre l'idée de la métempsychose.

7.

無明長夜。莫有司

晨。其猶白日旣隱。

S. J.: « Au milieu d'une longue nuit obscure, »

M. Pauthier: « Ceux qui ne sont pas éclairés par les lumières de l'intelligence subissent un long crépuscule. »

S. J. En l'absence du magistrat qui observe le temps (qui annonce les heures, en mandchou erin touwara khafan). »

M. Pauthier: Ceux qui n'ont pas, pour les guider dans la vie, la « lumière directrice de l'astre qui brille dans le ciel. »

S. J. Ils (les hommes) se trouvent comme lorsque l'éclat du soleil a disparu. »

M. Pauthier (Ils) ressemblent à ceux qui sont plongés dans les • ténèbres d'un jour brillant qui s'est obscurci. »

M. Pauthier pourrait-il dire ce que signifient les ténèbres d'un jour brillant? On voit qu'il n'a rien entendu à ce passage.

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