תמונות בעמוד
PDF
ePub

6o Il donne à l'épithète dissyllabique

kien yo, « ménager, <«< économe, » le rôle d'un adverbe (avec une louable économie). Tout le monde sait, cependant, que, d'après un usage presque constant, les adverbes chinois se mettent avant les verbes auxquels ils se rapportent. Je me contenterai de citer cet exemple du livre des

vers (livre Ta-ya, od. Wen-wang): 永言配命。自求 多

Yong-yen-p'eï-ming-tseu-khieou-to-fou; c'est-à-dire : Si

« l'homme pense constamment à s'unir aux vues du ciel, il s'attirera << lui-même beaucoup de bonheur.» (Cf. Rémusat, Grammaire chinoise, § 177.)

L'adverbe yong, «constamment, » précède le mot yen, qui signifie ici penser (en mandchou: gônitchi, s'il pense).

33.

其有富商大賈惟釧而己。

S. J. « Les riches colporteurs et les grands marchands des villes ne

<< portent d'autre ornement que des bracelets. >>

M. P. traduit : « Les marchands qui sont riches et qui font un

« grand commerce ne vendent que ces objets de luxe. »

ta-kou,

1° M. Pauthier divise en deux l'expression grands marchands-établis» (l'opposé de chang, « marchands <«< ambulants »), et il les traduit par faire un grand (ta) commerce (kou). Il n'a pas vu que ces deux expressions étaient employées ici pour former un de ces parallélismes que recherchent les écrivains chinois. Du reste, ces deux mots sont toujours associés ensemble. Meng-tseu, chap. I, pag. 17, 1.7 : « Les colporteurs (R (商 « chang) et les marchands établis (kou) désireront de déposer (les objets de leur commerce) dans les marchés du roi. »>

2o Il s'agit ici des habillements et des parures, et non des objets de commerce. Il y a en chinois : « les marchands (portent) seulement « des bracelets, et c'est tout. » M. P. traduit : « ne vendent que ces << objets de luxe.» Il oublie le mot bracelets, et rapporte les mots objets de luxe aux ornements qu'il a énumérés plus haut et qui n'existent pas dans le texte.

34.

人多徒跣。

S. J.: « Il y a beaucoup d'hommes qui marchent nu-pieds. »

M. P. traduit : « Les hommes sont très-adonnés à ces futilités ! »

Il est difficile d'imaginer comment l'on peut rendre

tou

tou, « aller à pied, » que M. P. aurait

sien, « aller nu-pieds,» par être adonné à des futilités. Voici, je crois, la cause de cette grave erreur. Le mot signifie quelquefois en vain; mais il semble dû être averti du sens qu'il a ici, par le mot

marcher nu-pieds. Ainsi l'analogie des mots

et

sien, qui signifie tou, «< aller à pied,»

sien, marcher nu-pieds, » ne laissait pas le plus léger doute

sur le sens. (Voy. § 38, 1°, lig. 7. Cf. Rémusat, Gram. chin. § 285.)

35.

修鼻大眼。

S. J. « Ils ont un long nez et de grands yeux. »

M. P. : « Ils ornent leur nez de grandes boucles pendantes. »

Le mot

sieou, dont M. Pauthier fait le verbe orner, a ici

le sens de long (voyez Morrison, Dictionnaire chinois, 1re part. clef 9,

pag. 120, col. 1. ff sieou-tchou, « de longs bambous. ») On peut aussi consulter le dictionnaire de Khang-hi:

Misse-meou-sieou-kouang, ces quatre taureaux sont longs ( sieou) et larges. Quant au mot yen, « les yeux, » M. Pauthier l'a pris pour ces larges anneaux de métal que certains peuples sauvages suspendent à leur nez! J'ajouterai que la construction des mots s'oppose au sens adopté par M. Pauthier. Les verbes qui signifient orner de veulent toujours la prépositioni, « avec, de, » avant l'objet qui sert d'ornement. Si, par impossible, sicou, « long, » et yen, « yeux,» signifiaient ici orner et anneaux de métal, il faudrait qu'il y eût dans le texte :★, mais l'expression sieou-i, «< orner de » n'existe pas en chinois;

on ditchi-i. Cf. Hiouen-thsang, liv. I, fol. 15, r., ligne 3 et

passim.

36.

金銀銅鐵每加摩瑩。

S. J. Ils frottent et polissent tous les ustensiles d'or, d'argent, de

<< cuivre et de fer. >>

M. P. «L'or, l'argent, le cuivre, l'acier, chacun de ces métaux ajoute a son éclat aux festins. »

10

1° Les motskia-mo-yong signifient simplement frotter et faire reluire. Le mot kia a l'extension du verbe latin addere (dans les locutions addere nitorem, donner de l'éclat, addere animos, donner du courage). Il a pour nominatif le mot fan,

<< quiconque (de la ligne précédente), » et non l'or, l'argent, le cuivre

et le fer.

2o Il n'y a pas ici un seul mot qui ait le sens de festins.

37.

饌食旣訖噲楊枝而為

淨澡漱未終無相執觸。

S. J.: «Lorsqu'ils ont terminé leur repas, ils mâchent une branche « de saule, et pour se purifier, ils se lavent les mains et la bouche. << Tant qu'ils n'ont pas fini, ils ne se touchent pas les uns les autres. »> M. P. « Le repas étant fini, on mâche des boutures de l'arbre « nommé yang ou figuier d'Inde; on fait ensuite ses purifications et « ablutions, qui ne sont pas considérées comme terminées tant que l'on « ne s'est pas bien frotté et essuyé les mains. »

Ce paragraphe renferme beaucoup de fautes.

1° L'arbre yang est le saule et non le figuier de l'Inde, ficus indica, que le P. Basile (no 8841) a pris, par erreur, pour le bananièr,

qui s'appelle, en chinois, pa-tsiao (voyez le Dictionnaire de Basile, n°8841 et Gonçalvez, Dictionnaire chinois-portugais, pag. 725). 2o L'expression tsao-seou veut dire se laver les mains et la bouche. C'est traduire d'une manière trop vague, que de remplacer ces mots par faire des purifications et ablutions.

3o M. Pauthier passe les mots wei-tsing, pour « se purifier (ils se lavent les mains et la bouche), » qui sont suivis d'un point (°), dans l'édition impériale; puis, confondant les mots wei-tchong, tant qu'ils n'ont pas

澡漱 tsao-seou, avec

fini, il traduit: «ces ablutions ne sont pas considérées comme ter<< minées. >>

Les mots weï-tchong, tant qu'ils n'ont pas fini, se rappor

tent aux huit mots précédents et non aux seuls mots

4o Il remplace les mots

sao-seou. wou-siang-tchi-tcho, «ils

« ne se touchent pas les uns les autres,» par ceux-ci : « tant qu'ils

ne se sont pas bien frotté et essuyé les mains! »

:

38

每有洩溺必事澡濯。

身塗諸香。所謂旃檀

鬱金也君王將趨

S. J. « Après avoir uriné, ils sont obligés de se baigner et de se « frotter le corps avec divers parfums qu'on appelle tchen-tan (santal) « et yo-kin (curcuma).

<< Quand le roi est sur le point de sortir, etc. »>

M. P. traduit: « Chacun doit aller se plonger et se laver dans l'eau ; « le devoir est de faire cette action en s'enduisant le corps avec de la « terre glaise délayée.

« Tous ces parfums que l'on nomme tchen-tan et yo-kin, les rois et «<les princes en font usage dans leurs bains. »

1° Il rend les mots

mei-yeou-seou-niao, chaque

« fois qu'ils ont uriné, » par « chacun doit aller se plonger et se << laver dans l'eau ! » Il s'est laissé tromper par le mot niao, « uriner, » qui signifie se plonger dans l'eau lorsqu'on le prononce ni; mais le mot précédent,seou, qui signifie toujours urina ou

mingere, suffisait pour l'éclairer sur le sens et le son du mot suivant. En chinois, lorsque les deux parties d'un mot dissyllabique se rapprochent par une analogie de signification, cette analogie en détermine le sens, quelles que soient d'ailleurs leurs autres acceptions. Par exemple, tou veut dire en vain, disciple et marcher à pied. Si on le joint au mot sien, qui veut toujours dire marcher nupieds, en prenant les deux sens analogues qui rapprochent ces deux mots, on conclura avec certitude que tou-sien veut dire marcher nu-pieds (voyez plus haut § 34).

I

[ocr errors]

2o M. Pauthier n'a pas compris le rôle et le sens du verbe thou, qui veut dire ici enduire, appliquer en enduisant, en frottant, (les deux parfums cités). Il a terminé la phrase au mot thou, et, comme ce mot thou signifie quelquefois boue, vase, il a traduit : «le devoir est de faire cette action en s'enduisant le corps AVEC DE « LA TERRE GLAISE DÉLAYÉE!» Puis, prenant les mots chen旃檀 tan et yo-kin, « sortes de parfums, » qui sont le régime 182 direct du verbe thou, appliquer en frottant,» il en a fait le nominatif de la phrase suivante. Tous ces parfums, dit-il, que l'on « nomme tchen-tan et yo-kin, les rois et les princes en font usage ⚫ dans leurs bains ! »

3o Il a encore mêlé deux phrases ensemble, en faisant rapporter les mots princes et rois de la phrase suivante au passage dont nous nous occupons, et qui s'applique uniquement: iis qui, post urinam redditam, se abluunt, et unguentis liniunt.

chin

4 Voici l'analyse grammaticale des mots thou-tchou-kiang: le premier mot est au cas locatif (sur le corps); le second veut dire appliquer en frottant; les deux suivants (divers parfums) sont le régime direct de ce verbe actif. M. P. ayant rejeté l'accusatiftchou-hiang (des parfums) dans la phrase suivante, où il les construit au nominatif, a considéré le locatif chin (sur

corps) comme le régime direct de thou, «< enduire. » Il a oublié qu'en chinois, un substantif placé avant un verbe actif ne peut en être le régime, à moins qu'il ne soit précédé d'une marque d'accusatif; le régime direct se place après le verbe.

39.

君王將趨奏鼓歌。

« הקודםהמשך »