Mes frayeurs cesseront enfin par cette paix STANCES Marquise, si mon visage Le temps aux plus belles choses Le même cours des planètes Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes Vous en avez qu'on adore; Ils pourront sauver la gloire Chez cette race nouvelle Pensez-y, belle marquise : : STANCES DE DON RODRIGUE (Le Cid, acte Ier.) Percé jusques au fond du cœur D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle, 1 Nous nous sommes interdit, par les raisons indiquées dans l'avant-propos du premier volume, les citations empruntées à la poésie dramatique proprement dite mais nous croyons devoir faire entrer dans ce recueil quelques extraits des morceaux lyriques que Corneille et Racine ont introduits dans leurs tragédies. Nous citons les stances du Cid qui nous paraissent supérieures à celles de Polyeucte, et nous donnons à la suite un remarquable chœur tiré d'une tragédie de Robert Garnier, l'un de nos plus anciens poëtes dramatiques. Il n'a écrit que des tragédies, et ne pouvait, par cette raison, avoir une place à part dans notre recueil; nous nous serions reproché toutefois d'omettre, dans un recueil de la poésie française, des vers d'un accent si ferme, et, vu l'époque où ils furent écrits, d'une correction presqu'irréprochable. C'est du reste le seul morceau vraiment digne d'être cité que nous ayons trouvé dans les nombreuses œuvres des prédécesseurs de Corneille. Deux émules de Garnier, Jodelle et Hardy, ont également, à l'imitation des anciens, introduit des chœurs dans leurs tragédies; mais c'est à peine si l'on glanerait chez le premier quelques strophes d'un tour plus élégant qu'énergique, et si, chez le second, on en trouverait une seule qui échappe au reproche de platitude et de prolixité que tous les critiques ont, avec raison, adressé à ce trop fécond improvisateur. (Note de l'éditeur.) Miserable vengeur d'une juste querelle, Si près de voir mon feu récompensé, O Dieu, l'étrange peine! En cet affront mon père est l'offensé, Que je sens de rudes combats! Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse : Des deux côtés mon mal est infini. Faut-il punir le père de Chimène? Père, maîtresse, honneur, amour, Noble et dure contrainte, aimable tyrannie, Mais ensemble amoureuse, Digne ennemi de mon plus grand bonheur, Fer qui causes ma peine, M'es-tu donné pour venger mon honneur? Il vaut mieux courir au trépas. Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père. Mon mal augmente à le vouloir guérir; Tout redouble ma peine. Allons, mon âme; et, puisqu'il faut mourir, Mourir sans tirer ma raison 1! Rechercher un trépas si mortel à ma gloire, N'écoutons plus ce penser suborneur, Qui ne sert qu'à ma peine. Allons, mon bras, sauvons du moins l'honneur, Oui, mon esprit s'était déçu. Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse : Et, tout honteux d'avoir tant balancé, Puisque aujourd'hui mon père est l'offensé, 1 C'est-à-dire sans me venger. CHŒUR DE SOUDARTS EXTRAIT DE LA TRAGÉDIE DE ROBERT GARNIER, INTITULÉE: TORCIE. (Acte III.) Soudarts, puisque les ennemis, De leurs corps mesurent la terre, Ne laschons nos princes vainqueurs, 3 Nous offrons tous les jours nos corps A cent et cent diverses morts, De tant de belliqueux efforts, Depuis que nous vismes les Gaules |