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Tu vois dessous toi l'injustice
Tâcher en vain de t'offenser;
D'un regard tu peux renverser
Et l'insolence et l'artifice.

Ton courage, au monstre fatal,

Est toujours plus fort que le mal; Sur le solide honneur sa base est établie: Le droit et la raison l'accompagnent toujours; Et, sans que sa vigueur soit jamais affaiblie, Qu'on cède ou qu'on résiste, il va d'un même cours.

Tu n'es point charmé des richesses;

Les dons ne te peuvent tenter,

Et tu n'en saurais accepter

Que pour en faire des largesses.

Si ton prince, outre ton souhait,
T'honore de quelque bienfait,

Soudain tu le répands en des grâces diverses;
Tu n'en as que la fleur, nous en avons le fruit:
Recevant les faveurs, aussitôt tu les verses;
Et le bien, qui te cherche, en même temps te fuit.

Durant la plus fière tempête,

Il abandonne son salut,

Et n'a pour véritable but ·

Que d'en garantir notre tête.

Avec quelque noire fureur

Que, plein de colère et d'horreur,

Le ciel tonne sur nous, et le sort nous poursuive,
A leurs traits inhumains il s'expose pour nous;
Et, parmi les transports d'une amour excessive,
Il n'est point de tourment qui ne lui semble doux.

Ébloui de clartés si grandes,
Incomparable Richelieu,
Ainsi qu'à notre demi-dieu;

Je te viens faire mes offrandes.

L'équitable siècle à venir

Adorera ton souvenir,

Et du siècle présent te nommera l'Alcide;

Tu serviras un jour d'objet à l'univers,

Aux ministres d'exemple, aux monarques de guide, De matière à l'histoire, et de sujet aux vers.

FRAGMENT DE LA PUCELLE

Loin des murs flamboyants qui renferment le monde,
Dans le centre caché d'une clarté profonde,
Dieu repose en lui-même, et, vêtu de splendeur,
Sans bornes est rempli de sa propre grandeur.
Une triple personne en une seule essence,
Le suprême pouvoir, la suprême science,
Et le suprême amour, unis en trinité,
Dans son règne éternel forment sa majesté.
Un volant bataillon de ministres fidèles,
Devant l'Être infini, soutenu sur ses ailes,
Dans un juste concert de trois fois trois degrés,
Lui chante incessamment des cantiques sacrés.
Sous son trône étoilé, patriarches, prophètes,
Apôtres, confesseurs, vierges, anachorètes,
Et ceux qui par leur sang ont cimenté la foi,
L'adorent à genoux, saint peuple du saint roi.
A sa gauche et debout, la Vierge immaculée,
Qui de grâce remplie et de vertu comblée,
Conçut le Rédempteur dans son pudique flanc,
Entre tous les élus obtient le premier rang.
Au même tribunal, où, tout bon, il réside,
La sage Providence à l'univers préside;
Et plus bas, à ses pieds, l'inflexible destin
Recueille les décrets du jugement divin.

De son être incréé tout est la créature;
Il voit rouler sous lui l'ordre de la nature,
Des éléments divers est l'unique lien,
Le père de la vie et la source du bien.
Tranquille possesseur de sa béatitude,
Il n'a le sein troublé d'aucune inquiétude,
Et voyant tout sujet aux lois du changement,
Seul, par lui-même, en soi, dure éternellement.
Ce qu'il veut une fois, est une loi fatale,
Qui toujours, malgré tout, à soi-même est égale,
Sans que rien soit si fort qu'il le puisse obliger
A se laisser jamais ni fléchir ni changer.
Du pécheur repenti la plainte lamentable,
Seule, peut ébranler son vouloir immuable,
Et, forçant sa justice et sa sévérité,
Arracher le tonnerre à son bras irrité.

CLAUDE DE MALEVILLE

4597 -1647

Maleville est encore un de ces poëtes courtisans qui firent leur chemin à travers les belles compagnies du commencement du XVIIe siècle. Secrétaire du maréchal de Bassompierre, puis du cardinal de Bérulle, et enfin sccrétaire du roi, il mourut à cinquante ans, à Paris, où il était né, après avoir été l'un des premiers membres de l'Académie française.

Maleville avait de l'imagination, du brillant, une facilité heureusement réglée par la belle facture des poëtes de son temps. Il y a telle pièce de lui qui rappelle ces peintures abondantes et compliquées des peintres de la Renaissance où toutes les formes de l'allégorie sont rassemblées pour exprimer un sentiment ou une idée. A cette époque de splendeur pour le sonnet, Maleville eut l'honneur d'être reputé l'un des plus irréprochables sonneurs il eut même la gloire d'effacer Voiture dans l'éclatant tournoi des sonnets de la Belle matineuse, dont Ménage a raconté les péripéties et nombré les combattants dans une lettre fameuse, adressée à V. Conrart. (V. OEuvres diverses de Ménage.) Maleville avait été l'un des hôtes les mieux accueillis de l'hôtel de Rambouillet; il contribua pour neuf fleurs à la célèbre guirlande de Julie. Ses œuvres se composent de sonnets, de stances, de rondeaux, de paraphrases des psaumes, etc. Nous donnons ici un échantillon de la plupart de ces divisions.

CHARLES ASSELINEAU.

Les poésies de Maleville ont été publiées en 4 vol. in-4. Paris, 1649. Sur Maleville, il faut surtout consulter les papiers de Conrart, que possède la bibliothèque de l'Arsenal, et les historiens modernes de l'hôtel de Rambouillet, MM. V. Cousin, Livet, etc.

PARAPHRASE DU PSAUME XXX

EXALTABO TE, DOMINE

Puisque tu m'as tiré du milieu de la fange, Et, pour le bien du monde, au monde conservé, Je veux tâcher, Seigneur, de porter ta louange Aussi haut que la gloire où tu m'as élevé.

J'ai trompé les méchants dont la rage couverte Ne trouvait de plaisir qu'en ma seule douleur, Et lorsqu'ils étaient près de rire de ma perte, Ils se trouvent réduits à soupirer la leur.

Le soin de ton amour, qui jamais ne sommeille, A calmé tout les maux dont j'étais agité, Et sitôt que mes cris ont touché ton oreille, Je sens que mes douleurs ont touché ta bonté.

Ta main, dont les faveurs ont mon âme assouvie, Ne verse plus pour moi que des fleuves de miel, Des ombres de la mort me conduit à la vie, Et du sein des enfers m'élève dans le ciel.

Favoris du Seigneur, grands saints, faites paraître
Que ses rares bienfaits ne peuvent s'oublier,
Que c'est les mériter que de les reconnaître,
Et payer son amour que de le publier.

Je ne sens pas plutôt les traits de sa colère,
Que sa miséricorde arrive à mon secours :
L'espace d'un moment limite ma misère,
Et ma prospérité dure plus que mes jours.

Si, le soir, j'ai reçu quelque plaie inhumaine, Le matin j'en guéris par un doux appareil;

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