Il retenoit du badaudage ; Et faisoit un peu le mutin Quand on le sangloit trop matin. Or bien, il est mort sans envie, : Pour veau peut estre, ou pour mouton. De cette façon magnifique, O rigueur estrange du sort! Vostre asne, ma commere, est mort: CHANSON Serein je voudrois estre, et soubs un vert plumage, Solitaire passer le reste de mon age, Ma sereine chantant. Oyseau, je volerois à toute heure autour d'elle, 3 J'arresteroy mon vol 2, et brusleroy mon aile Aux rayons de ses yeux. 4 A longs traits j'humeroy la poison amoureuse Lui descouvrant à nu mon ame douloureuse Et mon cœur languissant. En me voyant mourir, elle prendroit, peut-estre, Car le ciel, à la veoir, ne luy a point fait naistre J'auroy beau luy conter, sans soupçon et sans crainte, Bien qu'echo reportast dedans le ciel ma plainte Parfois espoinçonné d'une plus belle envie, Sur ses levres le miel et la douce ambrosie Dont se paist Jupiter. Sous mon plumage vert, à ces beaux exercices, Tout confit en douceurs, tout confit en delices, Puis, le soir arrivé, je feroy ma retraite Racomptant à la nuit, mere d'amour secrette, 1 Pour serine. : - 2 Pour: j'arrêterais. - 3 Pour: brûlerai. Notre poëte emploie indifféremment le conditionnel et le futur présents. Ce substantif était féminin. -5 Aiguillonné. -6 Nourrit. --7 Pour: racontant. Oui, Boileau a raison : Malherbe enfin fit entendre à la France de vrais accents lyriques; mais peut-être devons-nous l'admirer moins encore comme poëte (malgré tant de beaux vers!) que comme législateur et réformateur de la langue. C'est à ce point de vue principalement que son rôle est curieux et nous offre un spectacle vraiment héroïque. Jamais homme en effet ne déploya une telle énergie, une telle intrépidité pour épurer, choisir, observer à la loupe tous les mots d'une langue. 1 Nous avons pris l'ordre chronologique pour règle dans le classement de nos notices, mais nous n'avons pas cru devoir omettre la division par siècles littéraires, que l'usage et la logique ont consacrée. Or, la critique est ici en désaccord avec l'Art de vérifier les dates. Pour elle, un écrivain n'appartient pas au siècle où il est né, mais à celui qu'il a illustré par ses écrits. Ainsi, Malherbe ouvre le XVIIe siècle qui relève de lui, en poésie, comme le XVIIIe relève de Voltaire, et le xix de M. de Lamartine. (Note de l'Éditeur.) |