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Il retenoit du badaudage ;

Et faisoit un peu le mutin

Quand on le sangloit trop matin.
Toutesfois je n'ay cognoissance
S'il y avoit eu sa naissance :
Quoy qu'il en soit, certainement
Il y demeura longuement,
Et soustint la guerre civile
Pendant les sièges de la ville,
Sans jamais en estre sorty,
Car il estoit du bon party:
Dà, et si le fit bien paroistre,
Quand le pauvret aima mieux estre
Pour l'Union en pièces mis,
Que vif se rendre aux ennemis :
Tel Seize qui de foy se vante,
Ne voudroit ainsy mettre en vente
Son corps par pièces estallé,
Et veut qu'on l'estime zelé.

Or bien, il est mort sans envie,
La ligue luy cousta la vie :
Pour le moins eut il ce bonheur,
Que de mourir au lict d'honneur,
Et de verser son sang à terre,
Parmy les efforts de la guerre,
Non point de vieillesse accablé,
Rogneux, galeux, au coing d'un blé.
Plus belle fin luy estoit due
Sa mort fut assez cher vendue,
Car au boucher qui l'acheta,
Trente escuz d'or sol il cousta :
La chair par membres despecée
Tout soudain en fut dispersée
Au legat, et le vendit on

:

Pour veau peut estre, ou pour mouton.

De cette façon magnifique,
En la necessité publique,

O rigueur estrange du sort!

Vostre asne, ma commere, est mort:
Vostre asne, qui, par adventure,
Fut un chef-d'œuvre de nature.

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CHANSON

Serein je voudrois estre, et soubs un vert plumage,
Çà et là voletant,

Solitaire passer le reste de mon age,

Ma sereine chantant.

Oyseau, je volerois à toute heure autour d'elle,
Puis sur ses beaux cheveux

3

J'arresteroy mon vol 2, et brusleroy mon aile

Aux rayons de ses yeux.

4

A longs traits j'humeroy la poison amoureuse
Sur son sein trepassant :

Lui descouvrant à nu mon ame douloureuse

Et mon cœur languissant.

En me voyant mourir, elle prendroit, peut-estre,
Pitié de ma langueur,

Car le ciel, à la veoir, ne luy a point fait naistre
Un roc au lieu de cœur.

J'auroy beau luy conter, sans soupçon et sans crainte,
La peine que je sens,

Bien qu'echo reportast dedans le ciel ma plainte
Et mes tristes accents.

Parfois espoinçonné d'une plus belle envie,
Je vouldroy becqueter

Sur ses levres le miel et la douce ambrosie

Dont se paist Jupiter.

Sous mon plumage vert, à ces beaux exercices,
Je passerois le jour,

Tout confit en douceurs, tout confit en delices,
Tout confit en amour.

Puis, le soir arrivé, je feroy ma retraite
Dans ce bois entassé,

Racomptant à la nuit, mere d'amour secrette,
Tout le plaisir passé.

1 Pour serine. :

- 2 Pour: j'arrêterais. - 3 Pour: brûlerai. Notre poëte emploie indifféremment le conditionnel et le futur présents. Ce substantif était féminin. -5 Aiguillonné. -6 Nourrit. --7 Pour: racontant.

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Oui, Boileau a raison : Malherbe enfin fit entendre à la France de vrais accents lyriques; mais peut-être devons-nous l'admirer moins encore comme poëte (malgré tant de beaux vers!) que comme législateur et réformateur de la langue. C'est à ce point de vue principalement que son rôle est curieux et nous offre un spectacle vraiment héroïque.

Jamais homme en effet ne déploya une telle énergie, une telle intrépidité pour épurer, choisir, observer à la loupe tous les mots d'une langue.

1 Nous avons pris l'ordre chronologique pour règle dans le classement de nos notices, mais nous n'avons pas cru devoir omettre la division par siècles littéraires, que l'usage et la logique ont consacrée. Or, la critique est ici en désaccord avec l'Art de vérifier les dates. Pour elle, un écrivain n'appartient pas au siècle où il est né, mais à celui qu'il a illustré par ses écrits. Ainsi, Malherbe ouvre le XVIIe siècle qui relève de lui, en poésie, comme le XVIIIe relève de Voltaire, et le xix de M. de Lamartine. (Note de l'Éditeur.)

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