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liberté de conscience. La religion est un des plus grands avantages de l'homme; tous les hommes l'envisagent sur ce pied-là; tout ce qui va à leur òter la liberté à cet égard leur paraît insupportable. Ils ne sauraient s'accoutumer qu'avec peine à un gouvernement qui les tyrannise là-dessus. La France, l'Espagne et la Hollande nous présentent aujourd'hui des preuves sensibles de la vérité de ces remarques. Les persécutions ont fait perdre à la première une très-grande partie de ses habitants, ce qui l'a considérablement affaiblie; la seconde se trouve presque dépeuplée aujourd'hui, et cette dépopulation est causée principalement par cet établissement barbare et tyrannique que l'on appelle l'inquisition : établissement également outrageux à la Divinité et pernicieux à la société humaine, et qui a fait d'un des plus beaux pays pays de l'Europe une espèce de désert. La troisième enfin, au moyen d'une entière liberté de conscience qu'elle offre à tout le monde, s'est considérablement augmentée au milieu même des guerres et des disgrâces; elle s'est élevée pour ainsi dire sur les débris des autres nations, et elle jouit d'un crédit et d'une prospérité dont elle est redevable au nombre de ses habitants, qui lui ont apporté tout à la fois la force, le commerce et les richesses. Voyez BURLAMAQUI, 4 part., c. i, tom. VII; WATTEL, liv. III, chap. 1; PUFFENDORF, liv. VIII, chap. vi; GROTIUS, liv. I, chap. m.

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LEÇON XXI.

Causes de la guerre.

QUICONQUE aura une idée de la guerre, quiconque réfléchira à ses effets terribles, aux suites funestes qu'elle traîne après elle, conviendra aisément qu'elle ne doit point être entreprise sans les plus fortes raisons; l'humanité se révolte contre un souverain qui prodigue le sang de ses plus fidèles sujets, sans nécessité ou sans des raisons pressantes; qui expose son peuple aux calamités de la guerre, lorsqu'il pourrait le faire jouir d'une paix glorieuse et salutaire. Que si à l'imprudence et au manque d'amour pour son peuple il joint l'injustice envers ceux qu'il attaque, de quel crime, ou plutôt de quelle effroyable suite de crimes ne se rend-il point coupable? Chargé de tous les maux qu'il attire à ses sujets, il est coupable encore de tous ceux qu'il porte chez un peuple innocent; le sang versé, les villes saccagées, les provinces ruinées, voilà ses forfaits. On ne tue pas un homme, on ne brûle pas une chaumière dont il ne soit responsable devant Dieu et comptable à l'humanité. Les violences, les crimes, les désordres de toute espèce qu'entraînent le tumulte et la licence des armes, souillent sa conscience et sont mis sur son compte, parce qu'il en est le premier auteur.

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Cependant si les hommes étaient toujours raisonnables comme ils devraient l'être, ils ne combattraient que par les armes de la raison : la justice et l'équité naturelle serait leur règle et leur juge. Les voies de la force sont une triste et malheureuse ressource contre ceux qui méprisent la justice et qui refusent d'écouter la raison; mais enfin il faut bien venir à ce moyen quand tout autre est inutile. Une nation juste et sage, un bon prince n'y recourt qu'à l'extrémité et par des raisons fort pressantes.

Pour entrer dans quelque détail là-dessus, il faut distinguer entre les raisons justificatives et les motifs de la guerre. Les premières sont celles qui rendent en effet ou qui paraissent rendre la guerre juste, par rapport à l'ennemi, en sorte qu'on croit ne lui faire aucun tort en prenant les armes contre lui; les motifs ce sont les vues d'intérêt qui nous déterminent à déclarer la guerre. Ainsi dans la guerre d'Alexandre contre Darius, la raison justificative dont le premier se servait, était qu'il voulait venger les injures que les Grecs avaient reçues des Perses. Les motifs étaient l'ambition, la vanité et l'avarice de ce conquérant, qui se portait d'autant plus volontiers à prendre les armes, que les expéditions de Xénophon et d'Agésilas lui faisaient concevoir une grande espérance de réussir aisément. La raison justificative de la seconde guerre punique fut le démêlé au sujet de la ville de Sagonte. Le motif en était l'indignation des Carthaginois, de ce que les Ro

mains leur avaient extorqué des conditions onéreuses dans le temps que la fortune ne leur était pas favorable, et l'encouragement que leur donnait le bon succès de leurs armes en Espagne.

Dans une guerre innocente à tous égards, et parfaitement juste, il faut non-seulement que la raison justificative soit légitime, mais encore qu'elle se confonde avec le motif, c'est-à-dire que l'on n'entreprenne la guerre que par la nécessité où l'on se voit réduit de se défendre contre les insultes d'autrui, de se faire rendre ce qui nous est inviolablement dû, ou d'obtenir la réparation d'une injure manifeste.

La raison véritable de cette proposition est fondée sur ce qu'une nation ou son conducteur n'ayant pas seulement à garder la justice dans toutes ses démarches, mais encore à les régler constamment sur le bien de l'État, il faut que des motifs honnêtes et louables concourent avec les raisons justificatives pour lui faire entreprendre la guerre. Ces raisons font voir que le souverain est en droit de prendre les armes, qu'il en a un juste sujet ; les motifs honnêtes montrent qu'il est à propos, qu'il est convenable dans le cas dont il s'agit d'user de son droit; ils se rapportent à lá prudence, comme les raisons justificatives appartiennent à la justice. Ainsi c'est aux tribunaux de la justice et de la prudence à décider la question qui regarde la justice d'une guerre, tout comme c'est à ces mêmes tribunaux de décider si les actions sont honnêtes.

Une guerre peut être vicieuse ou injuste, à l'égard de ses causes, en quatre manières :

1° Lorsqu'on l'entreprend sans aucune raison justificative, ni aucun motif d'utilité tant soit peu apparente, mais seulement par une fureur insensée et brutale qui fait aimer le sang et le carnage pour lui-même; mais on peut douter raisonnablement si l'on peut trouver aucun exemple d'une guerre si barbare.

2° Lorsqu'on attaque les autres uniquement pour son propre intérêt, sans qu'ils nous aient fait aucun tort, c'est-à-dire lorsque l'on manque de causes justificatives, et ces sortes de guerres sont, par rapport à l'agresseur, de véritables brigandages.

3° Lorsqu'on a des motifs fondés sur des causes justificatives, mais qui n'ont qu'une équité apparente, et qui étant bien examinées se trouvent au fond illégitimes.

4° Enfin on peut encore dire que la guerre est injuste, lorsque ayant de bonnes raisons justificatives on l'entreprend cependant par d'autres motifs qui n'ont aucun rapport avec le tort que l'on a reçu, comme pour s'acquérir une vaine gloire, pour étendre sa domination, etc.

De ces quatre sortes de guerre dont l'entreprise renferme quelque injustice, la troisième et la dernière sont très-communes ; car il n'y a guère de nations assez barbares pour prendre les armes şans alléguer quelques espèces de raisons justificatives. Il n'est pas bien difficile de découvrir l'in

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