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prix de toutes choses, qu'elle engage tout le monde à resserrer ou à envoyer au dehors les bonnes espèces anciennes, et qu'elle suspend la circulation de l'argent. En sorte qu'il est du devoir de toute nation, de tout souverain, de s'abstenir autant qu'il est possible d'une opération si dangereuse, et de recourir plutôt à des impôts et à des contributions extraordinaires pour subvenir aux besoins pressants de l'État.

L'État donc ou le prince doit être garant de la bonté de la monnaie et de son cours, et par conséquent c'est à l'autorité publique seule qu'appartient le droit de la faire fabriquer. Ceux qui la contrefont violent les droits du souverain, soit qu'ils la fassent au même titre, soit qu'ils l'altèrent. On les appelle faux monnayeurs, et leur crime passe avec raison pour un des plus

graves.

15° Une des fins de la société politique est de se défendre, à forces unies, contre toute insulte ou violence du dehors. Or si la société n'est pas en état de repousser un agresseur, elle est trèsimparfaite; elle manque à sa principale destination et ne peut subsister long-temps. La nation donc doit se mettre en état de repousser et de dompter un injuste ennemi. C'est là un des principaux devoirs du souverain.

La puissance d'un État consiste en trois choses, dans le nombre des citoyens, dans leurs vertus militaires et dans les richesses. Le souverain donc doit s'appliquer premièrement à multiplier le

nombre des citoyens, autant que cela est possible et convenable. Il y réussira en faisant régner l'abondance dans le pays, comme il y est obligé ; en procurant à chacun les moyens de gagner par son travail de quoi nourrir une famille; en donnant de bons ordres pour que les sujets faibles et surtout les laboureurs ne soient pas vexés et opprimés par la levée des impôts; en gouvernant avec douceur et d'une manière qui bien loin de dégoûter et de disperser les sujets, en attire plutôt de nouveaux; enfin en encourageant le mariage.

16° La gloire d'une nation tient intimement à sa puissance, et en fait une partie très-considérable. C'est ce brillant avantage qui lui attire la considération des autres peuples, qui la rend respectable à ses voisins. Une nation dont la réputation est bien établie, et principalement celle dont la gloire est éclatante, se voit recherchée de tous; chacun désire son amitié et craint de l'offenser: ses amis et ceux qui souhaitent de le devenir favorisent ses entreprises, et ses envieux n'osent manifester leur mauvaise volonté. Il est donc trèsavantageux à une nation d'établir sa réputation et sa gloire, et ce soin devient l'un de ses plus importants devoirs envers elle-même. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la véritable gloire consiste dans le jugement avantageux des gens sages et éclairés, et ne s'acquiert que par les vertus, par les qualités de l'esprit et du cœur, et par les belles actions qui sont les fruits de ces vertus. Une nation

la

peut la mériter à double titre : 1° par les diverses choses qu'elle fait en qualité de nation, par conduite de ceux qui administrent les affaires publiques, et qui ont en main l'autorité et le gouvernement; 2o par le mérite des particuliers qui composent la nation.

:

Un prince, un souverain quel qu'il soit, qui se doit tout entier à sa nation, est sans doute obligé d'en étendre la gloire autant que cela dépend de lui. Il doit toujours avoir cet objet devant les yeux, et dans tout ce qu'il entreprend, et dans l'usage qu'il fait de son pouvoir. Qu'il fasse briller la justice, la modération, la grandeur d'âme dans toutes les occasions il se procurera à lui-même et à son peuple un nom respectable dans l'univers, et non moins utile que glorieux. La gloire de Henri IV sauva la France: dans l'état déplorable où il trouva les affaires, ses vertus encouragèrent les sujets fidèles, donnèrent aux étrangers la hardiesse de le secourir, de se liguer avec lui contre l'Espagne. Un prince faible et peu estimé eût été abandonné de tout le monde; on eût craint de s'associer à sa ruine.

17o Mais le devoir du souverain qui tient de plus près à la fin de l'établissement de la société et qui en forme le lien le plus étroit, c'est la protection qu'il doit à ses sujets. Ce fut en vue de cette protection contre les attaques internes et externes que les hommes furent principalement déterminés à s'unir en société ; c'est cette protection qui nous assure la paisible jouissance de nos

droits; c'est elle qui nous assure nos vies, nos biens, notre honneur; c'est elle qui dicta cette réponse noble et juste d'une femme qui demandait le troupeau qu'on lui avait enlevé pendant son sommeil : Vous dormiez donc bien profondément, lui dit le magistrat. Oui, répond cette femme intrépide, parce que je croyais que vous veilliez pour moi. C'est elle qui donne le droit à tout citoyen offensé de dire à son souverain : Je suis offensé, et peut-être je serais déjà vengé si vous ne m'aviez lié les mains avec vos lois ; je ne m'en plains pas; moi-même j'y ai consenti, mais sous la condition que vous prendriez ma place en déployant pour ma défense toute la force publique. J'ai rempli mon engagement et je n'ai point agi; c'est à vous d'exécuter le votre en agissant pour moi; chaque moment perdu est une violation de vos serments, et il serait affreux de m'avoir été les forces de l'état de nature pour me livrer sans défense aux maux de l'état civil. La protection que le souverain doit à ses sujets est tellement identifiée pour ainsi dire avec la souveraineté, que sans protection la souveraineté n'existe plus. Un souverain qui ne protége pas ses sujets dans toutes les occasions est indigne de ce nom; et les sujets abandonnés sont censés délivrés des engagements de la société civile, et remis à leur état primitif par la loi de la conservation, qui non-seulement leur rend leur liberté, mais les y oblige de la manière la plus forte. La balance des devoirs et des droits réciproques qui fait la base de l'état naturel

ne fait

:

pas moins celle de l'état civil. Si le droit du souverain est que ses sujets lui obéissent, son devoir est aussi d'assurer la vie, l'honneur, les biens de ses sujets c'est parce qu'il doit protection et sûreté qu'on lui doit obéissance et partage dans les récoltes. Le territoire de Zug, attaqué par les Suisses en 1352, envoya au duc d'Autriche son souverain pour en obtenir du secours : ce prince imbécile daigna à peine écouter les députés. Ce peuple abandonné entra dans la confédération helvétique. La ville de Zurich s'était vue dans le même cas une année auparavant. Attaquée par des citoyens rebelles soutenus de la noblesse des environs et par la maison d'Autriche, elle s'adressa au chef de l'empire. Mais Charles IV, pour lors enpereur, déclara à ses députés qu'il ne pouvait la défendre. Zurich entra et trouva son salut dans l'alliance des Suisses.

C'est ce devoir encore qui forme proprement le souverain et qui en affermit le trône. C'est ce devoir enfin qui fait briller tous les autres aux yeux de la nation, et qui même souvent lui empêche de sentir que le souverain néglige ou foule aux pieds les autres. Cromwell était un usurpateur bien odieux. Il avait forcé la religion d'être sa complice. Il avait souillé l'Angleterre du sang le plus précieux. Il avait volé la couronne, et, 'n'osant la mettre sur sa tête, il se faisait obéir en la portant à sa main. Il était cruel, sans foi, voluptueux; il avait l'âme de Néron avec le cœur d'Attila, mais il respectait les droits des particu

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