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NOYEN - LE COLLÈGE

(SUITE)

V

Pour compléter notre travail sur l'instruction à Noyen, nous donnerons également quelques notes sur l'école des filles.

Elle fut établie par Madame la Marquise de Kerveno, l'insigne bienfaitrice de la paroisse en 1637. La noble dame venait de fonder un petit couvent de sœurs Elisabéthines qui devaient s'occuper de l'instruction et de l'éducation des filles (1), en même temps que d'œuvres pieuses et charitables. L'établissement fut ruiné par la faillite de la banque de Law et ce qui en resta fut réuni aux biens des sœurs des Maillets, au Mans.

Mgr Louis Michel de Chamillart, comte de la Suze, grand maréchal des logis de la maison du roi, lieutenant général des armées, gouverneur de MontDauphin, était alors baron de Noyen; il avait acheté la seigneurie du lieu à M. de La Rochefoucauld. Il s'occupa sans tarder de conserver aux filles, malgré le départ des sœurs, le bienfait de l'instruction. Et c'est dans ce but qu'il s'entendit avec l'évêque du Mans, Mgr de Grimaldi. Celui-ci avait décrété le 15 décembre 1771 l'extinction et suppression du monastère de Noyen et son union à celui des Maillets au Mans. Par un nouvel acte du 4 avril 1772, à la requête de M. de Chamillart, il statua que les anciens biens des sœurs Elisabethines seraient employés à une école de charité où seraient reçues les jeunes filles et de préférence les orphelines de la paroisse. La nouvelle école fut confiée

(1) Lire notre article: Le Couvent des Cordelières à Noyen, Annales Fléchoises, no1 2-5,

à quatre sœurs de La Chapelle-au-Riboul qui, plus tard, prirent le nom de sœurs d'Evron, quand elles eurent pour maison mère la vieille abbaye de ce pays. Ces religieuses (1) devaient aussi prendre le soin des malades. En 1789, les revenus de l'école s'élevaient à 1.853 fr., dont 1.140 furent aliénés en 1793 (2).

Les bâtiments furent vendus et rachetés par M. Delétang de la Danière.

L'an III, les autres dépendances de l'école furent également mises en adjudication.

Champ des Petites Lisses, au collège des filles de Noyen, adjugé à André Blanche, cultivateur à Noyen, pour 1.075 livres.

Bois et taillis (12 journaux 1/2) et champ, à Jean Deshayes, cultivateur, pour 1.300 livres.

Champ de la Croix-Blanche, à Marin Ritrou, tailleur de pierres à Noyen, pour 2.050 livres.

Le Vieux-Pré, à François Morin, procureur-syndic de ce district, pour 1.725 livres.

Bordage du Grand-Chaumont, à Charles-Sébastien Maréchal, père, de La Flèche, pour 8.150 livres.

Pré de la Paluelle, à la veuve René Dégoulet, marchande à Noyen, pour 1.950 livres.

Taillis des Bourdigalles et champ des Greffants, à Jean Deshayes, cultivateur à Noyen, pour 1.300 livres. Champ Blin et des Greffants, closerie du Petit-Mons, à Michel Rouget, médecin-chirurgien, pour 12.150 livres.

Une des religieuses de Noyen mourut sur l'échafaud. Jeanne Véron, née à Quelaines, entra de bonne heure dans la congrégation des sœurs de La Chapelleau-Riboul. Elle exerça d'abord sous le nom de sœur Rosalie les fonctions de sa charitable profession à Noyen où elle laissa un précieux souvenir de sa

(1) En 1752, Elisabeth Launay, maitresse d'école.

En 1786, Renée Rossignol, sœur de charité, maîtresse d'école. (2) Archives dép. T. 37. G. 402.

charité, de son zèle, de sa douceur et de toutes les vertus qui font la religieuse parfaite. Appelée ensuite par l'obéissance dans la paroisse de Dompierre-lesLandes, sa conduite ne se démentit pas un seul jour. Elle était pour tous ceux qui l'approchaient une de ces âmes qui semblent vivre toutes du Ciel et qui ne se rapprochent de la terre que pour y répandre les trésors d'un cœur surabondant de tendresse pour leurs frères. Dénoncée comme d'autres de ses compagnes pour avoir exercé la charité envers tous les infortunés, on vint pour l'arrêter. Il paraît qu'elle essaya de s'enfuir; les soldats criblèrent de balles ses habits et lui dirent en la renvoyant : « Puisque tu n'es pas morte et que les balles ne t'ont fait aucun mal, va-t-en. » Elle fut néanmoins mise en prison à Ernée. Atteinte depuis longtemps d'une hydropisie très dangereuse, son mal augmenta rapidement durant sa captivité, et il fallut la transporter à l'hôpital. C'est de là que les hommes de sang qui commandaient alors allèrent l'arracher à son lit de douleur pour l'amener devant ses juges. Transportée dans un siège au tribunal, ne pouvant plus faire aucun mouvement de ses membres, elle montra que la douleur qui avait accablé son corps n'avait pu rien enlever à l'énergie de son âme. Sa confession de foi ne fut pas moins belle que celle de sa compagne et son sort fut le même. Elle fut portée dans un fauteuil, d'autres disent dans un van, jusque sur l'échafaud (1).

Quand les religieuses eurent quitté Noyen, à la Révolution, une dame Bizeray, d'ailleurs très honorable, prit la direction de l'école des filles. Elle reçut pour traitement 12 livres par mois. Le 30 septembre 1792, elle réclama sur la modicité de cette somme, << personne n'ayant à se plaindre de sa manière d'enseigner. » On lui accorda 200 livres payables tous les

(1) Dom Piolin IX, 18, 20.

trois mois ; mais on lui retint 20 livres par trimestre pour payer une dette qu'elle avait contractée envers la fabrique de Saint-Pierre.

En frimaire an X, le conseil municipal s'occupant de relever les établissements scolaires de la commune, «la citoyenne Bizeray n'ayant pas cessé de mériter la confiance publique » fut maintenue dans sa charge. Nous avons vu plus haut qu'elle eut à subir les mêmes ennuis que l'instituteur par suite de l'insuffisance des locaux.

Sur ces entrefaites, M. Delétang de la Danière, qui avait acheté les biens des anciennes religieuses, les rendit à leur destination primitive. Un décret impérial du 6 juin 1807 accordait l'autorisation d'ouvrir un nouvel établissement de religieuses d'Evron se consacrant à l'éducation des filles (1). Sans doute, les démarches, les reconstructions, etc., durèrent plusieurs années; car en 1811 on trouve encore Me Bizeray à la tête de l'école et recevant à titre d'indemnité de logement, 72 fr.

1844. Les élèves payantes avaient plus d'instruction; les pauvres n'apprenaient qu'à lire, ne pouvant acheter ni plumes, ni crayons, etc... La Supérieure de l'école demanda que la commune fit cette dépense par égalité et charité pour les pauvres. Le conseil vota 30 fr.

Jusqu'à maintenant l'école a été dirigée par des religieuses. Une nouvelle bourrasque les chassera-telle? Mais l'arbre de la religion chrétienne a de fortes racines, et, si les branches frémissent et se brisent parfois sous l'effort de la tempête, le tronc défie tous les orages. Les persécuteurs passeront et les religieuses reviendront.

MAURICE LEVEAU,

(1) D'après ce décret, la maison et ses dépendances étaient estimées 3.000 livres en principal.

MINISTRES PROTESTANTS CONVERTIS

Le jour de la Pentecôte de l'année 1683, Messire Henry Arnauld, évêque d'Angers, reçut dans sa cathédrale l'abjuration de sept protestants. La cérémonie eut lieu à l'issue des vêpres en présence d'une foule considérable de fidèles; après la profession de foi des nouveaux convertis, l'évêque leur adressa une touchante allocution, puis le chant du Te Deum clôtura la fête. Parmi eux se trouvaient deux ministres célèbres, dont la conversion fit beaucoup de bruit dans toute la France, David Gilly, ministre à Baugé, et David Courdil, ministre à Paimperdu, paroisse de Savigné-sous-Rillé, et précédemment à Château-duLoir (1). Elus dans la suite membres de l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres d'Angers, tous deux jouirent d'une grande réputation auprès de leurs contemporains, et Pocquet de Livonnière les a fait figurer dans sa galerie des Illustres d'Anjou. Voici la notice que le savant professeur de l'Université d'Angers, le successeur de l'un d'eux à l'Académie, consacre à ces ministres protestants convertis (2):

DAVID GILLY était né en 1648 dans le Bas-Languedoc de parents calvinistes. Dès l'âge de 7 ans, il exposait des prières si édifiantes, que ses amis, leurs amis et voisins, s'assemblaient pour les lui entendre pro

(1) Les autres convertis étaient Etienne Clément, ancien du Consistoire de Sorges, Jacques de Beaulieu, docteur en médecine, Julien Garnier, Claude Bouchet et Michel Deneu. Tous furent présentés à l'évêque par M. d'Autichamp, lieutenant pour Sa Majesté au gouvernement d'Angers, et commissaire catholique nommé par le roi pour assister au synode de Sorges.

Claude-Gabriel

(4) Bibliothèque d'Angers, mss 1067 et 1068. Pocquet de Livonnière, né le 21 octobre 1684, mourut le 27 février

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