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Flèche n'est-il point l'un de ces faux cahiers rédigés en si grand nombre, même en 1789? Nous ne posons pas la question, nous en laissons l'honneur à M. Brette, respectant ce doute légitime, ce judicieux esprit de circonspection, à notre époque surtout, où tant de vénérables antiquités sont déclarées fausses. Toutefois, rassurons M. Brette: le cahier fléchois a tous les cachets d'authenticité.

Ce que nous comprenons moins, c'est le mode indiqué pour découvrir ces faux cahiers : « Une sérieuse étude des règles de la Convocation des Etats-Généraux en 1789 est le seul moyen d'éviter les erreurs et méprises ». Nous avouons ne trouver aucune corrélation entre cette étude, dont nous reconnaissons l'utilité comme l'importance, et les faux cahiers des Sénéchaussées.

Nous ne voulons pas pousser plus loin ce qui ne doit être qu'un compte rendu. Si l'attaque s'est montrée violente et très exagérée du côté de M. A. Brette, la réponse de M. Uzureau a été aussi claire et aussi concluante que possible. Nous y renvoyons ceux de nos lecteurs, qui veulent bien s'intéresser à toutes ces importantes questions d'histoire locale.

P. CALENDINI.

NOTRE CONCOURS

On nous demande de prolonger notre concours jusqu'à la fin d'octobre. Nous accordons volontiers cette prolongation, mais nous prions cependant les concurrents de ne pas trop retarder leurs envois.

Les Annales Fléchoises.

L'Administrateur-Gérant, EUG. BESNIER.

VARIÉTÉ

UNE PAGE MÉMORABLE

DU LIVRE DES ACTES >>>

Au retour d'un récent voyage à Malle, notre cher collaborateur, Jean de Beauregard, veut bien nous adresser quelques « notes de route » qui, pour ne pas rentrer bien directement dans le cadre ordinaire des Annales, ne laisseront pas, nous en sommes sûrs, d'être lues avec un vif intérêt dans la vallée du Loir. (Note de la Rédaction.)

L'Apôtre Saint Paul et les Maltais

La plus pure gloire de l'île de Malte n'est point, comme on pourrait le croire, d'être une colonie de la « plus Grande Bretagne », non plus que son plus réel bonheur n'est de vivre, depuis quelques années, sous l'administration clémente de M. Chamberlain. Sa gloire la plus haute, c'est d'avoir su offrir à l'Apôtre saint Paul une généreuse hospitalité ; et son bonheur le plus vrai, c'est d'avoir reçu de lui, en échange, l'inappréciable bienfait de la semence de la Bonne Nouvelle; c'est d'en avoir soigneusement conservé intact le trésor, à travers les siècles.

Une nuit d'automne de l'an de grâce 56, un vaisseau d'Alexandrie qui arrivait de Lystre, en Lycie, poussé par une violente tempête du nord-est, vint s'échouer sur la côte septentrionale de l'île de Malte, où son équipage et ses passagers furent

recueillis. Parmi ces derniers se trouvait un citoyen romain originaire de Tarse, le Cilicien Paul, l'ancien disciple de Gamaliel et le grand converti du chemin de Damas, que l'on menait à Rome, sous bonne garde. Festus lui avait dit : « Tu en appelles à César? Tu iras à César ». Et Julius, centurion de la cohorte Augusta, le conduisait donc en Italie, avec d'autres prisonniers.

Il faut relire, à ce propos, d'un œil curieux et pénétrant, le chapitre XXVIIe du Livre des Actes, où l'auteur nous fait la description de cette traversée émouvante, page d'épopée autant au moins que page d'histoire, et incontestablement l'une des plus belles du Testament Nouveau.

Paul était monté d'abord, en quittant l'Asie, sur un navire d'Adrumète qui avait dû successivement relâcher à Sidon et à Chypre, parce que les vents étaient contraires. Mais le centurion Julius trouva, à Lystre, un navire d'Alexandrie qui partait pour l'Italie, et il s'empressa d'y embarquer ses captifs. On arriva ainsi à Gnide, et l'on côtoya la Crète; puis, à Bonsports, près de Thalasse. Toutefois, lorsqu'on voulut gagner Phénice, port crétois plus favorable pour passer les mauvais jours, un vent furieux, l'euro-aquilon, se leva tout à coup, qui emporta le vaisseau à la dérive et le poussa vers l'île de Cauda. La tempête faisait rage. En vain l'on précipita à la mer les marchandises; en vain l'on allégea le navire de ses agrès le danger persistait, en s'aggravant de minute en minute; et bientôt l'on perdit tout espoir de salut.

Alors, au milieu de l'angoisse générale, Paul se lève, sublime de calme et de sérénité. Pendant son sommeil, un Ange lui avait apparu, qui lui avait dit : « Paul, ne crains rien ! Il faut que tu comparaisses devant César; et voilà que Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi ! » Il les encourage donc;

et il leur annonce qu'ils seront portés bientôt sur les côtes d'une île hospitalière, où ils seront tous sauvés. «Ayez confiance, leur dit-il; pas un cheveu ne tombera de vos têtes! >>

En effet, quelques instants plus tard, comme on venait encore de jeter le blé à la mer, le vaisseau désemparé alla brusquement s'échouer, en se brisant, sur les récifs d'une langue de terre inconnue. Dans l'affolement de la première heure, les soldats de garde parlent de massacrer les prisonniers. Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, s'y oppose énergiquement à tous ceux qui savent nager il ordonne de se glisser à la mer, les premiers, et de se sauver en gagnant la rive; puis, sur des planches et quelques épaves du navire, il fait sortir les autres passagers, qui tous peuvent atteindre sains et saufs le continent. Au total, il y avait, sur le vaisseau, deux cent soixante-seize personnes.

L'auteur des Actes a complété son tableau, au chapitre XXVIII, et nous y a fourni les plus précieux renseignements. Comme le véritable orateur, dont Fénelon a si bien dit, quelque part, qu'il « ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu », l'historien excelle ici à se rendre « digne d'être écouté », tant il se montre avide de précision, d'exactitude et d'édification. Délicatement, il s'efface derrière ses personnages, pour faire mieux saillir, au premier plan, ses héros, les naufragés. Il leur donne même la parole, et il leur confie le soin de poursuivre sa narration. Or, voici ce que ces malheureux nous apprennent : « Après nous être sauvés, nous sùmes que l'ile s'appelait Malte (Melita). Les barbares (1) nous témoignèrent

(1) Ils désignent, par ce qualificatif un peu dur, les paysans africains qui étaient restés dans l'ile depuis la conquête romaine, et qui, ne parlant ni latin, ni grec, étaient en effet à leurs yeux leurs oreilles de purs barbares »,

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et à

beaucoup d'humanité ils allumèrent du feu pour nous défendre de la pluie et du froid, et ils nous ranimèrent.... En ces lieux-là, se trouvaient des terres appartenant au Premier de l'ile, nommé Publius, lequel nous reçut, et se montra, durant trois jours, très bon envers nous. Cependant, il se rencontra que le père de Publius était au lit, tourmenté de la dyssenterie et de la fièvre. Paul alla le voir il pria, lui imposa les mains, et le guérit. Cela fait, tous ceux qui, dans l'île, avaient des maladies, venaient, et étaient guéris. Ils nous rendirent aussi beaucoup d'honneur; et, quand nous reprîmes la mer, ils nous pourvurent abondamment de toutes les choses dont nous avions besoin. >>

Laissons Paul poursuivre sa route, et, par Syracuse, Rhégium, et Pouzzoles, se rendre à Rome, où la Providence lui tient en réserve d'autres rencontres et de plus grands travaux. Restons, nous, à Malte, où il n'a fait cependant que passer; mais cherchons à voir en quelle terre il a jeté la bonne semence.

Point de repère et port de relâche sur la route des peuples et des civilisations, l'île de Malte, Melita insula, a vu venir à elle, depuis l'antiquité la plus haute, tous les conquérants qui se sont disputé l'empire du monde à tour de rôle, ils se la sont ravie, comme la plus tentante et la plus enviable des proies. Mais si, façonnée par la dure leçon des siècles à ce sort inévitable, sa population autochtone s'est peu à peu résignée à changer indéfiniment de maîtres, elle a, par contre, et avec d'autant plus d'énergique ténacité peut-être, conservé intacte son individualité originelle, je veux dire, son idiome, ses habitudes, et, par-dessus tout, sa foi. Catholique et Maltais, c'est tout un !

Or, de cet incomparable trésor de la foi, c'est au grand Apôtre, c'est à Paul, que Malte est à jamais redevable. Il ne séjourna sans doute dans l'ile que

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