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une trentaine, sonnant quasy un air de guerre fort plaisant, elles vindrent marcher soubs l'air de ces violons, et par une belle cadance sans en sortir jamais, s'approcher et s'arrester un peu devant Leurs Majestez, et puis après danser leur ballet si bizarrement invanté et par tant de tours, contours et destours, d'entrelasseures et meslanges, affrontements et arrests, qu'aucune dame jamais ne faillit de se trouver à son poinct ny à son rang: si bien que tout le monde s'esbahit, que parmi une telle confusion et un tel désordre jamais ne faillirent leurs ordres, tant ces dames avaient le jugement solide et la retentive bonne et s'estoient si bien apprises. Et dura ce ballet bizarre pour le moins une heure, lequel estant achevé, toutes ces dames représentans les dictes seize provinces que j'ai dict, vindrent à présenter au roy, à la reyne, au roy de Polongne, à Monsieur son frère et au roy et reyne de Navarre et autres grands et de France et de Polongne, chacune à chacun une placque toute d'or, grande comme de la paulme de la main, bien esmaillé et gentiment en œuvre, où estoient gravez les fruicts et les singularitez de chaque province, en quoy elle estoit plus fertille, comme : la Provence des citrons et oranges, en la Champaigne des bledz, en la Bourgongne des vins, en la Guyenne. des gens de guerre (grand honneur certes celuy-là pour la Guyenne), et ainsy consécutivement de toutes autres provinces. » (1)

Brantôme ne parle pas de la pièce de vers récitée par la Nymphe de France. Nous savons seulement par lui que Ronsard assistait à la fête et partagea l'enthousiasme général causé par la vue de la belle Marguerite de Navarre (2). Mais sa narration, rapprochée du compte-rendu de Dorat, permet de fixer le

(1) Mémoires, édition Lalanne, VII, pp. 371 et 372. (2) Ibid. VIII, pp. 25 et 26.

moment de la fête où elle fut récitée. Dorat termine en effet sa description du rocher des Nymphes par

ces vers:

Ambulat et sua jam flectit vestigia rupes :

Jam Majestatum os vertit ad ora suum.
Non vertit frustra; sed cantatura videtur

Nescio quid summa Gallia rupe sedens.
Regum, reginæque simul præconia dicet

Carmine sit jam pax auribus, ecce canit.

Suit la traduction latine (1) de l'Ode de Ronsard :

Nympha Gallica.

Gallia ego en adsum Cælestùm maxima natu
Filia, cui cæli tanta indulgentia favit,

Ut non sit regio in terris, sine ubere glebæ,
Seu virtute virùm, quæ se mihi comparet ulla.

Donc la pièce de Ronsard fut récitée par la Nymphe de France du haut de son rocher, après la promenade ou parade de ce rocher, et immédiatement avant le ballet des 16 Nymphes provinciales, - ce qui explique le sens des trois dernières strophes. Quant à la pièce d'Amadis Jamyn elle fut récitée par la Nymphe Angevine après le ballet et la distribution des médailles commémoratives, en manière de conclusion, comme l'indiquent ces vers de Dorat:

Singula jam Nymphæ sua donavere ferentes
Munera, dum Regis lumina præter eunt.

Quin etiam venit en cantare paratior una

Nympharum Andegavis, claudat ut una chorum.

PAUL LAUMONIER.

(1) En cette circonstance, Dorat,« poëta et interpres regius », servit d'interprète à Ronsard auprès des députés Polonais, qui n'entendaient pas la langue française.

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NOTES DE NUMISMATIQUE

Jetons allemands trouvés à Sainte-Colombe

L'an dernier, au cours de démolitions, un ouvrier de Sainte-Colombe, trouvait plusieurs pièces semblables en cuivre. Un ami des Annales Fléchoises nous ayant communiqué une de ces pièces, nous en avons fait prendre le dessin ci-contre qui nous dispensera de toute description.

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JETON DE HANS SCHULTZ, MONNAYEUR DE NUREMBERG

Nous avons là un exemplaire des nombreux jetons de compte dont les monnayeurs de Nuremberg inondèrent les pays voisins, la France surtout, du XV au XVIIIe siècles. Ces monnayeurs donnèrent, de préférence, à leurs jetons, une apparence française, non par l'art qui fut plutôt pauvre, mais par l'effigie des rois de France (1), leurs devises, les fleurs de lys, les armes de Paris, etc.

(1) Nuremberg, la ville industrielle et commerçante la plus importante de l'Allemagne méridionale, est en Bavière. Elle est célèbre par ses jouets et son marché de houblon.

Dans notre collection, nous possédons un jeton au recto duquel se trouve Louis XIV, couronné de lauriers, en guerrier face à droite, avec cette inscription: LOVIS. LEGRA [nd]: Roy. DE FRANCE. et au verso, un écu aux armes de France, surmonté de la couronne royale avec ces mots : LAZA [re]: GOTTL [ieb]: LAVFFERS. RECH: PF. [ennig]. C'est un jeton de compte de L. G. Lauffers, un monnayeur de Nuremberg, concurrent de Hans Schultz.

L'inscription du jeton que nous reproduisons n'est compréhensible qu'au recto:

NOR [embergd]: HANS. SCHVLTS

C'est le jeton de Hans Schultz monnayeur de Nuremberg.

Quant à l'autre côté du jeton, il n'a, ce me semble, aucune signification. La plupart de ces jetons allemands présentent des emblêmes analogues, formés de lettres répétées ou se suivant, au hasard, en nombre suffisant pour faire le tour de la pièce. Peut-être, est-ce grâce à ces inscriptions incohérentes qu'il était permis aux fabricants nurembergeois de faire entrer leurs produits en France. Très nombreux au XVIIIe siècle, ces jetons servaient aussi pour les jeux (1).

LOUIS CALENDINI.

(1) On sait qu'autrefois les jetons des jeux étaient ornés des armoiries, des devises de leurs propriétaires. Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, t. XLVII, col. 477-478.

Nous tenons à remercier ici M. A. Crétois d'avoir bien voulu nous donner le dessin ci-dessus.

JEAN DE BAÏF ET LA SEIGNEURIE

DES PINS, DE 1478 A 1486.

La seigneurie des Pins (1), longtemps possédée par une famille de ce nom, devint ensuite la propriété des Mangé (2), puis des Baïf (3). Les représentants de ces deux dernières maisons, résidant au château de Mangé, sur la commune actuelle de Verneil, durent, pour gérer leurs intérêts, placer sur le domaine des Pins,

(1) Le siège de cette seigneurie était le manoir des Pins, situé sur les bords du Loir, au lieu encore appelé « Moulin des Pins », à 2 kilomètres de la Flèche. L'aveu de 1447 nous en donne la preuve. Plus tard Lazare de Baïf quitta ce manoir en ruine, pour Genetay, où il construisit un nouveau château, qu'il appela, en souvenir de l'autre, la Cour des Pins, sur la paroisse de Verron, à 3 kilomètres de la Flèche.

(2) Jehan de Mangé était seigneur des Pins « le mardi après la SaintJulien l'an mil trois cens soixante et cinq », c'est-à-dire en 1366 (n. s), quand il partagea avec Jehan de Poynneis? le lieu de la Miotière. 11 est probable que ces deux seigneurs avaient épousé les deux filles de Huet des Pins, frère de Jean, lequel avait fondé dans la chapelle SaintJacques de la Maladrerie, près la Flèche, deux messes basses par semaine. C'est en 1354 que Huet des Pins confirma cette fondation. Acte de partage de la Miotière, titre parchemin, et note rédigée au XVIIIe siècle sur la chapelle Saint-Jacques, titre papier. Tous ces documents nous ont été aimablement communiqués par M. l'abbé Calendini.

(3) En 1391, Jean de Mangé vivait encore. Nicolas de Mangé est dit seigneur des Pins, le 8 avril 1402. (Bail du Genetay, titre original, parchemin). Le 8 mai 1434, Olivier Moreau, escuyer, cède à « Anthoyne de Baïf, mary de Isabeau de Mangé », une rente de huit livres. Titre original parchemin. Puisque je suis sur la famille de Baïf, je signajerai un acte ou mieux une transaction intervenue, le 4 janvier 1416, (n. s) entre Huet de Baïf, seigneur de la Fautraye, et ses cousines, Jeanne et Sainte, épouses, la premiere, de Guillaume de la Perrière, la seconde, de Jean de Glatigné, toutes deux filles de Guillaume de Baïf, dont Huet était le neveu; titre original, parchemin.

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