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durant l'année qui suivit sa mort (1). Nous n'avons pas mentionné les œuvres en prose. Préfaces, Discours, Lettres, Abrégé d'Art poétique; elles ont été bien datées par Blanchemain et surtout par MartyLaveaux (2). Nous avons laissé aussi de côté la prose latine et les vers latins de Ronsard, qui n'intéressent que tres peu l'étude de son œuvre poétique française (3). Nous avons voulu seulement compléter et rectifier les dates données par les deux derniers éditeurs de ses poésies: plusieurs éditions fragmentaires et même collectives parues au XVIe siècle n'ont pu être consultées par eux; d'où les erreurs nombreuses, parfois très graves, qui déparent leurs travaux et empêchent le commentateur ou l'historien de porter un jugement exact sur l'évolution du génie de Ronsard. C'est faute d'avoir su distinguer les œuvres de sa jeunesse, nécessairement imparfaites, de celles de sa maturité, prolongée jusqu'à 60 ans sans décadence, que les critiques des XVIIe et XVIIIe siècles, et quelques uns encore du XIX, ont si injustement apprécié le plus grand poète que la France ait eu avant V. Hugo. Ces critiques, en particulier Boileau, manquaient presque totalement du

(1) Ronsard est mort le 27 décembre 1585, et la première édition posthume de ses Euvres date de décembre 1586. On lit dans le privilège de cette première édition posthume que les œuvres de Ronsard y étaient imprimées « reveues, corrigées et augmentées par l'Autheur peu avant son trespas, et mises en leur ordre suivant ses memoires et copies.... »

(2) Euvres de Ronsard, tome VI, Appendice; et Notice sur Ronsard, Appendice. Bl., a daté de 1572, à la p. 337 de son tome VII, une préface qui est de 1560 (Cf. Revue d'Hist. Littéraire, no de juillet 1900, art. de C. Comte et P. Laumonier, p. 352). Voir encore L. Froger, Premières poésies de Ronsard, pp. 30 et 31, et Rev. d'Hist. Litt., no de janv. 1902, art. de P. Laumonier, pp. 45 et 46.

(3) Cf. Bl. VIII, p. 172; et Revue de la Renaissance, no de février 1902, p. 98. Je rectifie ici ce que j'ai dit du distique au Cardinal de Lorraine il a paru dès 1565, et M.-L. l'a réédité au tome II de la Langue de la Pléiade, Appendice, p. 414. (Cf. Annales Fléchoises, n de juillet 1903, p. 51, note).

sens historique, aussi nécessaire à l'historien de la littérature qu'à l'historien de la politique; ils ne se doutaient pas que, à côté de leur valeur absolue, dont l'importance est réelle mais secondaire, l'œuvre d'un écrivain et les parties successives de cette œuvre ont avant tout une valeur relative aux circonstances diverses dont elles ont subi l'influence, relative aut temps, relative à l'année de leur apparition, relative à l'année de leur composition, et que, pour les bien juger, il est indispensable d'en connaître la chronologie. Nous croyons donc avoir notablement contribué à bien servir la mémoire de Ronsard, en publiant pour la première fois le tableau chronologique de toutes ses poésies.

Il nous reste à dresser la liste des pièces nouvelles qui sont venues grossir les éditions postérieures à 1587. Celles qui sont certainement de Ronsard, et dont il est facile de dater la composition, viendront compléter les 1350 numéros du Tableau précédent ; les autres donnent lieu à des questions d'authenticité ; enfin à propos de toutes on peut se demander les raisons qu'eut le poète de ne pas les publier.

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1er mars.

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Neuvième édition collective des

(1) Le privilège est du 16 janvier 1597, et l'achevé d'imprimer du Nous ne tenons pas compte de la huitième édition, celle de 1592, parue à Lyon chez Th. Soubron, parce qu'elle fut faite sans l'autorisation de Galland et de Binet, et qu'elle est pleine d'erreurs. Le seul intérêt qu'elle offre vient de ce qu'on y trouve réimprimées pour la première fois de nombreuses pièces qui avaient été retranchées des éditions précédentes (y compris celle de 1587). Voici l'Avertissement de l'imprimeur qu'on lit à son sujet en tête de l'éd. de 1597 : « Amy Lecteur, parmy les incommoditez des guerres dernières qui ont presque banny les Lettres pour faire place à la barbarie, la licence s'est estendue si avant qu'elle a mesme attenté sur la pureté des livres pour les corrompre; ce qui est advenu principalement aux (Euvres de Ronsard, ausquelles l'imprimeur de Lion qui a esté si osé de les contrefaire, a pensé donner quelque nouveauté en les desguisant, renversant et corrompant, mesmes y attribuant quelques ouvrages que le style desavoue assez de premier abord, et ce, pour tascher

Euvres (10 tomes réunis en 5 vol. in-12), publiée encore par les exécuteurs testamentaires de Ronsard. Elle contenait au deuxième livre des Poëmes:

Je sçay, Moreau, les affaires de France (Bl., VI, 265).

Au dernier volume, Cl. Binet insérait dans sa Vie de Ronsard, outre les fragments publiés en 1586-87, un sixain :

Toute la viande qui entre (Bl., VIII, 48.
294) (1).

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M.-L. VI,

et les huit premiers vers du fragment d'un Poëme de la loy divine :

Mon prince, illustre sang de la race Bourbonne (Bl.,
VII, 280) (2).

1599.

Dans les Fleurs des plus excellents poètes de ce temps (Paris, Nicolas et Pierre Bonfons) deux odes « non encore imprimées » :

à les mieux vendre, contre la volonté de l'Autheur, et authorité du privilège du Roy, qui est un très pernitieux exemple. Pour réparer ceste faulte, nous te donnons en ceste dernière édition les Euvres de Ronsard remises au plus près de son intention, augmentées toutefois de quelques pièces non encore veuës; mesmement de plusieurs commentaires tant sur la seconde partie des Amours de Marie, que sur les Amours d'Hélène; Dequoy je t'ay bien voulu advertir, à fin que la pièce faulse ne passe pour celle qui est de bon aloy. »

Les Commentaires qui paraissaient en 1597 sont de Nicolas Richelet. Quant aux autres pièces non encore veuës », annoncées également dans cet Avertissement au lecteur, c'étaient le poème Au Trésorier de l'épargne, Moreau, dont nous donnons le premier vers, les deux fragments que Binet ajoutait dans sa Vie de Ronsard, l'Oraison funèbre de Ronsard par Duperron, et la pièce des Nues ou Nouvelles; mais l'éditeur se trompait pour celle-ci, car elle avait paru en 1565 à part (cf. supra).

(1) Marty-Laveaux a tort de dire que ce sixain a échappé à Blanchemain. Non seulement celui-ci l'a publié dans sa Vie de Ronsard, mais il l'a rapproché avec raison d'un passage de l'Hymne de l'Or (Bl., V, 228, note). J'ajoute que c'est plutôt une variante, par reminiscence, des deux premières strophes de l'ode: Toutes les fleurs espanoûyes (Bocage de 1554), publiée par M.-L. (VI, 359).

(2) Binet n'avait pas osé publier en 1586-87, sous Henri III, ces 8 vers qui exaltent Henri de Navarre; mais en 1597 il était au contraire d'un bon courtisan de les publier (cf. supra, p. 99, note 3).

Tu te mocques, jeune ribaude.

Contente toy d'un poinct (1).

1609.

Onzième édition collective des Euvres (infolio divisé en dix parties). Elle se terminait par un « Recueil des Sonnets, Odes, Hymnes, Elegies, fragments et autres pièces retranchées aux éditions précédentes, avec quelques autres non imprimées ci-devant ». Ces dernières qui seules nous intéressent ici, étaient au nombre de 9, savoir: Sonets de feu P. de Ronsard pour Hélène de Surgères, non encore imprimez (2) :

Maistresse, embrasse moy, baize moy, serre moy (Bl.,
I, 416).

La mere des amours j'honore dans les Cieux (ibid., id.).
J'ay reçeu vos Cyprez et vos Orangers verds (id., 417).
Mon Page, Dieu te gard', que fait nostre maistresse
(id., id.).

Quand au commencement j'admire (sic) ton merite
(id., 418).

L'Enfant contre lequel ny targue, ny salade (id., id.).
Je n'ayme point les Juifs, ils ont mis en la croix (id., id.).
Je trespassois d'amour assis aupres de toy (id., 419).

Un Caprice:

(1) Blanchemain se contente de signaler ces deux pièces (t. VI, 339); il se trompe d'ailleurs en disant qu'elles se trouvent dans le Livret de Folastries, et quant aux Fleurs des plus excellents poètes il n'a cité que la 3e édition, celle de 1001. Cf. Frederic Lachèvre, Bibliographie des Recueils collectifs de poésie, tome 1, pp. 21, 299-300.

Ces deux odes reparurent dans le Cabinet satyrique (1667), t. I, pp. 176 et suivantes.

(2) On lit dans le Journal de Pierre de l'Estoile, à la date du 19 février 1607: « M. Despinelle m'a donné diverses poésies non encore imprimées entre lesquelles il y a huit sonnets de Ronsard en faveur d'une des filles de la Reine-mère, qu'on a tirées des mains de M. Gallandius ». Par erreur, Blanchemain a porté le nombre de ces sonnets à neuf (t. I, 416), insérant parmi eux (p. 419) le sonnet Si jamais homme en aimant fut heureux, qui avait paru en 1565 dans les Elegies, Mascarades et Bergerie et que Bl. lui-même a fait imprimer à la page 415 de son tome I. Son erreur vient de ce que N. Buon en 1609 a placé le sonnet Si jamais homme, immédiatement après les 8 sonnets pour Hélène (p. 34 du Recueil des pièces retranchées) sans le distinguer d'eux.

Tout est perdu, Nicolas, tout s'empire Bl., VI, 326) (1). 1611. Un sonnet paru dans les Jésuites establis et restablis en France et le fruict qui en est arrivé en France:

1617.

Saincte société dont on a faict eslite Bl., V, 363) (2). Douzième édition collective des Euvres (11 tomes en 6 volumes in-12). Le tome XI conte- • nait parmi les œuvres « retranchées », les pièces inédites que voici :

Il ne faut s'estonner si l'amour Pharienne (Bl., V, 366).
Si tu m'aimois de bouche autant comme d'escrit
(ibid., 367).

Quand je te promettrois je ne le tiendrois pas (id., id.).
Ils ont menty, d'Aurat, ceux qui le veulent dire (id., 348).
Je n'ayme point ces vers qui rampent sur la terre
(id., 349).

A ce malheur qui jour et nuict me poingt (I, 436) (3).
J'oste Grevin de mes escris (II, 436) (4).

(1) Il faut se garder de prendre pour un fragment inédit celui qui est intitulé dans ce Recueil : A la Fortune, et qui commence par ce

vers:

Qui seule es bonne, et mauvaise nommée.

Ce n'est que la seconde partie de la Prière à la fortune, (Hymnes de 1555):

J'ay pour jamais par serment fait un vou....

(2) M.-L. l'a reproduit (t. VI, p. 409, de son édition), mais ii lui a paru d'une authenticité fort douteuse ».

(3) Je doute fort de l'authenticité de cette chanson, bien qu'elle ait été réimprimée au nombre des oeuvres authentiques de Ronsard dans les quatre éditions postérieures à 1617 (1623, 1629, 1867, 1893). D'abord elle n'a jamais paru dans aucune édition contemporaine de Ronsard, fragmentaire ou collective; ensuite elle est d'un rythme tout à fait étranger aux habitudes de Ronsard et de la Pléiade. Ce rythme est du reste extrêmement rare je ne l'ai trouvé ailleurs que dans le Chansonnier huguenot (Bordier, 1871, 2 vol.), re partie pp. 109 et

113.

(4) Cette pièce n'a point du tout paru en 1572, comme le dit Blanchemain. Elle n'a été insérée dans aucune édition du XVIe siècle, et par conséquent Colletet a eu tort de faire à propos d'elle cette vaine critique dans sa Vie de Grevin: « Cela s'appelle cacher et découvrir un homme en même temps puisqu'il n'oste le nom de Grevin de ses œuvres que pour l'y mettre plus avant »,

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