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UNE DEVISE

POUR LA VILLE DE LA FLÈCHE

Aux siècles passés, l'usage des devises était général, aussi bien pour les villes et les corporations que pour les particuliers. La devise, qu'il ne faut pas confondre avec le cri de guerre, dont l'emploi est beaucoup plus ancien (Montjoye Saint-Denis, Dex aïe, etc.), faisait, pour ainsi dire, partie intégrante des armoiries, qu'elle complétait souvent, en les expliquant ou en les commentant. La belle devise de la Bretagne, Potius mori quam fœdari, accompagnant un écusson d'hermine immaculée, est connue de tout le monde. Il en est de même de celle de la ville de Paris : Fluctuat nec mergitur. Celle d'Autun est remarquable par le naïf orgueil dont elle témoigne Soror et amula Roma, allusion à l'antique alliance contractée avant la conquête des Gaules entre les Eduens et le peupleroi.

Un grand nombre de ces devises étaient en vers; je citerai celle de Saumur, qui, selon moi, doit se lire ainsi :

Hostem dextra domat, tormentum mænia fallunt,

bien que les Saumurois s'obstinent à l'écrire en prose: Mania fallunt hostem, dextra domat tormentum, où je ne peux voir qu'une interversion de l'hexamètre primitif, disjecti membra poetæ, interversion due probablement à l'erreur de quelque scribe ignorant, qui, en transcrivant la devise écrite en cercle autour de l'écu, a pris le cinquième mot pour le premier. Le sens

n'est-il pas beaucoup plus satisfaisant dans l'hypothèse que je soutiens :

«Ma main dompte l'ennemi, mes murailles défient le canon », qu'avec la leçon officielle :

«Mes murailles défient l'ennemi, ma main dompte le canon >> ?

Le dernier membre de cette phrase ne constitue-t-il pas une véritable gasconnade, digne du Matamore ou du capitaine Fracasse, mais peu en rapport avec le caractère sérieux de la vieille cité huguenote et universitaire?

Quoi qu'il en soit, Saumur a sa devise, et La Flèche n'en a pas, bien que, depuis quatre siècles, tant pour le culte des lettres que pour celui des armes, elle puisse se dire à bon droit la sœur et l'émule de sa voisine. La ville, pour combler cette lacune, ne pourrait-elle pas ouvrir un concours entre les savants humanistes qu'elle s'est toujours fait gloire de posséder? Il en est temps encore; dans peu d'années, il sera trop tard, car, au train dont vont les choses, les humanistes auront bientôt disparu; la connaissance du latin sera devenue plus rare que ne l'est aujourd'hui celle du sanscrit, et les générations nouvelles, si jamais elles entendent parler de l'hexamètre, le prendront sans doute pour une mesure de longueur, non décimale, usitée dans l'antiquité!

En attendant ce concours, qui ne pourrait manquer d'être intéressant pour les lettrés, j'ai composé pour notre ville trois devises que je soumets aux lecteurs des Annales, sans autre prétention que de les amuser un instant.

I.

Lilia condignam dant turribus alma coronam. On sait que les armes (actuelles) de La Flèche sont « de gueules à la flèche d'argent, en pal, accostée de deux tours de même, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or, qui est de France. »

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