תמונות בעמוד
PDF
ePub

Elle peut, la Patrie, à ses fils magnanimes
Eriger des tombeaux, faire chanter les rimes,
Sur le marbre graver leurs noms pour l'avenir;
Vous pouvez, Brutions, à ces héros, vos frères,
Bâtir des sanctuaires,

Et vous associer à leur grand souvenir;

Il est pour l'homme illustre un monument encore;
De les avoir produits le genre humain s'honore
Et les fait citoyens de toute nation;

Leur renom retentit jusqu'aux confins du monde,
Et toute âme leur fonde

Un monument d'amour ou d'admiration.

Vous qui voulez, enfants, les prendre pour modèles
Et monter après eux sur les sommets rebelles
Où croissent ces fruits d'or, l'honneur, la liberté,
Vous pensez aux absents que pleure la Patrie,
A la France meurtrie......

Oui, vous voulez en être, au jour tant souhaité.

Mais, pour que le succès couronne l'espérance,
Il faut que le savoir arme l'intelligence;

Il faut un corps robuste aux fatigues rompu;
Il faut qu'un cœur vaillant batte en votre poitrine :
Travail et discipline;

Ayez cette devise et vous aurez vaincu.

A HENRI IV

Toi, dont le peuple encore entonne la louange,

A tes côtés vis-tu plus ardente phalange

Se presser autrefois aux champs d'Arque et d'Ivry? Ces soldats, ces martyrs, dont la fière cohorte

Forme ici ton escorte,

Sont aussi tes enfants, ô valeureux Henry!

Tes soins à leur jeunesse ont construit cet asile.
Et quel autre jamais en hommes plus fertile

A la France donna lustre plus éclatant?
Oui, l'antique Maison peut ouvrir ses annales,
Ces pages sans rivales,

Et dire avec orgueil :

((

Sire, êtes-vous content? »

La Flèche, 12 Juin 1886.

H. THIRANT.

EN FLANANT

AU PAYS DE RONSARD

II.

De Montoire à la Poissonnière, château des Ronsard, nous avons sous les yeux des sites cent fois décrits dans les Amours et les Odes, le coin de terre qui, par-dessus tout, riait au poète.

C'est une large vallée dont la rivière serpente et les coteaux ondulent, sans brusques caprices, d'un mouvement paresseux et mesuré. Des vignobles, dont quelques-uns sont illustres, revêtent les pentes exposées au midi; la colline opposée est couronnée des derniers débris de l'antique forêt de Gastine; les rives du Loir sont couvertes de prairies grasses et heureuses. C'est de la jolie France.

Au milieu de ce paysage frais et harmonieux, on découvre peu de maisons. Laboureurs et vignerons du val du Loir vivent comme des Troglodytes. De toutes parts s'ouvrent des grottes creusées dans la pierre tendre du coteau. Elles servent de celliers, elles servent d'habitations; jadis elles servaient d'églises, de prisons et de forteresses. Elles s'étendent parfois très loin, et leurs longues galeries se ramifient sous la terre. De tous les bourgs de la vallée, celui de Troo présente l'aspect le plus étrange. Sur la colline presque à pic s'étagent des lignes de terriers; l'entrée

[graphic][merged small]

de chaque grotte est maçonnée comme la façade d'une maison; des terrasses taillées dans le roc forment les rues du village, et les cheminées des logis souterrains émergent et fument au milieu des vignes. Au sommet du promontoire escarpé dans les flancs duquel les gens de Troô ont creusé leurs demeures, s'élève une belle église romane, où l'on voit des chapiteaux presque barbares, et une jolie, une fine, une élégante vierge du temps de Louis XIII. Plus bas dans la vallée, à La Chartre-sur-le-Loir, j'ai vu l'ancienne geôle taillée à même la pierre de la colline, et dans le coteau j'ai suivi un long chemin de ronde, où des soldats invisibles pouvaient, par d'étroites meurtrières, balayer du feu de leurs mousquets le passage de la vallée. En explorant ces galeries, on fait, paraîtil, de singulières trouvailles des munitions, des armes et des squelettes humains avec des lambeaux de vêtements. Il y eut ici de pieuses tueries au temps des guerres de religion...

Ces grottes de la vallée du Loir, Ronsard les mit plus d'une fois dans le décor de ses fantaisies mythologiques :

Je n'avais pas douze ans, qu'au profond des vallées,
Dans les hautes forests des hommes reculées,
Dans les antres secrets de frayeur tout couvers,
Sans avoir soin de rien je composais des vers;
Echo me répondit et les simples Dryades,
Faunes, Satyres, Pans, Napées, Oréades,
Egipans qui portent des cornes sur le front,
Et qui ballant sautaient comme les chèvres font,
Et le gentil troupeau des fantastiques fées
Autour de moi dansaient à cottes dégraffées.

Entre Saint-Jacques-des-Guérets, où il y a un joli moulin et de précieuses peintures romanes, et Poncé, où il y a un beau château de la Renaissance et d'autres peintures romanes, la rivière de la Braye, plus rapide, vient se jeter dans le Loir. La rencontre des deux vallons forme un tableau délicat. Ronsard

« הקודםהמשך »