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époque (1082-1105), « in castellarià Lusdi castri suprà Ledum flumen » entre l'abbé de Saint-Aubin et un notable habitant du Lude (1).

Nous savons par ailleurs que l'ancienne forteresse, commencée au XIIIe siècle et transformée aux XV® et XVIe siècles en la magnifique demeure seigneuriale actuellement existante, a été construite en remplacement d'un premier château bâti aux environs de l'an 900 (2).

C'est donc pendant le Xe ou le XIe siècle que le détournement de la rivière aurait pu avoir lieu.

Les recherches se trouvent ainsi limitées dans une période assez courte.

Comme le fait est attribué à l'un des seigneurs du Lude, il ne s'agit plus maintenant que de trouver parmi les neuf (3) qui ont exercé leur suzeraineté sur Le Lude durant cet intervalle, quel est celui qui a disposé de moyens assez puissants pour mener à bonne fin une entreprise aussi considérable.

Or, en consultant attentivement la liste des seigneurs du Lude depuis le commencement du X siècle jusqu'à la fin du XI, personnages dont les principaux actes ont été soigneusement notés, un seul se présente à nous comme ayant accompli des choses étonnantes, comme ayant été capable par conséquent de concevoir et de faire exécuter une œuvre aussi colossale. Nous voulons parler de Foulques-Nerra —.

Les historiens se sont appliqués à nous faire connaître l'existence mouvementée et la rude besogne de ce célèbre comte d'Anjou, justement surnommé <«<le grand batisseur ». C'est par leurs écrits que nous avons appris le séjour de Foulques-Nerra au

(1) Cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers CCCCLXVI, par M. Bertrand de Broussillon.

(2) Les origines de la Ville et du Château du Lude, Dr Candé. (3) Les Seigneurs du Lude au temps de la Féodalité, D Candé.

Lude et le siège que lui fit subir alors (1027) Alain de Bretagne, agissant pour le compte d'Herbert EveilleChiens, son allié. C'est également dans leurs écrits que Foulques-Nerra nous est apparu comme ayant pris des dispositions pour que le château du Lude devint la sentinelle avancée, la première garde de la vallée du Loir (1).

Creuser au Loir un lit nouveau, sur une distance d'au moins 6 kilomètres, n'est pas une œuvre banale que ces historiens eussent négligé d'enregistrer! Cependant leurs nombreux écrits sont muets sur ce point et personne d'ailleurs jusqu'à ce jour, n'a découvert dans les archives locales, départementales ou autres, aucun document faisant même allusion à une entreprise de ce genre.

Ce silence de tous les historiens ne nous autorise-til pas à déclarer que l'entreprise en question n'a jamais été exécutée par les premiers seigneurs du Lude, pas plus par Foulques-Nerra que par ses prédécesseurs ou ses successeurs ?

Du reste, s'il était besoin d'un argument irréfutable en faveur de cette thèse, nous le trouverions dans ce fait historique, antérieur d'un demi-siècle à l'existence du château, que les Normands sont venus au Lude, montés sur leurs barques, et qu'ils y ont détruit l'église Saint-Jouin. Pour amener leurs barques au Lude, il fallait nécessairement que la rivière coulât alors aux pieds de la ville, déjà ancienne et florissante.

Est-ce à dire que le Vieux-Loir n'ait jamais existé que dans l'imagination des habitants du Lude? Nous ne le pensons pas et nous avons même la conviction. qu'un cours d'eau assez important a occupé autrefois le lit que la légende assigne à l'ancienne rivière; seulement nous croyons que les choses se sont passées

(1) De Salies, Histoire de Foulques-Nerra, Paris, 1874, pp. 243-245.

tout autrement qu'on l'a raconté jusqu'à ce jour. Il fut très vraisemblablement un temps, à coup sûr extrêmement ancien, néanmoins très connu des géographes, où les eaux du Loir couvraient en partie, sinon en totalité, la plaine sablonneuse comprise entre les buttes de Cherré, l'élévation du Lude et les roches de la Grifferie. Ces eaux, primitivement disséminées, se sont peu à peu retirées pour se renfermer enfin dans un double lit d'où elles ne sortirent plus que pendant les inondations.

Un de ces lits, celui du Vieux-Loir, par un exhaussement naturel des terres, un abaissement progressif des eaux et peut-être même des obstacles artificiels, a diminué lui-même graduellement d'importance pour ne plus donner passage qu'à un ruisseau finalement réduit à un ruisselet dont le cours est aujourd'hui interrompu sur un grand nombre de points.

Il n'est plus alors resté qu'un lit, celui du Loir actuel.

Lors des grandes inondations, les eaux du Loir manifestent toujours quelque velléité de reprendre leur ancienne liberté d'allure à travers la vallée qu'elles envahissent plus ou moins complètement ; on voit même le plus souvent un courant se dessiner dans la partie basse, suivie jadis par le Vieux-Loir. Certaines fermes, comme le grand et le petit launaval, sont plus habituellement sinon submergées tout au moins entourées d'eaux d'où leur appellation qui témoigne qu'une barque est quelquefois nécessaire pour y aborder.

Conclusion: Nos arrière-neveux entendront peutêtre encore parler du détournement du cours du Loir par les premiers seigneurs du Lude; mais ils sauront que c'est là une légende qui aura flatté agréablement l'imagination de leurs grands ancêtres pendant un nombre respectable de siècles!

Dr CANDÉ.

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LE PENDULE DE FOUCAULT

A l'immuable loi docile,

Traçant dans le sable un sillon,
Sous la voûte du Panthéon,

Lentement le pendule oscille...

De la planète il est facile

De suivre la rotation

Sous le plan d'oscillation,

Malgré l'apparence, immobile.

Autrefois le raisonnement

Seul démontrait le mouvement

De rotation de la Terre.

Ce que Foucault sut nous donner,

C'est le plan fixe nécessaire

Pour qu'on puisse la voir tourner.

Albert ISAY.

LES RIVERAINS DU LOIR

(XVIIIE SIÈCLE)

Quelques années avant la Révolution. les riverains du Loir présentèrent à l'intendant de la généralité de Tours la pétition suivante (1):

Les riverains de la rivière du Loir, spécialement ceux dont les propriétés sont situées depuis la ville de La Flèche en descendant cette rivière jusqu'à Matheflon, ayant fait depuis 25 à 30 ans d'inutiles tentatives au Conseil pour y faire entendre leurs clameurs sur le dommage immense que leur cause la trop grande élévation des chaussées des moulins qui sont établis sur son cours, et se trouvant de plus en plus exposés aux ravages des inondations, ont recours à vous dans la confiance que vos vues bienfaisantes inspirent à toute votre généralité, et ont l'honneur de vous représenter le seul moyen qu'ils croient propre à parer à ces inconvénients, trop longs à détailler dans les bornes d'une requête, mais qui vous frapperaient certainement s'ils vous étaient tous connus.

Ces inondations fréquentes, dont on porte le dommage quelquefois à 100.000 écus, pourraient être ou prévues ou parées par les soins et l'autorité de M. votre subdélégué à La Flèche, si selon le vœu général vous vouliez le charger d'y veiller et lui donner pouvoir de faire ouvrir les écluses des moulins à sa volonté, qui est toujours dirigée dans lui par l'amour et le zèle du bien public. Il en résulterait qu'étant à portée de juger lui-même de la nécessité, il enverrait

(1) Archives de Maine-et-Loire, C. 19.

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