Je ne puis quitter NotreDame-des-Vertus sans décrire quelque peu l'édifice lui-même, dont la décoration intérieure ou extérieure a si bien inspiré nos artistes. Je le ferai brièvement, pour ne pas abuser du lecteur.

On a vu que les Jésuites agrandirent la chapelle

en faisant deux absidioles de chaque côté du chœur. Ces deux absides étaient encore bien insuffisantes,

et M. l'abbé Coulon donna à ces deux chapelles latérales leur étendue actuelle, les prolongeant ainsi de plus de trois mètres.

Parmi les travaux des Jésuites, a été mentionné le lambris; j'en veux parler un instant, ou plutôt rappeler les lignes éloquentes de M. Clère à ce sujet. « Je suis allé revoir Notre-Dame-des-Vertus, à différents instants du jour et presque de la nuit, et j'ai cherché à invoquer et à reproduire la naïve et religieuse poésie qui semble, comme une fleur, comme mille fleurs, tomber en s'effeuillant, de sa voûte, à ces heures pieuses où la foule y reste en prières, et à celles, aussi, où elle n'est remplie que par le silence sérieux de la solitude.

«Par une belle après-midi de notre actuel printemps qui s'achève, une aimable et noble obligeance, un de mes doux et durables souvenirs, vint m'accueillir et m'aider, et ce jour là je quittai Notre-Dame-des-Vertus riche d'une moisson d'inscrip

tions latines que le temps continue d'effacer. Ces fleurs idylliques d'écriture sainte et de sainte poésie auraient-elles perdu leur charme et leur parfum? Malgré les dédains du scepticisme à la mode et l'indifférence pour les naïvetés de l'idéal, je crois que non. Si, dans un temple mutilé de Diane ou d'Aphrodite, on applaudit à l'ami des vieux siècles rétablissant avec empressement et amour les inscriptions menteuses des déesses antiques, pourquoi le chrétien de nos jours trouverait-il déplacées et vulgaires les devises écrites par la foi de nos pères et traduites bien des fois, j'en suis

sûr, dans la langue du cœur, à travers les larmes silencieuses de la jeune fille ou de la jeune mère ?

«La reine des douleurs et des gloires, n'a pas trouvé, c'est vrai, dans le petit temple que nous décrivons, un Raphaël ou un Carlo pour reproduire, selon les règles de l'art, ses chastes et royaux emblèmes ; mais l'artiste oublié qui illustra ce plafond de bois, sut, à défaut d'art, jeter dans chaque médaillon une exergue poétique et sainte, pour compléter l'inspiration de sa pensée; les voici toutes, simplement mises en français, à la suite les unes des autres, à commencer de l'angle le plus voisin de la porte d'entrée.

A DROITE :

Nuée d'Elie.

Flamme ....

Couronne de tous les saints.

Char de la gloire de Dieu.
Océan de grâces.

Diadème des Vierges.
Flambeau inextinguible.

Arche de l'Alliance du Seigneur.

Rose sans épine.

Acrotère des Vierges.

Jardin fermé.

Phare de l'Eglise.
Sceau de chasteté.

Etendard de virginité.
Asile des coupables.
Bouclier des combattants.
Espoir des désespérés.
Port des navigateurs,
Source de notre béatitude.

DANS LE CHOEUR.

Porte du Ciel.

Colonne du monde.

Trône de grâce.

Bois de vie.

Arche de Noë.

Force de la Tour de David.

A GAUCHE :

Rayon de la divinité.
Miroir de sainteté.
Ciel du soleil mystique.

Tour de secours.

Etoile des étoiles.

Veine de miséricorde.

Lis sans tache.

Séjour de toutes les vertus.
Salvatrice des hommes.

Miroir de la Majesté divine.
Sanctuaire de Dieu.
Mère du soleil levant.

Lumière de ceux qui sont dans les
ténèbres.

Terreur des démons.
Tabernacle du Très-Haut.
Source des eaux vivantes.
Santé des malades.
Cité de refuge.

Fleuve de clémence.

DANS LE CHOEUR.

Echelle du Paradis.

Belle comme l'astre des nuits.
Cyprès de la montagne de Sion.
Eglantine incombustible.
Aurore naissante.

Lis virginal.

<< Deux exergues de chaque côté ont disparu derrière les chapiteaux des colonnes qui accompagnent le maître autel.

<< Les cinquantes devises précédentes se lisent sur autant de médaillons ou petit tableaux circulaires qui, en compensation de l'inconvénient d'une exécution grossière, m'ont paru, pour la plupart, avoir le mérite de l'idée naïve et pittoresque.

« Les arabesques et les jolies ramures qui accompa