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intime poétique et la solennité des tombeaux est là pour empêcher de sourire des deux mots qui me restent à dire une philosophique prière. >>

CHAPITRE III.

Notre-Dame-des-Vertus pendant la Révolution.

SI.

Vente du domaine des Vertus. - Famille Coquiny-Després. Bel exemple de foi.

Nous arrivons à la période la plus mouvementée de notre histoire; je ne parle certes pas pour La Flèche, où l'époque révolutionnaire n'a guère laissé de souvenirs pénibles ni amassé ruines sur ruines, comme en beaucoup d'autres cités. Les guerres civiles, surtout, remuèrent le pays. Et, en dehors des deux invasions vendéennes, il n'y eut jamais de ces agitations populaires qui, partout ailleurs, ont fini dans le sang et dans la boue.

Pour être demeurée calme, notre ville n'en était pas moins soumise au régime, et les lois, même injustes, devaient être exécutées. «L'homme s'agite et Dieu le mène »; chaque jour cette parole se vérifie,

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car, à cent ans de distance, les mêmes faits se renouvellent d'une façon presque identique, et c'est une raison pour tout Français d'espérer en l'avenir, lorsque l'on médite les enseignements du passé. Les pires situations, on l'a vu à la première Révolution, trouvent leur dénouement en dehors de la volonté humaine, parce que les desseins immuables du Tout-Puissant s'accomplissent toujours malgré ce qui nous paraît constituer un invincible obstacle.

Un décret de l'assemblée législative, ayant ordonné la mise en vente comme biens nationaux de tous les biens ecclésiastiques, les administrateurs du district de La Flèche, en exécution de ce décret, mirent en vente tout le prieuré de Saint-Thomas dans les dépendances duquel était Notre-Dame-des-Vertus.

La vente fut décidée pour le 7 mars 1791; le procèsverbal (1) signé par les commissaires du district Davy des Piltières, Lemétayer, Le Camus, Lefranc, Piau, procureur syndic, nous détaille ainsi le lot de la vente.

« Aujourd'hui sept mars 1791, nous, administrateurs du directoire du district de La Flèche, vû notre procès-verbal d'évaluation, en date du 11 février dernier, et la soumission par le sieur François-Bonaventure Bidault, fermier, demeurant à Verron, et en date dudit jour 11 février, d'acquérir les domaines nationaux ci-après,

Savoir 1o Les bâtiments, cellier, grange, cour et jardin, sis près Notre-Dame-des-Vertus ;

2o Une pièce de terre, nommée les Graveaux, contenant 26 journaux de terre, hors toutefois 3 journaux à la partie occidentale de ladite pièce divisée par un sentier qui conduit de la ville aux grandes Courbes, vendus séparément;

3o Trois hommées de pré dans la prée de la com

mune. >>>

Comme on le voit, soit par respect du saint lieu, (1) Archives de la fabrique de Saint-Thomas.

soit par crainte d'une manifestation, il n'est pas encore question de vendre la chapelle elle-même ni son petit cimetière.

François Bidault étant seul enchérisseur à 14,267 1. 2 s. 6 d., on fit une nouvelle mise aux enchères. En présence de MM. Hamon, Davys de la Lamerie, commissaires de la municipalité de La Flèche, on allume les feux de « deuxièmes enchères >>.

Elles sont portées par Mme Coquiny-Desprès à 27,000 1., par M. Rocher à 27,700 1., Mme CoquinyDesprès à 28,000 1., Rocher à 29,000 1., Mme CoquinyDesprès à 29,500 1., Rocher 30,000 1., et enfin par Mme Coquiny-Desprès à 30,500 1. Cette femme chrétienne, modèle de foi et de vertu, nous le lirons dans les notes de famille, aurait poussé plus loin encore les sacrifices pécuniaires, pour demeurer propriétaire du patrimoine de Notre-Dame-des-Vertus et garder à la chapelle son entourage qui en fait le charme et la poésie.

Le nom de cette chrétienne, de cette bienfaitrice insigne doit être dans tous les cœurs.

Je ne veux point entrer ici dans des détails de famille que je réserve pour une brochure plus complète, je rappellerai seulement que Anne-Françoise Le Roy-Guittonnière était veuve, en 1791, de Denis Coquiny-Desprès. C'est son frère, Jacques Le Roy, qui était aussi en 1791 fermier général du prieuré de Saint-Thomas, qui voulut l'aider dans ses desseins, de conserver à la piété des Fléchois des lieux qu'ils aimaient et vénéraient.

Mme Coquiny-Desprès eut six enfants, qui, tous, lors de cet achat, comme du suivant, connaissaient et approuvaient le projet de leur mère, c'était : Louise-Julie, morte à La Flèche, le 14 février 1803; Marie-Ursule;

Marie-Sophie, épouse de Charles-Julien Fanneau de la Horie;

Joseph-Eléonor-Paul, instituteur à La Flèche; Mélanie-Anne-Marie, épouse de Isaac-René Gaudichon, habitant à Rivière, près Chinon;

Françoise-Jacquine, épouse de Louis-Jean-Baptiste Huguet, tous deux morts avant 1800, mais laissant à New-York des enfants héritiers de leur aïeule.

§ II.

Vente de la chapelle (17 juin-2 juillet 1794).
Elle demeure affectée au culte.

Entre la vente du domaine des Vertus et la vente de la chapelle, il s'écoula trois années; sans doute, jusqu'à ce moment, on n'avait osé pousser plus loin la spoliation et rien ne nous permet de croire que la chapelle fut alors fermée. Au contraire, toutes les vieilles traditions fléchoises inédites nous montrent les prêtres assermentés cachés dans la campagne et venant célébrer les saints mystères à Notre-Dame-des-Vertus, sous les yeux de la police, qui semblait ne rien voir.

Cette situation ne se pouvait prolonger; le 29 prairial, an II, (17 juin 1794), eurent lieu les premières enchères « d'un bâtiment appelé autrefois Notre-Dame-des-Vertus, composé

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d'une nef de trente-neuf pieds de longueur sur seize de largeur, de deux chapelles correspondantes de dix pieds six pouces de largeur sur dix de longueur, une petite sacristie, chœur de seize pieds quarrés, au devant dudit bâtiment, un morceau de terre (le cimetière) d'environ cent quarante-trois toises quarrées, le tout dépendant du ci-devant prieuré de Saint-Thomas, situé commune de La Flèche » (1).

Mme Coquiny-Desprès, ne manqua point d'assister à ces premières enchères, et elle avait soumissionné seule pour la somme de mille livres.

Le 14 messidor (2 juillet) seconde mise aux enchères.

Celles-ci furent portées par Louis Chauvellier à 1,100 I.

Par Pierre Brossier à 1,400 1.

Par Mathurin Morin à 1,600 1.
Par Beaufils à 1,900 1.

Encore L. Chauvellier à 2,200 1.

Enfin Mme Coquiny-Desprès mit la dernière enchère et resta propriétaire à 2,425 1. (2).

Elle possédait donc désormais le domaine entier de Notre-Dame-des-Vertus.

Soucieuse de garder pour un avenir meilleur le sanctuaire béni, mais trop âgée pour pouvoir veiller elle-même à sa conservation, Mme Coquiny-Desprès s'adresse à un membre de sa famille M. Paul Salmon, négociant fléchois. Tous deux, le 17 floréal, an III (6 mai 1795), passent un bail « pour 3, 6 ou 9 années, avec droit de passer sur le terrain qui est devant la porte d'entrée sur la largeur de 6 pieds à partir du mur, d'un corps de bâtiment appelé ci-devant Notre-Dame-des-Vertus.... »

(1) Archives de la fabrique; procès-verbal d'enchères.

(2) Archives de la fabrique. Procès-verbal, signé Péans, Oger, Rizière, Bluet-Lenoir, Dulac,

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