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Enfin, il n'est pas jusqu'aux seigneurs de La Flèche qui n'aient voulu manifester leur attachement à ce culte, car je crois que la pensée de Notre-Dame-desVertus guidait Claude Fouquet, marquis de la Varenne, lorsqu'il fit exécuter « huit pièces de tapisserye de haute lisse à personnages représentant les vertus, faisant dix-neuf aunes et demye de tour sur trois aunes de hauteur » (1). Ces tapisseries, disparues aujourd'hui, ou du moins en partie, car il est permis de reconnaître deux d'entre elles dans les tapisseries conservées à Saint-Thomas, étaient conservées dans « une grande salle appelée la salle des Vertus ».

Jusqu'à plus ample information, en effet, je ne puis voir en cette dénomination l'intention de rappeler le souvenir de Catherine Fouquet, fille de Guillaume Fouquet, le bienfaiteur de la cité fléchoise. Catherine avait épousé le comte de Vertus, et les archives fléchoises ne nous la présentent pas comme la personnification de la sagesse.

S V.

Notre-Dame-des-Vertus au XVIIIe siècle.

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Chapelle de secours de Saint-Thomas. — Différents exercices du culte. Départ des Jésuites en 1763. Les trois statues de Notre-Dame-des-Vertus. Reconnaissance officielle du culte.

Quelle que soit l'origine du culte de Notre-Damedes-Vertus, on sait toujours avec certitude que, dès son apparition, il fut bien accueilli des Fléchois, car, avec la jeunesse, accourait en foule le peuple des fidèles.

Au commencement du XVIIIe siècle, le service paroissial y fut complètement organisé par le clergé de Saint-Thomas, qui y venait, au gré des fidèles,

(1) Archives Fouquet-La Varenne-Choiseul-Praslin. Inventaire du château après la mort de Claude, en avril 1699.

célébrer les mariages ou faire les sépultures. Pour ne pas fatiguer le lecteur, je ne citerai que l'acte de mariage suivant, du 2 juillet 1716:

« Le neufième jour de juillet mil sept centseize a esté célébré en la chapelle de Notre-Damedes-Vertus, dépendant de cette paroisse, le mariage de chaquns maistre Florimond Havard, seigneur de la Goupillerie, fils de deffunct Me Florimont Havard et de damoiselle Michelle Patoit et veuf de deffuncte damoiselle Renée Gasnier, de la paroisse de Clermont, d'une part, et damoiselle Anne Leproust de Boissé, fille de deffunct M. Pierre Leproust, seigneur de Boissé, vivant avocat au siège présidial de cette

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ville, et de deffuncte damoiselle Urbaine Chantelou, ses père et mère, d'autre part, de cette paroisse. Nous Me Jean Chantelou, prestre habitué et chantre en l'église de Saint-Thomas de La Flèche soussigné, leur ai donné la bénédiction nuptiale par vertu de dispense, etc... » (1).

Ceux qui aimaient pendant leur vie à venir chercher force et courage auprès de la Reine des Vertus, demandaient souvent comme suprême faveur, de dormir auprès d'elle leur dernier sommeil, soit

(1) Archives de l'Hôtel de Ville de La Flèche.

dans la chapelle, soit à l'extérieur. Les inscriptions funéraires que l'on lit encore en font foi. Le fermier général de tous les biens du prieuré de Saint-Thomas et par conséquent de Notre-Dame-des--Vertus concédait, avec autorisation du clergé, les terrains qu'on lui demandait et il se chargeait d'entretenir les tombes. En 1791, ce fermier général était Jacques Le Roy, de Seiches, qui, dans son accord avec la nouvelle propriétaire du terrain et du petit cimetière entourant NotreDame-des-Vertus, consent à cesser son exploitation, à la charge par l'acquéreur d'entretenir les tombeaux qu'il a donnés à différents particuliers.

Le service divin s'y célébrait, sinon tous les jours, du moins plusieurs fois chaque semaine, et non seulement les âmes pieuses désirèrent reposer près de la petite chapelle, mais elles voulurent qu'après leur mort des messes y fussent dites pour elles. En 1740, Mme Suzanne Quinchard, veuve de M. François Galloys, et, en 1752, Mile Marie-Irénée-Marthe de Saint-Chéreau fondent une messe à dire dans la chapelle de Notre-Dame-des-Vertus les jours de SaintJean et de Sainte-Suzanne. Inutile de multiplier les exemples.

Une procession solennelle fut de bonne heure organisée pour conduire tous les pèlerins à leur cher sanctuaire; j'en trouve en effet la preuve dans un inventaire des archives de notre Fabrique en 1738. «Et en une autre liasse de douze pièces concernant la fondation d'une procession à Notre-Dame-des-Vertus, par Marie Dugué, cottées par 5 R» (1). Et en même temps s'établissait cette « neuvaine de matinées et de soirées religieuses auxquelles la population de notre ville se rend volontiers pendant un tiers du mois de mai. Ce petit pèlerinage à neuf reprises a bien son charme particulier, printanier, paisible.... » (2).

(1) Registre des délibérations du Conseil de fabrique 1736 à 1787. (2) J. Clère, loc. cit.

Notre neuvaine à Notre-Dame-des-Vertus, commencée ainsi parola piété des fidèles, fut de très bonne heure régularisée par le clergé paroissial, et sans doute approuvée officieusement de l'évêque d'Angers; l'église de La Flèche avait ses offices propres et dans la dernière édition de ces offices, je trouve, au troisième jour, dans l'octave de l'Ascension, la fête de Notre-Dame-des-Vertus (1).

De cette époque date certainement la touchante coutume qu'ont les enfants de la Première Communion d'aller, chaque matin de la neuvaine, prier NotreDame-des-Vertus, en tenant pendant la sainte messe une petite bougie allumée.

Le culte de Notre-Dame-des-Vertus avait si bien pénétré le cœur des Fléchois, que le départ des fondateurs n'arrêta point la ferveur.

Les Jésuites, supprimés en 1763, furent obligés d'abandonner leur collège. Avant de partir, et << voulant que leurs statues aimées bénissent encore à l'avenir les habitants de la ville, ils les offrirent à la chapelle de Notre-Dame-des-Vertus » (2). Ces statues du collège militaire étaient celles de la Sainte Vierge, de Saint Louis de Gonzague et de Saint Stanislas Kostka. On sait qu'à cette époque la niche du maîtreautel contenait la statue en bois argenté qui avait reçu les premiers hommages adressés à Notre-Damedes-Vertus.

En 1763 elle fut enlevée; je ne saurais dire ce qu'elle est devenue. Elle fut remplacée par cette statue du collège royal, dont M. J. Clère parle en ces termes : « La statue de jeune fille représentant la Vierge, naguère placée dans la niche de l'abside, a droit à une vénération plus complète : elle représente une mère et son fils. >>

(1) Officia propria Ecclesiæ flexiensis 1760, « feria tertiâ infrà octavam Ascensionis Domini nostri Jesu Christi. In festo Beatæ Mariæ Virtutum ».

(2) Recherches sur les pèlerinages manceaux, p. 120.

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Il y eut donc en résumé trois statues. Quand s'opéra le dernier changement? A quelle époque fut placée la statue actuelle ? Aucun document, jusqu'à présent, n'a apporté de réponse à ces questions.

En tout cas, le changement ne nuisait nullement à la piété et à la confiance des fidèles. Le culte dut même s'y développer d'une façon prodigieuse, puisqu'il attira l'attention du Pape lui-même.

Par une bulle du 29 avril 1779, Pie VI autorisa officiellement la neuvaine de Notre-Dame-des-Vertus, qui, déjà, à cette époque, commençait, ainsi qu'à Aubervilliers, le mardi dans l'octave de l'Ascension.

Le Pape accordait « une indulgence plénière à tous les fidèles vraiment pénitents, confessés et communiés, qui visiteraient la chapelle dans l'octave de l'Ascension ».

L'évêque d'Angers, Monseigneur de Grasse, donnait, lui aussi, son approbation le 15 avril 1780.

La bulle de Pie VI, conservée dans un cadre doré de l'époque, est appendue au bas de la nef et tout pèlerin peut en prendre connaissance

« Ces légalisations pontificales du culte de Marie dans cette petite église solitaire, dit M. J. Clère, répondent à la pensée de quiconqne, je crois, vient la visiter. Quand le jour décline et que les splendeurs du crépuscule avec les derniers souffles du jour et les brises de la nuit, pénètrent par le vieux portail, la rosace et l'une des fenêtres, tandis que l'autre reste dans l'ombre, alors que le bruit éloigné de la ville, cessant par dégrés, finit par s'éteindre et que le silence qui lui succède n'est plus interrompu que par la fauvette gazouillant sa chanson du soir sur les tombes, je ne sais s'il est quelqu'un que tout cet ensemble n'impressionnerait pas religieusement. J'ai vu des chapelles à la Vierge sur la crète des montagnes et sur les rivages de la mer; je n'en sais pas qui inspirent mieux que celle de notre ville, une

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