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cette dévotion ne fit que grandir à travers les âges,

Pour n'en citer que quelques exemples et ne pas prolonger d'une façon inconsidérée ce travail, je rappellerai qu'en 1509, Simon Bouré, prêtre de SainteColombe, fonde à l'autel Sainte-Anne, en SaintThomas, une chapellenie en l'honneur de Notre-Damedu-Chef-du-Pont (1).

En 1538, M. Le Royer fonde par testament deux chapellenies en Saint-Thomas : « La première à l'autel Notre-Dame de Monsieur Saint Thomas; la deuxième en la chapelle de Monsieur Saint Claude, laquelle se nommera désormais la chapelle de Notre-Dame-dePitié ». Il veut de plus être inhumé devant l'autel Notre-Dame, en la fosse de laquelle ses père et mère sont inhumés (2).

De même M. Jouye des Roches (1624), qui donna nos belles tapisseries, et M. de la Morinais, un peu plus tard, veulent être inhumés le plus près possible de l'autel de Notre-Dame.

« Cet autel de Notre-Dame était spécialement cher aux fidèles de La Flèche, sous le titre de Notre-Damedes-Agonisants ou de la Bonne-Mort; et en 1650, ils y établirent sous ce vocable une confrérie avec des règlements qui en révèlent l'excellent esprit. Les confrères s'engageaient à accompagner le Saint Sacrement chez les malades, ou, en cas d'empêchement à réciter pour eux, à genoux, un Pater et un Ave, à loger les pèlerins, à réconcilier les ennemis, à instruire les ignorants, et à ne négliger aucun moyen de procurer une sainte mort à tous les membres de la pieuse association. » (3)

Ce n'est pas seulement à Saint-Thomas que Béné

(1) Montzey, Histoire de La Flèche. II-287. Archives de la Sarthe, H. 284.

(2) N.-D.-de-France, iv-382. Arch. de la Fabrique, registre échappé à l'autodafé des Vendéens (1793).

(3) N.-D. de France, IV, 382.

dictins et prêtres séculiers s'efforçaient de développer le culte de la Vierge Marie, les Carmes étaient, eux aussi, de fervents propagateurs de ce culte. Etablis en 1230, à La Flèche, par saint Louis, ces religieux quittèrent leur premier monastère de la rue des Vieux-Carmes, aujourd'hui du Rempart (1), et obtinrent de Louis XIII les restes de l'ancien château avec la chapelle de Notre-Dame-du-Chef-du-Pont. Nous verrons ailleurs quelle renommée ils surent donner à cette chapelle.

Deux autres communautés vinrent, à l'aurore du XVIIe siècle, édifier notre cité par le noble exemple des plus belles vertus pratiquées à l'imitation et sous la protection de la Mère de Dieu.

En 1622, Jacquette Chesnel est envoyée par la Bienheureuse Jeanne de Lestonnac, fondatrice des Filles de Notre-Dame, établir à La Flèche un couvent de cet ordre. « Ce fut là comme un foyer d'amour à l'égard de la Mère de Dieu, et la rue où étaient placées ces religieuses fut appelée la rue de l'Ave (2), de l'inscription Ave Maria, qui se lisait au piédestal de la Vierge, placée à l'entrée de l'ancien monastère » (3).

En 1633, ce furent les filles de Saint-François-deSales et de Sainte-Chantal qui élevèrent à leur tour une chapelle à la Vierge, et c'est ce couvent de la Visitation qu'occupent, depuis 1804, les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph.

«Enfin, à l'extrémité de la rue du Faubourg-duParc, était Notre-Dame-de-la-Bonde, ainsi appelée, de la bonde ou écluse établie sur le ruisseau près de la petite chapelle. Cet oratoire était autrefois en grande vénération parmi les âmes pieuses; et, longues années encore après sa destruction, elles aimaient à saluer

(1) Ils occupaient les bâtiments habités aujourd'hui par M. de Montfort.

(2) C'est aujourd'hui la rue de l'Hôtel-de-Ville.

(3) Notre-Dame-de-France, IV-386.

Marie par une dévote prière devant la statue placée à l'angle d'un mur de jardin, là où était l'ancienne chapelle » (1).

S II.

Les Jésuites du Collège royal et le Culte de la Sainte Vierge.

« Au commencement du dix-septième siècle, le culte de Marie, déjà si en honneur à La Flèche, reçut un nouveau et puissant renfort par l'arrivée des Jésuites au collège de cette ville. Henri IV les y établit luimême et leur fit don d'une statuette de la Vierge, haute d'environ dix pouces, portant son enfant sur le bras gauche et un sceptre dans la main droite; sa figure, comme celle du Divin Enfant, était peinte, ses cheveux dorés, et quelques étoiles, également dorées, semblaient étinceler sur les draperies. Un cortège long de deux kilomètres, composé du clergé séculier et régulier de toute l'édilité, en grande cérémonie, vint recevoir en pompe le présent royal et conduire solennellement la sainte image à l'église des Jésuites » (2).

M. de Montzey, qui parle aussi de cette statue, l'apelle Notre-Dame-de-Montaigu (3). « Sauvé du désastre au moment de la Révolution, dit-il, cet objet, précieux par les souvenirs qu'il rappelle, est maintenant placé dans l'église paroissiale de Saint-Thomas. » M. de Montzey a certainement été induit en erreur à ce sujet, car Saint-Thomas ne possède que deux statues remarquables: la petite statuette de Notre-Dame-duChef-du-Pont et la moyenne statue en terre cuite, adossée à un pilier proche la table de communion du maître-autel, du côté de l'Evangile.

1) Notre-Dame-de-France, IV-387. Cette chapelle devait être, je crois, en face le pignon des écuries du Prytanée.

(2) Notre-Dame-de-France, IV-384.

(3) Histoire de La Flèche, II, 284.

Or, sur la première, il ne peut y avoir de doute: elle est en pierre dure, grossièrement sculptée; l'auteur a donné à la Vierge cette position, que l'on retrouve dans la statuaire de Marie, aux XIIIe et XIV. siècles; Notre-Dame-du-Chef-du-Pont tient l'enfant Dieu sur le bras gauche et l'appuie sur la hanche gauche, visiblement portée en avant. C'est bien la statue vénérée par saint Louis.

Quant à la seconde, magnifique terre cuite de la fin du XVIe ou du commencement du XVIIe siècle, elle ne répond pas, quant à la dimension, aux données des auteurs précités, puisqu'elle a 80 à 90 centimètres de hauteur.

Mais, à les lire, il m'est venu des craintes bien fondées. L'un, M. de Montzey, s'est certainement inspiré de l'autre, et a pu involontairement reproduire son erreur.

Ni à Saint-Louis du Prytanée, ni à SainteColombe, ni à Saint-Thomas, on n'a connaissance de la statue de « dix pouces», décrite plus haut; de même en aucune de nos archives, je ne rencontre de documents venant confirmer les dires de nos deux auteurs; j'incline donc à croire que leurs descriptions s'appuient sur de faux ren

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seignements ou des traditions altérées par le temps, et que notre statue en terre cuite, de Saint-Thomas, pourrait fort bien être la statue de Notre-Dame-de

Montaigu, donnée par Henri IV. Sauf la dimension, elle réunit presque tous les autres caractères décrits, et, à la bien considérer, on la trouve réellement digne de constituer un présent royal.

Que l'on veuille bien me pardonner cette digression très utile, puisqu'elle m'a permis de préciser un point obscur.

Je reviens aux Jésuites et à Notre-Dame-des-Vertus. «Jaloux de faire honorer dignement la Vierge, dont Henri IV venait de leur donner la statue, les Jésuites formèrent quatre congrégations l'une dite de la Conception de la Sainte Vierge, pour les écoliers externes, l'autre, de son Assomption, pour les internes, la troisième, de sa Purification, pour les notables de la ville, et, la quatrième, de sa Nativité, pour les ouvriers, artisans ou marchands, et les fils de saint Ignace, embrassant ainsi toutes les classes et toutes les conditions, accrurent dans la société l'amour de la Mère de Dieu, avec toutes les vertus qui l'accompagnent toujours. »>

§ III.

Les Jésuites placent à Saint-Barthélémy la statue de L'écolier Guillaume Ruffin.

Notre-Dame-des-Vertus.

1674.

« Les Jésuites ne se contentèrent pas de réunir dans leur chapelle les quatre congrégations qu'ils avaient fondées.

«Voyant avec douleur l'oratoire de Saint-Barthélémy presque délaissé et sans honneur », ils obtinrent sans doute du prieur de Saint-Thomas permission de le transformer; à quelle époque exactement ? je ne saurais le préciser, mais ce fut certainement bien avant 1674 comme on va le voir tout à l'heure.

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