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lémy l'ancien temple d'une station gallo-romaine traversée par la route de Luché à Cré-sur-Loir.

Sans doute, plus tard, les besoins des temps forcèrent les villes et villages à se garder des surprises de la guerre; on se fortifia; les camps retranchés des Romains, tel celui de Cré (1), ne parurent plus suffisants, et on chercha dans le Loir un appui tout naturel. De là, nos seigneurs fléchois en vinrent à bâtir, au pont des Carmes actuel, cette forteresse, jusqu'au XVe siècle réputée inexpugnable. Dès lors le centre de la population se déplaça : la chapelle de Notre-Dame-du-Chef-du-Pont, que Jean de La Flèche éleva dans son château, attira de bonne heure la foule des pèlerins, et Saint-Thomas, bâti par Hélie, fils de Jean, rassembla à l'ombre de sa tour romane la majorité des habitants. Toutefois, malgré cet exode de ses paroissiens, Saint-Barthélémy subsistait toujours.

§ II.

Origine romane de Saint-Barthélémy,
son Portail.

Si l'opinion que je viens de présenter ne paraît pas admissible, à savoir que notre chapelle faisait primitivement partie d'une station romaine, dont l'importance diminua peu à peu avec l'émigration de la population vers l'église Saint-Thomas, ou vers le château et sa chapelle; si même on ne peut affirmer avec certitude, comme le voudrait M. l'abbé Coulon (2), qu'elle soit plus ancienne que N.-D.-du-Chef-du-Pont et Saint-Thomas, il est, du moins, impossible de nier et de ne pas voir les marques de son origine romane. Sans parler des fenêtres de la nef à la vérité retouchées lors de la restauration par M. Coulon, le

(1) Cf. Baron S. de la Bouillerie, Cré-sur-Loir, p. 8 et sq. (2) Cf. Notes citées plus haut. Archives de la fabrique de Saint-Thomas.

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portail lui-même ne garde-t-il pas le cachet de son époque? Je n'en saurais donner plus exacte description que M. Clère (1):

« J'examinai d'abord le portail, dont le cintre, légèrement surbaissé, nous offre certainement un reste de l'architecture romane qui a perdu la pureté classique de la courbe latine et n'a pas encore trouvé l'inspiration spiritualiste de l'ogive. Ce portail, par la simplicité de deux colonnes basses et au tiers engagées qui l'accompagnent, le peu de grâce des chapiteaux ou quelques feuilles roides et presque informes recouvrent à peine la nudité du cône primitif, la grosseur de l'archivolte qui se courbe lourdement. d'une imposte sur l'autre, et partout cet air d'ensemble sévère, qui semble accuser la vieillesse ou l'enfance robuste de l'art, ce portail, dis-je, peut bien être du XIe siècle et il a dù précéder cette époque glorieuse et nationale des anciennes annales fléchoises, que fit briller autrefois le génie du comte Hélie, et qui, après plusieurs siècles d'obscurité et de désastres publics, ne retrouve son pendant que sous Henri IV. »

M. Clère n'a oublié qu'une chose, bien importante cependant, puisqu'elle précise l'époque du portail, c'est de signaler à la base de chacune des colonnes, la griffe ou patte placée au seul angle saillant de la plinthe. En effet, « ce qui caractérise le mieux la base du XIIe siècle est une sorte d'appendice décoratif, de formes très diverses, placé aux quatre angles de la plinthe et servant à recouvrir la surface horizontale restée vide entre les côtés des angles de la plinthe et le tore inférieur. Cet appendice s'appelle griffe ou patte» (2).

Ces griffes sont très visibles et bien dessinées à

(1) Article de l'Echo du Loir déjà cité.

(2) Cours d'Archéologie religieuse par l'abbé Mallet, I, 189.

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Saint-Thomas, aux quatre piliers de la tour; on y reconnaît facilement des feuilles, mais ici ce n'est qu'un appendice informe dont le dessin n'a réclamé aucune inspiration.

La griffe de la colonne de droite a du reste été mutilée, mais on en voit parfaitement l'emplacement.

Il reste donc bien prouvé que Saint-Barthélémy, que la chapelle actuelle de Notre-Dame-des-Vertus, date du XIe siècle ou tout au moins du XIIe, et on peut vraiment dire

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Saint-Barthélémy église paroissiale (1368-1405).
Etablissement du Cimetière (1480).

Saint-Barthélémy dépend du prieuré de
Saint-Thomas (1507).

Les lecteurs des Annales Fléchoises, n'ont pas oublié ce que je leur ai dit ailleurs (1) de Saint-Barthélémy, église paroissiale; on trouve en effet des actes où il est question des paroissiens de Saint-Barthélémy, en 1368 et 1405.

Sans doute, était-ce surtout l'église de cette partie de la campagne fléchoise qui regarde Bazouges et Verron; cependant la ville elle-même la fréquentait

(1) Annales Fléchoises loc. cit.

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toujours beaucoup. Le choix que l'on fit à la fin du XVe siècle (1480) (1) de l'emplacement du cimetière actuel me paraît inspiré par le voisinage de ce sanctuaire déjà aimé et connu des fidèles. La ville n'était pas si étendue à cette époque sa population ne dépassait guère 3.000 âmes que l'on n'ait pas eu le choix de plusieurs autres emplacements; on préféra Saint-Barthélémy, parce que l'on pouvait ainsi y prier plus paisiblement pour les défunts et tout près d'eux; dès ce moment le cimetière dut servir comme aujourd'hui de lieu de passage pour les fidèles se rendant à notre chapelle.

Depuis plus de quatre cents ans les morts de notre cité reposent donc auprès du Dieu du Tabernacle, mais depuis deux siècles, pieuse et touchante pensée, on les a mis sous la garde de la Mère de Miséricorde, sous la protection de la Reine des Vertus. C'est ce qu'expriment tous les cantiques à Notre-Dame-desVertus.

Là-bas, dans la funèbre enceinte
Sous les gazons de fleurs semés,
Reposent dans la terre sainte

Tous nos pauvres morts bien aimés.
Amis que nul bruit ne réveille,

Pour qui le temps n'a plus de cours,
Dormez, dormez!... Sur vous la Vierge veille
Et veillera jusqu'au dernier des jours!

L'église Saint-Barthélémy fut de très bonne heure réunie comme bénéfice au prieuré de Saint-Thomas, et on la trouve mentionnée dans presque tous les aveux aux ducs d'Alençon, seigneurs de La Flèche : c'est ainsi qu'en 1507, Simon, prieur de Saint-Thomas, rend aveu pour « la chapelle, domaine et métairie de Saint-Barthélémy ».

Dès cette époque, on le voit, et peut-être longtemps

(1) Archives de la fabrique de Saint-Thomas. - Registre manuscrit.

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