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dans un perpétuel recommencement de l'histoire: seule, Notre-Dame-des-Vertus reste debout, s'affirmant ainsi la demeure sainte qui défie les siècles, le temple du Dieu-Puissant qui ne meurt point.

Il n'est pas de visiteur matinal, tel M. Jules Clère, qui ait pu résister au charme enveloppant de ce poétique paysage; nul passant indifférent ou sceptique qui, franchissant le seuil de ce pieux sanctuaire, n'ait entendu son éloquent appel à la prière et à la foi. Aujourd'hui, comme jadis, les âmes attristées, les cœurs endoloris, qui cherchent la solitude et le repos où plus doucement coulent les larmes silencieuses, se voient subitement apaisés par le calme bienfaisant et consolateur de la chapelle des Vertus.

A l'heure où paraîtront ces pages, l'aspect habituel du sanctuaire béni aura quelque peu varié. Ce n'est plus un pèlerin solitaire, mais une foule qui prie, car voici commencée la neuvaine de Notre-Dame-des-Vertus. Le silence accoutumé est rompu, sans doute, et les louanges de Marie se modulent harmonieusement sur des airs séculaires, mais le charme des lieux n'en existe pas moins.

Parmi les meilleures années de ma vie sacerdotale, je compterai toujours celles, trop rapides, hélas ! où, chaque matin, je venais célébrer ici le saint Sacrifice, et, dans ma pensée, dans mes intentions, la publication de cette modeste étude ne va pas sans apporter un filial hommage de reconnaissance et d'amour à la Reine des Vertus.

Ce pèlerinage matinal d'antan, je l'ai recommencé plusieurs fois depuis lors, avec un bonheur toujours

nouveau.

Tout dernièrement encore, préparant cette notice, j'ai visité en détail l'antique chapelle et j'en suis revenu avec cette pensée que peut-être bon nombre de Fléchois en ignorent les beautés ; c'est pourquoi,

profitant d'un précieux concours qui s'offrait bien cordialement, j'ai demandé à la photographie, à des plumes habiles de nous les reproduire, en partie, tout au moins. Si donc j'ose découvrir aujourd'hui le résultat de mes recherches, c'est que, j'en ai la conviction, le cadre gracieux et tout fleuri, sous lequel je présente ma modeste prose lui attirera l'entière bienveillance du lecteur.

Merci! bien sincèrement merci aux généreux amis, aux dévoués collaborateurs des Annales Fléchoises (1) qui ont bien voulu apporter à l'historien le précieux appui de leur merveilleux talent! Ils ont reproduit fidèlement ce que leurs yeux ont admiré, et contribueront ainsi pour beaucoup à révéler ce coin délicieux du pays fléchois.

Loin de moi la prétention de donner une histoire complète de Notre-Dame-des-Vertus ; j'ai voulu seulement, après avoir compulsé toutes nos archives fléchoises et angevines, faire connaître à tous ceux qui aiment notre antique pèlerinage, les documents que j'ai trouvés. Pour les présenter, j'ai tout naturellement suivi l'ordre chronologique ainsi constaterons-nous d'abord l'antiquité de la chapelle des Vertus, primitivement dédiée à saint Barthélémy; ensuite nous la verrons sous son vocable actuel pendant les XVII® et XVIIIe siècles, jusqu'à la Révolution; la troisième période comprendra la Révolution; enfin nous montrerons notre chapelle de plus en plus fréquentée à travers le XIXe siècle, jusqu'à nos jours; je ne pourrai mieux clore cette étude qu'en énumérant brièvement les différentes parties remarquables du petit édifice, tant dans le mobilier que dans la décoration.

(1) Je suis tout particulièrement heureux de renouveler ici l'exprssion de ma gratitude à MM. Buquin, Ravoux, Bouchereau, pour qui l'art de la photographie et du dessin n'a plus de secrets. Le lecteur voudra bien remarquer qu'aucun de ces dessins n'est fantaisiste, et que tous ont été pris dans la chapelle elle-même.

CHAPELLE DE NOTRE-DAME-DES-VERTUS

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CHAPITRE I.

Antiquité de la Chapelle de N.-D.-des-Vertus sous le vocable de St-Barthélémy

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D'après M. l'abbé Coulon, la chapelle Saint-Barthélémy (Notre-Dame-des-Vertus) serait plus ancienne que Saint-Thomas et Sainte-Colombe. « Les petites fenêtres romanes, dit-il, que j'ai trouvées en restaurant la chapelle en font foi ainsi que la porte à anse de panier.

«Que cet édifice ait été primitivement un petit temple payen, rien ne l'indique. Mais il existait avant l'usage des cercueils de granit coquiller témoin le cercueil que j'ai trouvé gisant le long du mur méridional, qui fut coupé par moitié par la fondation du mur de la chapelle que j'ai fait construire; au côté gauche de cette petite chapelle, j'ai fait entrer, comme moellons, quelques débris de ce cercueil qui indiquent la place où il était » (2).

(1) Cf. Annales Fléchoises, T. 1, p. 26 et sq.

(2) Ces notes de M. Coulon, ancien curé de cette paroisse, sont conservées aux archives de la fabrique de Saint-Thomas.

Certes la découverte de ce cercueil n'implique nullement l'existence d'un édifice religieux de la même époque, elle apporte cependant une raison de plus à l'hypothèse exposée plus loin. Peut-être même aurait-on trouvé d'autres tombeaux, si les fouilles, au lieu d'être partielles, avaient compris tout l'enclos de Notre-Dame-des-Vertus! Je dois avouer, au reste, que j'ai cherché partout ces moëllons indiqués comme débris de cercueil, et ne les ai pas retrouvés.

De son côté, M. de Montzey (1) ne repousse pas complètement l'opinion qui veut faire de Saint-Barthélémy un ancien temple romain. La découverte de poteries gallo-romaines, de tombeaux à auges en tous ces parages (2), donne de l'autorité. à cette opinion, car elle affirme l'existence d'un centre assez important à La Flèche même.

Luché (3) et Cré (4) étaient, on ne l'ignore pas, des stations gallo-romaines reliées entre elles par le Loir d'abord, et par la voie de César ensuite, voie, qui conduisait du Mans à Angers, et devait, d'après l'opinion la plus commune, passer au Gué-de-Verron (5). Or, à quiconque connaît la topographie de ces lieux, il ne paraîtra pas étrange de voir en Saint-Barthé

(1) Montzey. Histoire de La Flèche et de ses Seigneurs, I. 4. 5. (2) Les fouilles les plus fructueuses eurent lieu dans le jardin appartenant aujourd'hui à Madame de Lignac, entre la rue Saint-Jacques et le Boulevard Latouche, le long de la rue de la Brasserie.

(3) Luché (Luppiacus) a été évangélisé par saint Turibe, évêque du Mans, à la fin du IIe siècle; c'est lui-même qui consacra sa nouvelle église. Actes des évêques du Mans, édition de la Société des Archi.. ves Historiques du Maine (1901), p. 41.

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(4) Sur l'existence de la station gallo-romaine de Cré-sur-Loir, faut lire la savante monographie que M. S. de la Bouillerie a faite de cette commune. Mamers, Fleury et Dangin (1891). Saint Romain serait venu évangéliser cette paroisse au IVe siècle.

(5) Ce gué, qui porte encore le même nom aujourd'hui, se trouve n aval de notre ville, et immédiatement au delà du pont du chemin de fer.

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