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NOTES HISTORIQUES *

u pays du Maine nous avons Adéjà rencontré l'usage du Couvre-feu. (1) On lit, en effet, vers le XVIe siècle, dans un registre conservé aux archives de Notre-Dame-de-la-Guerche : « Item je donne et laisse aux sécrétaires de la Guierche seize sols tournois de rente

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(1) Cf. Les Annales, p. 134, 136.

pour sonner le Couvrefeu et chascun jour le salult matinal. » (2) Pareille coutume s'observait à Beaumont-leVicomte. La sonnerie du Couvre-feu terminée,

(2) Testament de Hubert Gadois, fol. 12, vo du registre. La Province

du Maine, 18 mars 1848, p. 47.

buveurs et marauds devaient vider les auberges, sans quoi «Messieurs les exempts » de la maréchaussée de Beaumont survenaient et arrêtaient les fautifs (1) qui, là comme ailleurs, ne devaient cependant pas manquer et qui, peut-être, comme ces truands de la bonne ville du Mans, au XVe siècle, étaient << batteurs à loyer, rompeurs d'huis et coustumiers de tous maux » (2).

Plus d'une fois cependant, les échevins manceaux avaient dû réglementer la police des rues. Outre le service de garde maintes fois imposé aux nobles, aux clercs et aux bourgeois, à la porte du château ou ailleurs, pendant le cours des XVe et XVIe siècles, de nombreuses rondes et patrouilles étaient faites par le gouverneur, les échevins et les capitaines. Lors de la révolte de la reine-mère, Marie de Médicis (3), en 1619, les patrouilles furent même permanentes (4). Plus tard, une ordonnance de l'Hôtel de Ville déclara que les portes de la ville seraient fermées, les ponts levés et les poternes closes à huit heures du soir (5). Moins privilégiées que d'autres villes, la cité du Mans n'avait pas de beffroi c'est à la tour de Saint-Julien que, d'après une entente entre les échevins et le chapitre cathédral, se sonnait le signal de ces retraites. Autant que nous pouvons en juger, ces retraites n'étaient pas quotidiennes; elles étaient motivées par la présence de gens de guerre ou le trop grand nombre de crimes. Rien d'étonnant donc que la décision suivante soit prise par le chapitre cathédral

(1) La Province du Maine, t. I. (1893), p. 109.

(2) Ibid., t. II. (1894), p. 288.

(3) Marie de Médicis (1573-1642), épouse d'Henri IV, mère de Louis XIII, était la fille de Ferdinand, grand-duc de Toscane. Son cœur fut, jusqu'à la Révolution, conservé dans la chapelle du Prytanée Militaire.

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(4) Extraits des registres de l'Hôtel de Ville du Mans de 1553 à 1784 dans l'Annuaire de la Sarthe pour 1835, pp. 15, 38. (5) Ibid. Ordonnance de 1629. Ibid., p. 43.

le 27 mai 1648: « Sur l'advis qu'on nous a donné que Messieurs de ville ont ordonné que le guet se fera doresnavant la nuict par les archers du provost de cette ville pour empescher les continuelles volleries qui se font tant en ville que faux bourgs, et qu'ils nous ont requis de vouloir faire sonner une grosse cloche pour faire retirer le monde, nous avons advisé que nos sergents, sur les neuf heures et demie du soir, sonneront jusques au nombre de trente et quarante coups, nostre dite cloche pour signifier les retraicts» (1).

C'est à peine si ce Couvre-feu sonna un mois; dès le 22 juin 1648, en effet, « sur l'advis que nous a donné M. de la Quentinière (2), eschevin de ville, nostre sonneur sera adverti de cesser de sonner sur les neuf à dix heures du soir, nostre grosse cloche que nous avions cy-devant ordonné estre sonnée pour faire retirer le monde de vaquer par les rues » (3). L'année suivante, une garnison de soldats étant de passage au Mans, le Chapitre fut invité à renouveler les sonneries du Couvre-feu: « sur ce qui a esté représenté que Messieurs de ville, lisons-nous aux archives du Chapitre, pour empescher la licence des soldats de la garnison qui est de présent en cette ville, auroient fait publier samedi dernier, qu'ils eussent à se retirer dans leurs maisons, dès les huict heures du soir, et qu'à cet effest, il nous pleust de faire sonner, tous les soirs, la retraicte sur les sept heures et demie, nous ordonnons, que nos sergents sonneront tous les soirs, Riotte, à lad. heure pour servir de signal à lad. retraite » (4).

(1) Archives du Chapitre Cathédral du Mans. B. 10, page 241 Communication de M. l'abbé Chambois.

(2) Louis Chevalier, sieur de la Quentinière, conseiller au Présidial du Mans, échevin, 1647. (Annuaire de la Sarthe 1835, cité p. 81.) (3) Archives du Chapitre B. 10, page 249.

(4) Arch. du chapitre B. 10, p. 462.

Riotte ne dut pas longtemps se faire entendre. Bientôt le chapitre envoya son « sergent » avertir les «sieurs eschevins » qu'il ne ferait pas sonner la grosse cloche pour la retraite des soldats de la garnison et les prier de faire publier la retraite « par le trompette pour estre sonnée par après à huict heures. du soir »> (1).

Comme les autres villes de l'ancien régime, la ville du Mans n'était donc pas toujours exempte de « volleries» et de drames nocturnes; elle avait essayé cependant d'assurer de bonne heure la tranquillité de ses habitants. Pour se conformer à l'édit de juin 1697 et à l'arrêt du 15 du même mois, le corps de ville s'occupa activement d'établir des lanternes dans les rues mancelles. Tour à tour, enlevées et remises, elles furent enfin remplacées au XVIIIe siècle par des réverbères (2).

Dans le diocèse lui-même, bon nombre d'archives fabriciennes mentionnent l'usage de sonner l'Angelus << autrement l'Ave Maria, trois fois le jour, de tinter deux des grosses cloches » (3). Veulent-elles nous parler du Couvre-feu? Nous n'osons l'affirmer, c'est ainsi qu'un testament, d'un bon dévot d'Assé-le-Boisne, <«<lègue au secretain, la Groye-de-Hoche........... à la charge de sonner la cloche de l'église par chacun jour de l'an à heure dernière du soir qu'on a accoustumé de sonner» (4). Cette heure du soir est-elle le Couvrefeu? Nous le pensons sans, cependant, vouloir être plus précis.

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Plus un papier n'est resté, disions-nous, au début (1) Arch. du chapitre B. 10, p. 640.

(2) Annuaire de la Sarthe pour 1835 pp. 123, 126, 127, 133, 187,

etc.

(3) La Province du Maine, t. III, 1895, p. 270.

(4) P. Moulard, Recherches historiques sur la Chastel!enie et la paroisse d'Assé-le-Boisne, p. 366.

de cette étude, pour nous indiquer quelques traces du Couvre-feu à La Flèche avant la Révolution. Nous conservions pourtant l'espoir d'en rencontrer sur notre route. En dépouillant le seul registre des délibérations de l'Hôtel de Ville fléchois (1689-1692), échappé à l'autodafé des chouans, nous avons appris que, parmi les charges du corps de ville de La Flèche, se trouve, en 1690, celle de « faire sonner la retraite >> qui, avec « l'entretien de l'horloge », lui coûte chaque année 50 livres. Sur les ordres du maire et des échevins, Julien Desmares, sacriste de Saint-Thomas, «a sonné la retraicte tous les soirs avec la moienne cloche » dès 1687. C'est ce qui ressort de la page suivante de notre registre (1):

Du lundy 26 septembre 1689.

En l'assemblée ord[inai]re de nous Maire et Eschevins de la Ville de La Flèche, tenue en lhostel commun d'Icelle, A comparu Julien Desmares, sacriste de l'église SaintThomas de cette ville, lequel a dit que suivant nos ordres et en conséquence de notre résultat du neuf janvier 1687, il a sonné la retraicte tous les soirs avec la moienne cloche dont il luy est deub une année eschüe du dixi[ème] jan[vi]er dernier jour et feste de Saint-Guillaume et pour la somme de douze livres de laquelle il demande payment.

L'affaire, mise en délibération, a été aresté que M. François Arsanger, procureur sindicq, payera audit Desmares la somme de douze livres ce qu'il a présentement faict au moien de quoi ledit Desmares sen est contenté et laquelle somme de douze livres sera allouée audit Arsanger dans son compte sur les deniers doctrois.

Faict et arresté audit Hostel de Ville lesdits jours et an.

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(1) Registre des résultats et délibérations de l'Hostel de Ville de La Flèche de 1689 à 1692, p. 17.

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