Je ne ressemble aux nautonniers Ce n'est moy qui mets à mespris La lune n'achève le mois Aussi l'on dit que tu passas La Possonnière de posson (2) Se surnomme, non du poisson (1) Le fief de la Denisière, qui se trouve à quatre cents mètres environ à l'ouest de la Possonnière, appartenait à une branche de la famille des Ronsart, aux Ronsart de Monchenou, cousins du poète (voir A. de Rochambeau et L. Froger, op. et art. cit.) On se rend de la Possonnière à la Denisière par une série de petites propriétés, dont les principales sont la Ratellerie et le Portau, qui dépendaient jadis de la Possonnière; on suit une route, en bordure du côteau qui monte vers la forêt de Gastine, route qu'on appelle encore de son nom traditionnel l'Allée, parce qu'elle était bordée de noyers séculaires dont le dernier est mort pendant le grand hiver de 1879-80; du temps de Pierre de Ronsard elle était beaucoup plus longue et reliait le ficf de la Roche-Turpain à celui de la Ribochère. Les caves sont encore nom breuses dont on apercoit l'entrée dans les flancs du côteau. (2) Le posson était une mesure pour les liquides. Il variait de deux litres à un demi-litre. Le poinçon, très variable aussi, équivalait en beaucoup de provinces à un hectolitre environ (note de l'édition des œuvres d'A. Jamin). Qui des RONSARDS nomme la race; Posson, poinson, tout bégayant Là, tout le camp qui te suivoit Pour ce, meint cousteau revestu Semeléen, Tyonéen, O deux fois né Bootien, Je gouste de tes doux présens (1). Il me semble que le témoignage d'Amadis Jamin, page et secrétaire de Pierre de Ronsard, constitue un argument péremptoire. M. l'abbé Froger en avait vu toute la valeur, car il a cité la strophe centrale : La Possonnière de posson Se surnomme, non du poisson Qui des Ronsards nomme la race... (1) Euvres poétiques d'Amadis Jamin, réédition de 1878, tome II, P. 251. au début d'une étude qui a paru dans la Revue Historique du Maine (1). Cependant tous les habitants du Bas-Vendômois et tous les éditeurs de Ronsard écrivent la Poissonnière, et pensent que ce nom vient des poissons que les Ronsart portaient dans leurs armes, et qu'on peut voir encore au-dessus de la porte d'entrée, ainsi que sur la cheminée de la salle à manger et au clocher de Couture. C'est également l'opinion de l'abbé Simon, l'historien de Vendôme (2). Cette confusion s'est produite par le phénomène frès ordinaire de l'analogie des sons, et s'explique d'autant plus facilement que dans le pays de Couture les corruptions de ce genre sont très fréquentes les habitants disent, par exemple, l'Embryon pour le Brayon (dérivation de la rivière de la Braye, non loin de son confluent avec le Loir), la Belle-Iris pour la Bellerie (fontaine célébrée par Ronsard), la Collinière pour la Conilière, etc. On fit la confusion de très bonne heure, dès le XVI® siècle, car Claude Binet, le biographe du poète, son contemporain et son ami, a écrit, après avoir parlé des poissons qui sont sur le blason des Ronsart : « De là pourrait avoir été nommée la Seigneurie de la Poissonnière » (3). Le poète lui-même semble avoir partagé cette opinion, puisqu'il a écrit dans une lettre à son ami Passerat en 1566: « Je m'en iray demain aux Trois Poissons boire à vos bonnes grâces » (4). Si les lettrés du XVIe siècle, et Pierre de Ronsard tout le premier, avaient déjà perdu de vue la vraie étymologie du nom de la Possonnière, il n'y a pas à s'étonner que des littérateurs de notre temps, tout doctes qu'ils fussent, (1) Tome XV, 1er semestre, p. 91. (2) Cf. supra, op. cit, tome III. (3) Vie de Ronsard. (4) Cf. Euvres de Ronsard, par P, Blanchemain, tome VIII, p. 169. aient prononcé et écrit la Poissonnière, ainsi que les habitants de Couture et les derniers propriétaires du manoir (1). P. LAUMONIER, Maître de Conférences à la Faculté des Lettres de Poitiers. (1) Pour ne rien omettre, ajoutons qu'une très vieille cloche du manoir porte encore gravé le nom de Posionière (sic). NOTES SUR LES COMMUNAUTÉS PROTESTANTES DE NOGENT-SUR-LOIR ET DE CHATEAU-DU-LOIR (1) Les communautés ou églises protestantes furent toujours rares et clairsemées au Maine. Fondées et entretenues par quelque seigneur que ses intérêts ou ses convictions avaient incliné vers la Réforme, elles ne groupaient guère autour de lui que sa domesticité et parfois quelques-uns de ses fermiers. Elles n'ont jamais fait tache d'huile. Supprimées en 1685, lors de la révocation de l'Edit de Nantes, elles sont maintenant à peine connues de nom, et ce sera, pour beaucoup, une vraie surprise de nous entendre parler de ces deux centres protestants de Châteaudu-Loir et de Nogent-sur-Loir. Nous ne saurions indiquer par qui ils avaient été constitués. Soutenus vers le milieu du XVIIe siècle par le marquis de la Moussaye, baron de Nogent-sur-Loir (2), ils se composaient d'un très petit nombre de fidèles. On possède (1) Les documents auxquels nous nous référons font partie des archives de l'Hôtel-Dieu de Château-du-Loir. L'archiviste du département de la Sarthe, M. J. Lhermitte, auquel on les a envoyées, en dresse actuellement l'inventaire. (2) Extrait du registre du consistoire de l'église, prétendue réformée du Château-du-Loir, tenu cy devant à Nogent, le 1er avril 1657. M. Edme Tricot, pasteur de cette église, et M. Marc Courtin, lecteur en icelle, ont représenté à la Compagnie du Consistoire, à deux chefs de famille, comme M. le marquis de la Moussaye, seigneur de cette terre de Nogent, auroit eu agréable non seulement de ratifier le contrat de constitution de 751 12 3d de rente, constituée par la somme de 1209 16 au profit de cette église, mais encore de donner, par nouvelle hypothèque, la métairie de Launay, dépendant de la terre de Nogent |