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on entendait seulement résonner leurs coups de marteaux. Les charrues se retournaient, se renversaient comme si elles eussent été touchées par quelque main invisible.

« La venue des chemins de fer et l'apparition des instruments modernes, si perfectionnés et si fragiles, ont sans doute dérouté l'art, un peu grossier et primitif, des artisans impalpables. Ils ont cessé tout travail, et, la nuit, la « Motte-Chauvin » reste maintenant aussi calme et plus triste encore que les champs d'alentour.

« Et les fées ?

«Patience, vous ne perdrez rien pour attendre. Il m'arriva certain soir, oh! il y a plus de cinquante ans, une singulière aventure.

«Il était environ dix heures. Je me promenais, avec une amie, sur la tombelle. Une nuit splendide, une nuit de printemps, claire, très douce... Les objets environnants se détachaient nettement : la lune versait à longs traits sa lumière.

«Tout à coup, ma camarade, fort pâle, me presse le bras et murmure:

«Ne vois-tu rien là-bas ? On dirait des ombres qui dansent.

«Je regardai dans la direction indiquée, un peu effrayée moi-même. Je distinguai bientôt un tableau fantastique :

« Une quinzaine de jeunes filles, blondes, à peine vêtues de longs voiles transparents, plus légers que les fils de la Vierge, dansaient en rond autour d'une belle dame, au visage d'une douceur extrême, dont la chevelure semblait faite d'un rayon de miel, les yeux d'un bleuet oublié à la moisson dernière. Elle souriait à ses amies...

<< Sorti je ne sais d'où, un jeune homme entra dans le cercle. Il s'inclina devant la fée blonde et lui baisa les mains. La ronde folle s'éloigna...

« Nous étions demeurées immobiles, presque clouées au sol: nous ne rêvions pas, certes...

«...Mais ce n'était que le prélude.

« Une autre jeune femme, au teint mat, aux yeux ardents et noirs, cheveux bruns, très fière en son costume d'azur aux longs plis flottants, survint, suivie de jeunes vierges, brunes comme elle, lesquelles se tenaient par la main. Elle paraissait chercher... Ses traits s'altérèrent tout d'un coup, ses narines frémirent, elle s'élança, toujours suivie de son essaim de jeunes filles.

«Elle fut bientôt au milieu de la ronde folle et se précipita vers le jeune homme qui tenait par la main sa rivale.

«Alors, cette jolie dame brune, si fière et si dédaigneuse quelques instants auparavant, se fit suppliante, se jeta à genoux; elle tordait ses mains de désespoir.

« Le jeune homme sortit du groupe, l'air très affecté. Les deux femmes le suivirent, chacune essayant de l'apitoyer.

«Il allait à l'une, retournait vers l'autre, les repoussait toutes deux. Il ne savait quel parti prendre et se cachait la tête entre les mains.

« A distance, les deux groupes de suivantes contemplaient avec anxiété cette scène d'amour.

« Enfin, préférant la nuit au jour, il étreignit sur son cœur la jeune dame brune, toute rougissante de bonheur, tandis que l'autre, la fée blonde dédaignée, pleura...

«Ses compagnes l'entourèrent, cherchant vainement à la consoler.

«La lune se voila, et, quand le nuage, chassé par le vent, lui eût rendu sa clarté, le brillant jeune homme et les belles fées avaient disparu. >>

GEORGES SOREAU.

Rédacteur en chef de Paris-Province,

LES

PAROISSES

SAINT-BARTHÉLEMY

ET

NOTRE-DAME-DU-CHEF-DU-PONT

A LA FLÈCHE

Tous les historiens fléchois s'accordent à dire que, dès le XIe siècle, il y avait en notre ville trois églises principales:

1° Saint-Barthélemy, aujourd'hui la chapelle de Notre-Dame-des-Vertus ;

2o Notre-Dame-du-Chef-du-Pont, qui n'était autre que la chapelle dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie dans le château, construit par Jean de La Flèche sur le Loir;

3o Saint-Thomas, que le comte Hélie de La Flèche fit rebatir quelques mois avant sa mort, en 1110. (1) A ces trois églises, il faut ajouter l'église suburbaine de Saint-Odon ou Saint-Ouen, aujourd'hui SainteColombe.

Les trois églises principales de La Flèche formaientelles déjà réellement, au XIe siècle, trois paroisses absolument distinctes, chacune ayant son clergé spécial, séculier ou régulier, ou même les deux à la fois, avec un territoire bien délimité sous sa juridiction?

Burbure (2), de Montzey (3), sans oublier Cauvin (4)

(1) Arch. de la Sarthe. H. 279.

(2) Burbure : Essais historiques sur La Flèche, p. 2.

(3) De Montzey: Histoire de La Flèche, 1. p. 4.

(4) Cauvin Statistique de l'arrondissement de La Flèche, p. 120.

affirment l'existence de ces paroisses, mais n'apportent aucune preuve à l'appui.

Une seule chose reste prouvée, sinon par leurs récits, du moins par les chartes du temps, c'est la suprématie de Saint-Thomas sur les deux autres églises, au commencement même du XIIe siècle.

ARTICLE I.

SAINT-BARTHÉLEMY

L'église Saint-Barthélemy était-elle primitivement la chapelle d'un centre gallo-romain? Je m'efforcerai, plus tard, de répondre à cette question (1).

Quant à l'antiquité de Saint-Barthélemy comme paroisse, on n'en peut parler autrement qu'à l'aide des traditions (2).

La plupart des documents concernant La Flèche, du XIe au XIIIe siècle, réunissent Saint-Thomas, Notre-Dame (du Chef-du-Pont) et Saint-Ouen (SainteColombe), sans mentionner jamais Saint-Barthélemy. Un seul exemple suffira. Dans une charte de 1246 (3), on nous parle « du curé de Saint-Thomas préposé avec ses deux chapelains et deux clercs au service « des églises de Saint-Thomas, de Notre-Dame et de «Saint-Ouen ».

Il me faut gagner la moitié du XIVe siècle (1368), pour trouver la première dénomination de paroisse

(1) Cf. de Montzey: liv. cit. I. p. 4..

(2) Qu'on veuille bien ne point dénaturer ici ma pensée! Loin de moi, en effet, de vouloir détruire l'antique et pieuse tradition qui nous affirme que les Fléchois, il y a douze siècles passés, venaient déjà prier dans le vénéré sanctuaire de Notre-Dame-des-Vertus, dédié, tout d'abord, à un apôtre du Christ, à saint Barthélemy. J'affirme seulement ici, que les documents nous manquent, jusqu'à présent, pour prouver que Saint-Barthélemy fut paroisse dès le commencement. (3) Arch. de la Sarthe, H. 280. Original texte latin.

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attribuée à Saint-Barthélemy (1), dénomination abandonnée déjà en 1405, où l'on ne se sert que du mot <«< Eglise » (2).

On a cependant tout lieu de croire que cette église fut encore paroissiale, ou tout au moins, succursale. de Saint-Thomas, jusqu'à la fin du XVIe siècle. Nul n'ignore, en effet, que chaque église, centre d'une assez forte agglomération, donnait le nom de son patron à un marché spécial, à une foire établie le jour même de la fête de ce patron. Ainsi, en allait-il pour Saint-Thomas et Saint-Barthélemy, et ces marchés existaient toujours en 1453 (3), en 1490 (4), en 1507 (5). On peut donc en conclure, selon toute

(1) En 1368, contrat d'échange d'une rente de 5 sols a été fait entre Raoul Le Masçon, frère, procureur et secrétaire de la Maladrerie de Saint-Jacques de La Flèche, d'une part, et Guillaume Goupil, paroissien de Saint-Barthélemy, qui donne, en contre échange, un quartier de vigne, appelé Puot. (Inventaire sommaire des archives de la Sarthe, H. 590.)

D

(2) En 1405, Jacquet Dupont, demeurant à la Corbinière, cède auxdits prieur et frères (de la Maladrerie de Saint-Jacques), une pièce de terre, sise entre l'église de la Maladrerie et l'église SaintBarthélemy, avec un courtil, situé entre les églises de Saint-Thomas et de la Maladrerie, et reçoit en échange, des religieux, deux quartiers de fresche, jadis en vigne, à Saint-Germain-du-Val, au lieu appelé Bois-du-Vau. » (Inventaire sommaire des archives de la Sarthe, H. 592.)

(3) « Dans l'avcu rendu, en 1453, à René, duc d'Anjou, roi titulaire de Naples, de Sicile, de Jérusalem, par Jean, duc d'Alençon et seigneur de La Flèche, on voit que la coutume (ou redevances) des foires de Saint-Barthélemy, est commune entre le prieur de Saint-Thomas et le seigneur par moitie. » De Monzey: liv. cit. II. p. 279.

a

(4) En 1490, René, duc d'Alençon, vicomte de Beaumont et seigneur de La Flèche, confirme à frère Pierre Le Gay, prieur de SaintThomas la totalité des droits des foires de la Saint-Barthélemy et de la Saint-Thomas. » Archives de la Sarthe, H. 280.

.....

(5) « Aveu du prieur Simon: Ma maison du prieuré (de SaintThomas) pressoir, cour et jardin la chapelle, domaine et métairie, vulgairement appelés Saint-Barthélemy, composés de plusieurs choses, près le grand cimetière ..... et les droits entiers sur les marchandises des Joires de Saint-Barthélemy et de Saint-Thomas. Archives de la Sarthe, H. 284.

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