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ses penchants et et ses vices, tout l'épicuréisme charmant de l'existence qu'il menait sur les rives du Loir...

Car si l'après-dinée est plaisante et sereine,

Je m'en vais pourmener, tantost parmi la plaine,
Tantost en un village et tantost en un bois,

Et tantost par les lieux solitaires et cois.
Jayme fort les jardins qui sentent le sauvage;
J'ayme le flot de l'eau qui gazouille au rivage.

Vers merveilleux d'une gràce que ceux de Jean La Fontaine égaleront à peine, vers qu'il est exquis de se répéter en face du délicat paysage dont ils semblent emprunter la douceur limpide et comme le rythme paisible.

Et, encore, ceux-ci :

Je dy le mot pour rire, et à la vérité

Je ne loge chez moi trop de sévérité.

(J'ayme....

•)

La musique et le luth, ennemis du soucy.

Et avec cela, bon chanoine et bon prieur. Ecoutez

le sur ce chapitre-là :

Mais quand je suis aux lieux où il faut faire voir

D'un cœur dévotieux l'office et le devoir,

Lors je suis de l'Eglise une colonne ferme.

D'un surplis ondé les épaules je m'arme,

D'une haumusse le bras, d'une chappe le dos.

Je ne perds un moment des prières divines;
Dès la poincte du jour je m'en vais à matines;
J'ai mon bréviaire au poing, je chante quelquefois,
Mais c'est bien rarement, car j'ay mauvaise vois.
Le devoir du service en rien je n'abandonne,
Je suis à prime, à sexte et à tierce et à nonne.

Malheureusement cette confession n'est qu'à demi sincère. Les « ministreaux de Genève » semblent

avoir eu raison. Ronsard fut prêtre. René du Bellay, évêque du Mans, lui conféra la tonsure en 1543. Plus tard, probablement vers l'âge de trente-cinq ans, Ronsard entra dans les ordres. Bon gré, mal gré, probablement avec l'ambition de se pousser dans la carrière ecclésiastique, il suivit « des puinez la rigoureuse loy»; et ce n'est point un «ministreau de Genève », le scribe qui, le 16 juin 1560, mentionna sur le Livre des insinuations ecclésiastiques du diocèse du Mans l'installation dans son canonicat du Mans de « noble et discrète personne, Maistre Pierre de Ronsard, prestre » (1). C'est vers la même époque que Ronsard prit parti avec violence contre. les calvinistes (on a même affirmé que, curé-baron d'Evaillé, il avait guerroyé contre des bandes de réformés; mais là-dessus, il semble qu'on l'ait calomnié). Dès lors, sa poésie, jusque-là purement païenne, se christianise à l'occasion. Mais ses mœurs ne se mirent d'accord ni avec sa poétique ni avec sa politique.

Ne laissons pas Montoire sans noter une mention que M. l'abbé Froger a recueillie dans les registres de la paroisse et qui prouve que la gloire du poète n'était pas étrangère aux bourgeois du Vendômois. C'est un acte de baptême où le parrain, noble homme, Pierre de Ronsard, est qualifié d'«aumosnier du roy notre sire et son premier poète en ce royaume ». Au fait, ce fut peut-être le parrain qui dicta ses qualités. ANDRE HALLAYS.

(A suivre.)

(1) Document publié par M. l'abbé Froger dans Ronsard ecclésiastique.

LÉGENDES ET CONTES

DE LA VALLÉE DU LOIR

LA TOMBELLE DE VANCE ()

La vieille Dame du hameau de la Vallée (2) se recueillit quelques instants et dit :

Notre Motte-Chauvin » est une bien jolie tombelle, n'est-ce pas ? Elle mesure cent douze mètres de circonférence à sa base et fut construite, assure-t-on, par nos pères, peut-être pour défendre le pays contre les Normands, à coup sûr afin de le protéger contre les incursions des Anglais et les méfaits des Grandes Compagnies.

<< Cauvin et Pesche disent que, suivant la tradition, la tombelle de Vancé est fréquentée la nuit par des fées et des enchanteurs.....

« Ces derniers n'ont plus aucun pouvoir depuis bien des années; il n'en était pas de même autrefois, au temps des loups-garous et de la houbille. Les lutins qui fréquentaient la tombelle paraissaient vraiment étonnants par leur adresse et leur vivacité. au travail. Ainsi, il suffisait, lors de ma jeunesse, de leur confier, le soir, au pied du monticule, charrues, herses et autres instruments agraires qui avaient besoin d'être réparés, avec le prix du travail sur une pierre à côté, pour retrouver, le lendemain matin, ces outils en parfait état.

«Il était impossible de voir ces habiles ouvriers;

(1) Vancé, canton de Saint-Calais (Sarthe), sur le Tusson qui se jette dans la Braye, au-dessous de Lavenay, à 4 kilomètres du Loir. (2) A Vance,

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