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Le prieuré de Saint-Côme, où Ronsard mourut, était fort ancien. Des religieux réguliers de Saint-Augustin l'avaient occupé jusqu'au jour où fut instituée la commende.

Lorsque Ronsard était venu prendre possession de ce bénéfice, en 1564, Saint Côme était une résidence charmante. Les bâtiments étaient vastes et environnés de bois et de jardins. « Ce prieuré, dit le cardinal Du Perron dans son Oraison funèbre sur la mort de Ronsard, est situé dans un lieu fort plaisant, assis sur la rivière de Loire, accompagné de bocages, de prairies et de tous les ornements naturels qui embellissent la Touraine, de laquelle il est l'œil et les délices... »

Depuis ce temps-là, le site a changé d'aspect. Les bocages furent arrachés, au dix-huitième siècle. Au dix-neuvième, les travaux des ingénieurs ont rattaché l'ile de Saint-Come à la rive en faisant disparaître le bras du fleuve qui la contournait au midi. Aujourd'hui, les ruines du prieuré sont dominées par deux levées et par le talus d'une digue de chemin de fer. On a quelque peine à reconnaître « l'œil et les délices de la Touraine » dans ce petit groupe de constructions délabrées qu'entourent quelques potagers emprisonnés entre trois remblais.

Que reste-t-il de Saint-Come? quelques habitations dont l'une porte cette enseigne Au rendez-vous des pêcheurs, - Fritures et matelotes. Noce et festin. (Du temps de Ronsard, voyez les vers que je citais

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au commencement --on faisait déjà à Saint-Come «la nopce gentille); » - l'abside d'une église romane,

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transformée en atelier, où l'on trouve un autel du

dix-huitième siècle;

quinzième siècle;

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un pan de mur d'une nef du le réfectoire des moines dont les

fenêtres, presque toutes aveuglées, conservent, sous

CHAPELLES ABSIDIALES DE SAINT-CÔME

manes;

d'épais badigeons, de magnifiques colonnettes roenfin un petit logis charmant avec une galerie de bois soutenue par des poutrelles. Cette dernière maisonnette passe pour avoir servi de logis au

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prieur. C'était donc là qu'habitait Ronsard. De ses fenêtres, il voyait le fleuve et, sur la rive opposée, le coteau de Saint-Cyr et le vallon de la Choisille.

Ce fut à Saint-Côme qu'il reçut Charles IX et sa mère; il salua les visiteurs d'un beau sonnet :

Le grand Hercule avant qu'aller aux cieux
Daigna loger chez un pasteur; vous, sire

Puis il leur offrit les melons de son jardin et ce fut l'occasion d'un second sonnet.

Ronsard fut enseveli dans l'église de Saint-Côme, du côté de l'Evangile, près du grand autel. On ne lui éleva d'abord aucun tombeau. Ce fut seulement vingt années plus tard que le prieur Joachim de la Chetardie mit à cette place une plaque tumulaire en marbre. Ce monument modeste était surmonté d'un buste peint. Deux génies de bronze florentin sonnaient de la trompette au-dessus de l'image du poète. Sur cette tombe était gravée une épitaphe latine composée par Héroard, ancien médecin de Charles IX et de Henri III.

Au dix-huitième siècle, quand le prieuré de SaintCôme eut été canoniquement supprimé, le monument de Ronsard fut transporté par les chanoines de SaintMartin dans leur salle capitulaire. Il y demeura jusqu'à la Révolution.

Lorsque le monastère et la collégiale furent détruits, on ne sait ce que devint le tombeau. Mais le buste fut sauvé et recueilli dans le musée de l'Ecole centrale du département d'Indre-et-Loire. En thermidor an X, il fut expédié au musée de Blois, parce que Ronsard était né dans le Loir-et-Cher et « qu'il est utile, écrivait le Préfet d'Indre-et-Loire, que chacun des départements de la République s'accoutume à honorer les images et la mémoire des hommes qui les ont illustrés. >>

Malheureusement, ou bien le buste se perdit en route, ou bien le Loir-et-Cher se montra peu soucieux de la relique qu'on lui avait confiée. Bref, la relique a disparu (1). Le musée de Blois possède une grande

(1) D'un mémoire de M. Charles de Grandmaison intitulé: Buste de Ronsard d'après celui qui ornait son tombeau à Saint-Cosme, près de Tours, il résulte d'une facon certaine que les bustes en plâtre de

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Ronsard, placés aujourd'hui dans les musées de Blois, Vendôme et Tours, sont bien des moulages du buste peint qui se trouvait sur le tombeau élevé par Joachim de la Chetardie. J'avais dit plus haut que l'authenticité du moulage de Vendôme était douteuse; je m'étais trompé, n'ayant pas lu encore le travail de M. de Grandmaison.

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