תמונות בעמוד
PDF
ePub

une vieille famille vendômoise avait pour devise: Courtoisie, Bonnaventure aux preux; car elle possédait deux terres patrimoniales, l'une qui s'appelait la Courtoisie et l'autre la Bonnaventure (celle d'Antoine de Bourbon). Au moment de la Révolution, le cadet de cette famille qui se destinait à l'état ecclésiastique, quitta le collet, se maria et il eut plusieurs enfants. Il s'appelait Victor de Musset, et l'un de ses fils fut l'auteur des Nuits.

Alfred de Musset est un peu le compatriote de Ronsard.

[ocr errors]

Le Loir, avec toutes sortes de méandres, vient passer au pied de Lavardin. Le bourg aux vieilles maisons, la grande ruine du château éventré, les bois touffus qui revêtent le coteau forment des tableaux joliment composés. On dirait qu'ici la nature pose pour les paysagistes, et cela donne aux sites quelque chose de déja vu... Il est tout de même exquis, par une matinée de brume, le chemin qui suit la rivière, de Lavardin à Montoire, parmi les aulnes et les peupliers ployant sous les frondaisons folles des houblons, des chèvrefeuilles et des liserons. Des grottes profondes,

Antres moussus à demy front ouverts,

ont été creusées sur le flanc du coteau; des rideaux de verdure dissimulent à demi la porte de ces caves mystérieuses. Partout ruissellent des sources vives...

Montoire est un gros bourg, avec une place immense et mélancolique; il s'étale sur la rive droite. du Loir; quelques façades de la Renaissance donnent de la grâce à ses rues sagement tracées. Montoire semble prospère et tout le monde y pêche à la ligne.

Sur la rive gauche s'élève, au pied du château, le vieux faubourg de Saint-Oustrille. Près d'une exquise

[graphic][merged small][subsumed]

maison du seizième siècle, surmontée d'un corps de cheminée magnifiquement sculpté, s'ouvre une ruelle étroite. Au bout de la ruelle, on entrevoit les toitures basses d'une très ancienne petite chapelle; on la dit du dixième siècle. Elle est en forme de croix latine, avec trois absides en cul-de-four. Ses voûtes sont couvertes de fresques bien peu postérieures à la

[graphic][merged small]

construction de l'édifice; elles sont en mauvais état, mais on y distingue encore de grands christs nimbés, des apôtres et des chevaliers qui terrassent des monstres. C'est la chapelle de l'ancien prieuré de Saint-Gilles. Tout à côté subsiste un vieux logis du treizième siècle, quelque peu défiguré, où fut assurément la demeure du prieur. Nous sommes ici dans la maison de Ronsard, car Ronsard fut prieur de Saint-Gilles.

Ce pauvre petit prieuré fut un des nombreux bénéfices ecclésiastiques dont le « gentilhomme vendômois » vécut assez maigrement. Le poète

[ocr errors]

était impécunieux et misérable. Si grande que fût sa gloire, il ne recevait rien des libraires qui imprimaient ses écrits. Les princes et les princesses auxquels il adressait ses vers lui témoignaient parfois un peu d'intérêt. Mais, pour s'assurer quelques revenus, il fallait bien que Ronsard, comme les autres, quémandat des abbayes et des prieurés. Il obtint une abbaye, celle de Bellosane, en Normandie. Il fut curé de Challes, d'Evaillé, de Champfleur, dans le diocèse du Mans. Il fut chanoine de Saint-Julien du Mans, puis de Saint-Martin de Tours. Il fut prieur de Saint-Guingalois à Château-du-Loir, de Croixval près Ternay, de Saint-Gilles à Montoire, et de SaintCosme-lès-Tours... Et les ronsardisants ont de grandes controverses sur le point de savoir si ce bénéficiaire reçut les ordres, si Ronsard fut prêtre. La question n'est pas oiseuse; car Ronsard lui-même a nié qu'il ait jamais été prêtre. (1)

Dans cette Réponse de Pierre de Ronsard aux injures et calomnies de je ne scay quels prédicantereaux et ministreaux de Genève, sur son discours et continuation des misères de ce temps, celui de ses Discours où peutêtre la verve est la plus éclatante et la langue la plus male, il déclare qu'il ne veut rien celer de sa vie :

Je jure du grand Dieu l'immense déité

Que je dirai le vray sans fard ni sans injure...

On a prétendu qu'il était prêtre; voici sa réponse :

J'atteste l'Éternel que je voudrais l'estre

Et avoir tout le chef et le dos empesché
Dessous la pesanteur d'une bonne évesché...

Après avoir héroïquement invectivé contre ses adversaires et rendu outrage pour outrage, il confesse

(1) M. Louis CHOLLET dans un article sur le prieuré de SaintCòme (Mois littéraire et pittoresque, de novembre 1902), dit : « à Saint-Côme, Ronsard.... bien que n'étant pas prêtre, récite le bréviaire...... » (N. D. L. R.)

« הקודםהמשך »