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douce séduction, à laquelle Ronsard disait si gentiment:

Le Loir, tard à la fuite,

En soy s'esbanoyant,
D'eau lentement conduite

Tes champs va tournoyant.

Pénétrons dans Vendôme. Bien peu de choses y évoquent aujourd'hui le souvenir du poète. Devant le Musée, une statue moderne qui n'est pas très belle a été élevée par les Vendômois à Ronsard. Dans le Musée même, on voit un buste en plâtre qui serait,

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dit-on, le moulage du buste en marbre autrefois placé sur le tombeau de Ronsard, dans le prieuré de Saints

Cosme. C'est un Ronsard très vieux, la tête inclinée en avant, comme si la couronne de lauriers lai était trop pesante, le nez long et très aquilin, le menton effilé, presque le visage d'une vieille femme.

Ronsard posséda une maison à Vendôme; son jardin venait jusqu'au Loir, en face de l'hôtel des du Bellay. Ce dernier hôtel est encore debout: c'est un grand corps de logis flanqué d'une tourelle en pierre et d'un joli pavillon; les lucarnes ont conservé leurs beaux ornements de la Renaissance... Mais, depuis le dix-septième siècle, la demeure de Ronsard a disparu; elle fut détruite lorsqu'on agrandit le collège des Oratoriens.

Il n'est pas interdit à un pèlerin d'interrompre ses dévotions pour donner un coup d'œil aux «< curiosités » qu'il rencontre en chemin, et d'observer que Vendôme - ronsardisme à part est une ville riche de monuments et de souvenirs.

De l'antique abbaye de la Trinité, Vendôme a conservé l'admirable clocher du douzième siècle, le plus grandiose peut-être qui soit en France, tant les proportions en sont justes et parfaites la légèreté de cette formidable masse de pierre est miraculeuse. Il a aussi gardé sa belle église, qui est comme un rendez-vous de tous les styles, du roman au gothique le plus fleuri, et dont tous les disparates se fondent en un ensemble merveilleux. Il n'a pas su défendre tout le reste du monastère, et c'est dommage. Le logis de l'abbé sert aujourd'hui de presbytère, et la jolie façade en a été respectée; mais les greniers de l'abbaye, percés de magnifiques fenêtres romanes, sont indignement mutilés. Un des côtés du cloître, le plus voisin de l'église, a été sauvé; mais les autres parties du couvent servent maintenant de caserne à un régiment de cavalerie. Le cloître, la salle capitulaire, la chapelle primitive sont transformés en magasins, cantines et écuries. (Et il

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existe en France une loi sur la protection des monuments historiques !)

Le collège de Vendôme a eu plus de chance que la vieille abbaye il a le fait est rare conservé depuis trois siècles sa destination primitive. César, duc de Vendôme, le fit construire de 1623 à 1639, et en remit la direction à la congrégation de l'Oratoire. Louis XIV l'érigea en « Ecole royale militaire ». La Révolution lui enleva son titre. Mais les Oratoriens continuèrent de diriger la maison. Deux prêtres sécularisés demeurèrent à la tête du collège qui devint Ecole centrale », puis « Ecole secondaire »>, puis « Collège royal ». C'est aujourd'hui le lycée de Vendôme. Et l'histoire de cette maison, c'est l'histoire des vicissitudes par où, depuis trois siècles, a passé l'enseignement des jeunes Français.

Les élèves du lycée de Vendôme ne sont pas à plaindre. Leur demeure en brique et pierre est du Louis XIII le plus superbe et le plus noble. Elle est belle et ancienne. Les portraits des Vendôme décorent le parloir. Une charmante chapelle du quinzième siécle, appartenant à un ancien hôpital démoli, a été réservée pour le collège; elle a des arcs-boutants fleuris et d'étranges colonnettes de la Renaissance, surmontant des chapiteaux romans, problème insoluble pour les archéologues. Des cours qu'ombragent des platanes gigantesques, on entrevoit, juchés sur le coteau du Loir, les débris du donjon de Vendôme. Un parc ombreux et frais entoure les bâtiments et les isole de la ville, comme en un grand oasis de silence et de verdure. Heureux les petits Vendômois, s'ils sentent leur bonheur de vivre sous de si beaux arbres, en une maison qui n'est point bâtie d'hier, qui ne ressemble ni à une caserne ni à une gare de chemin de fer, et qui porte le nom de Collegium Cæsareo-Vindocinense, tout simplement !

Le Loir, à deux lieues de Vendôme, forme une grande boucle. Là s'étend une presqu'île pleine de moulins et de vergers. Le village de Thoré domine

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les prés de sa jolie flèche de pierre. Au sommet de la boucle, au débouché d'un frais vallon, près de Guédu-Loir, on rencontre les restes d'un manoir du quinzième siècle bien délabré, mais dont l'enceinte est encore flanquée de ses fines tourelles pointues. C'est le manoir de la Bonaventure: Antoine de Bourbon, roi de Navarre et duc de Vendôme, y résidait avec de gais compagnons; il y fit des chansons dont l'une est demeurée célèbre la Bonaventure au gué! Ronsard était parmi les commensaux du prince. Quand

celui-ci épousa Jeanne d'Albret, (1) le poète composa pour lui un épithalame imité de Théocrite. Puis d'un admirable sonnet il salua la naissance du duc de Beaumont, qui, depuis, fut Henri IV:

Pleuve le ciel des parfums et des roses,

Soient des grands vents les haleines encloses,
La mer soit calme et l'air plein de bonheur !
Voici le jour que l'enfant de mon maître
Naissant au monde, au monde a fait renaistre
La foy première et le premier honneur.

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Au souvenir de Ronsard vient ici se joindre le souvenir d'un autre poète. Au dix-huitième siècle,

(1) Nul n'ignore, au pays fléchois, que les jeunes époux, mariés à Moulins en 1548, vinrent à La Flèche en février 1552. Ils habitèrent le Château-Neuf (aujourd'hui le Prytanée Militaire) que leur mère, Françoise d'Alençon, avait fait construire en 1540, et où elle était morte le 4 septembre 1550. Ils restèrent à La Flèche jusqu'à la moitié de mai 1553, et comme Henri IV naquit à Pau le 13 décembre 1553, on a raison de dire qu'il fut Fléchois avant d'être Béarnais.

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