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Sodius, le curé de Saint-Thomas, meurt juste à point, laissant une maison qu'il venait de faire construire, sur les conseils d'Ulgerius, évêque d'Angers, près l'église Saint-Thomas, pour y loger les prêtres qui desserviraient ladite église » (1).

Par l'entremise de Robert, leur abbé de SaintAubin, les religieux demandent cette maison, et bien volontiers, non gratuitement mais moyennant échange, l'évêque Ulgerius octroie aux demandeurs ladite. maison (2). Ils l'agrandissent aussitôt, après un arrangement avec les confrères de Saint-Gilles (3).

Le prieuré de Saint-Thomas était établi. Comment s'organise alors le service paroissial? Les religieux, désormais bénéficiers de Saint-Thomas comme de Notre-Dame, se réservent-ils le service de cette dernière, ou laissent-ils au clergé séculier le soin de desservir les deux églises ?

Si, en effet, ce n'est point le lieu d'étudier cette. coexistence au même sanctuaire des deux clergés, régulier et séculier, pas plus qu'il n'importe en ce moment de savoir où le curé de Saint-Thomas, successeur de Sodius (4), pût se loger, lui et ses

(1) Archives de la Sarthe, H. 279. « Ce fut fait l'an 1145, indiction VIII ».

(2) Cf. même charte que ci-dessus : cyrographe de Ulgérius, évêque d'Angers.

(3) « L'an de l'Incarnation MCXLV, Geoffroy, fils de Foulques, roi de Jérusalem, étant duc de Normandie et consul d'Angers, Ulgerius, occupant le siège épiscopal d'Angers, et l'abbé Robert administrant le monastère de Saint-Aubin, les religieux de La Flèche, (Fixe) vou-› lurent faire construire près de Saint-Thomas de nouveaux bâtiments pour leur prieuré, suivant les ordres et les conseils du comte Geoffroy et du sénéchal Geoffroy de Cleers; mais, se trouvant gênés par l'exiguïté, ils s'adressèrent aux confrères de Saint-Gilles et leur demandèrent le terrain qu'ils possédaient depuis leur maison jusqu'à l'Aumôneric...... » Arch. de la Sarthe, H. 280.

...

(4) Sodius dut avoir pour successeur Garin dont une charte, déja citée, nous a transmis le nom. On lit dans cette charte que « le don' a été fait à Saint-Aubin, de la dime de trois quartiers de vigne in Montafem (sur le Montafoin), ante domum Tadei militis... »

prêtres (1), il y a toujours la même question à résoudre Après 1145, les églises Saint-Thomas et Notre-Dame forment-elles deux paroisses distinctes ?

Malgré toute la bonne volonté qu'il puisse avoir de rendre son sujet moins aride et plus attrayant, l'historien ne saurait donner place ici à l'imagination toujours bannie de l'Histoire. J'en demande pardon aux aimables lecteurs des Annales Fléchoises, mais je vais donc être obligé de leur présenter encore des vieux papiers authentiques. Qu'ils se rassurent cependant! Leur patience ne sera pas mise à une trop longue épreuve.

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Prieuré et paroisse, actes de 1133 ou 4460, 1192, 1217, 1230. En 1246. le même clergé séculier dessert Saint-Thomas, NotreDame et Sainte-Colombe.

Je trouve un premier document de la fin du XIIe siècle, car l'époque en est facile à fixer (2). Ni le

(1) Il est curieux de constater que l'évêque d'Angers, Ulgerius, après avoir donné la maison de Sodius aux moines, « acceptait en échange, une maison sise à Angers, in Baltearia, habitée par Harduinus faber,, et dont les habitants devaient chaque année 15 deniers de cens... ». Charte citée de 1145, H. 279. Le curé de Saint-Thomas devait donc se pourvoir lui-même d'un logis ou aller demeurer à Angers ! ! Du reste les vicissitudes de la maison presbytérale sont difficiles à suivre à travers les siècles, car les curés de Saint-Thomas changèrent souvent de demeure. La maison de Sodius, qui devint le prieuré, était sur l'emplacement de la partie Est de la prison actuelle, et communiquait avec Saint-Thomas par une porte à peu près à l'endroit des Fonts Baptismaux. Le successeur de Sodius (Garin) bâtit alors ou acheta une maison, en face le grand portail de Saint-Thomas, et qui touchait aux bâtiments de l'Aumônerie. C'est ce presbytère que les religieuses hospitalières obtinrent pour en faire leur chapelle en 1698. C'est aujourd'hui le vestibule du Tribunal et le logement du concierge. (2) Le don de Geoffroy Molnat fut en effet contesté par son neveu << Harduinus Culfarius », qui, d'accord avec les religieux,« porta l'affaire devant la Cour de Henri, roi d'Angleterre (et seigneur de La Flèche), et de la reine Aliénor: par un jugement rendu à Angers, les

nom du donateur ni le don lui-même n'ont d'intérêt pour nos lecteurs aujourd'hui; seuls les noms des témoins, sont à retenir.

Ce document (pour le dire brièvement) atteste que « Geoffroy de Molnat... donne à l'abbaye de SaintAubin 4 deniers de cens... que le prieur de La Flèche (de Fissa) lui devait chaque année sur une vigne située ad Bochevrel (1) (à Bouchevereau).... Le donateur... place avec une baguette ce don sur l'autel dans le chapitre de Saint-Aubin. »

Mais au bas de cet acte on lit: « Témoins: De Monachis Hylaire, prieur de La Flèche, Herbert, prieur...... >>.

Hylaire, prieur de La Flèche, représente sans doute le prieur de Saint-Thomas? Herbert prieur, serait-il donc celui de Notre-Dame ? Dans l'affirmative il faudrait conclure à l'existence de deux prieurés indépendants; peut-on ajouter : deux paroisses?

religieux furent confirmés dans leurs droits ». Si l'on veut bien se rappeler que Henti Il fut roi d'Angleterre de 1152 à 1189, qu'il ne fut seigneur de La Flèche qu'à la mort de Geoffroy le Bel (1152). (Cf. suprà), et enfin, qu'il n'épousa qu'en 1154 Eléonore de Guyenne (Aliénor), répudiée en 1152 par Louis VII roi de France, on concluera que ce document a été rédigé 10 ou même 15 ans après l'établissement du prieuré de Saint-Thomas, c'est-à-dire entre 1155 et 1160, car c'est vers cette époque qu'Henri II vint en Anjou et à La Flèche avec Thomas Becket; cf. Livre blanc (imprimé) p. 4 no 111, cité par M. l'abbé Ledru dans sa magnifique édition de La Cathédrale du Mans, p. 162, note 4.

(1) Archives de la Sarthe, H. 279. Bochevrel en 1155. Le BoucheBourg-Chevreau en 1542. Bourg-Chevreau en 1566. vereau 1903.

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Christophe de Maumechin, écuyer, sieur de la Pilletière, la Sansonnière, le Bourg-Chevreau, baille à ferme à Jean Treton, marchand à La Flèche, ledit lieu du Bourg-Chevreau sur lequel une rente de 10 sols était due au prieuré de Saint-Jacques de La Flèche (1542). › (Archives de la Sarthe H. 629.)

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« Acte décerné en jugement à frère Jean Faifeu (de Saint-Jacques), chapelain des Boujus (en Verron), de ce qu'il a fourni déclaration aux plaids de Bourg-Chevreau des choses tenues par lui de ladite seigneurie (1566). » (Arch. de la Sarthe, H. 603.)

Je laisse aux étymologistes le soin de nous dire d'où vient « Bouchevereau »; je crois, du reste, leur avoir suffisamment éclairé la route,

S'il n'y a pas distinction de paroisses, il est à désirer, du moins, qu'il y ait indépendance pour chaque église, au point de vue temporel. On sait, en effet, que cinquante ans à peine après l'établissement du prieuré de Saint-Thomas, les religieux, venus de Notre-Dame, voyaient péricliter les intérêts matériels dudit prieuré. L'abbé de Saint-Aubin était obligé d'envoyer, en 1192, un de ses religieux, Manassès, avec mission d'éteindre en dix ans les dettes dudit prieuré. C'est du moins ce que nous apprend le document où l'abbé a transcrit la mission de Manassès (1).

Comment l'envoyé extraordinaire s'acquitta-t-il de sa mission? L'histoire ne nous en dit rien. Toutefois on peut croire que la situation ne s'améliora pas très vite, car on ne trouve plus de donation au prieuré de Saint-Thomas pendant une très longue période.

Pour Notre-Dame, au contraire, il en va tout différemment. La confiance dans la Vierge Marie attire chaque jour de nombreux pèlerins, et ces pèlerins eux-mêmes se chargent de pourvoir aux besoins de l'église, aux frais du culte. C'était le Concordat du moment, et nul ne s'en plaignait, ni prêtres ni fidèles.

Les seigneurs de La Flèche sont toujours les premiers à soutenir cette chapelle que leur ancêtre a fondée, tel Raoul de Beaumont dans une charte de 1217 (2).

(1) Archives de la Sarthe, H. 280. Cyrographe contenant que « Geoffroy, abbé de Saint-Aubin, envoie au prieuré de Saint-Thomas de La Flèche (de Fixa), pour dix ans, un de ses religieux nommé Manassès, à condition qu'il acquittera les dettes dudit prieuré mon. tant à 72 livres, qu'il y entretiendra honorablement trois religieux... » (2) Raoul III, vicomte de Beaumont, seigneur de La Flèche, SainteSuzanne, Fresnay, Le Lude. Il épousa d'abord Lucie dont il eut Raoul mort jeune, Richard III, et Guillaume, le saint évêque d'Angers, qui y reçut la visite de St Dominique. A la mort de Lucie, Raoul III épousa Agnès dont il eut Agnès plus tard femme de Louis de Brienne. (Cf. Montzey, loc. cit. I, p. 172 et seq.).— Charte de Raoul de Beaumont, seigneur de La Flèche, portant don à Notre-Dame, à l'abbaye

La pieuse chapelle reçut au XIIe et au XIIIe siècles de saintes et royales visites, et entre toutes, la tradition populaire rappelle la visite de saint Louis en 1230, mais le récit en appartient à l'histoire même de la dévotion fléchoise à Notre-Dame-du-Chef-du-Pont. Je la passe donc sous silence, pour arriver à la partie la plus mouvementée de cette vie paroissiale.

En 1246, une charte en fait foi (1), le clergé séculier dessert les trois églises de Saint-Thomas, Notre-Dame et Sainte-Colombe, et c'est le curé de Saint-Thomas qui y remplit le ministère paroissial, avec l'aide de deux chapelains et de deux clers.

Le prieur et le curé avaient besoin l'un et l'autre de subsides pour assurer leur existence et celles de

de Saint Jean de Mélinais et aux religieux, de tous les droits qu'il possédait sur la rivière du Loir (Lidi), depuis le moulin de Pollers (Poulliers) jusqu'au port Chevache (sans doute en face le château).... Fait à Thorée (apud Thoreiam), l'an 1217. - (Arch. de la Sarthe H. 439.)

(1)

<< Charte de Michel, archidiacre d'Outre-Loire (Transligerentis), et Guillaume Lebascle, chanoine d'Angers, de laquelle il résulte qu'une contestation s'étant élevée entre les religieux, abbé et couvent de Saint-Aubin d'Angers et leur prieur de La Flèche, pour leur pricuré de Saint-Thomas de Fixa, d'une part, et le curé de SaintThomas, pour son église, d'autre part, à raison de ce que le curé demandait aux religieux certaines prémices qu'ils percevaient dans l'église Saint-Thomas... et en outre, à raison de ce que ledit curé disait que le prieur et les moines ne célébraient point les divins offices dans l'église Saint-Thomas, comme avaient coutume de le faire les précédents pricurs. De leur côté, l'abbé, les religieux et prieur demandaient un curé, certaines oblations et prémices, une terre qu'il possédait apud Ulmum de Vernezellis.... Les parties après avoir appelé comme arbitres lesdits Michel et Guillaume, font devant eux un compromis.... Les arbitres écoutent les raisons données de part et d'autres et après examen, prennent les résolutions suivantes : ... En outre, le curé, avec deux chapelains et deux clers seulement, s'ils les a à demeurer avec lui, et s'ils sont préposés au service des églises de Saint-Thomas, de Notre-Dame, et de Saint-Ouen de La Flèche.... Au sujet de la célébration des messes et des offices en ladite église, ils ne pourront rien s'entre-réclamer ni s'entre-appeler pour célébrer ces offices etc., etc.,... » Texte latin, du lendemain de Saint-Simon et de Saint-Jude. Inventaire sommaire des archives de la Sarthe, H. 280. Cf. Montzey, Histoire des seigneurs de La Flèche, II, 276.

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