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des cafés, les rôtisseries, les cabarets restent ouverts jusqu'à dix ou onze heures; ...c'est pourquoi, surtout lorsque le temps est doux et agréable, on rencontre ici le soir autant de monde que dans la journée. Il arrive donc fort rarement qu'on soit attaqué et volé dans les grandes rues, où une foule de monde passe et repasse sans cesse. Mais je n'affirmerais pas que dans les petites rues, dans les endroits où il y a beaucoup de coins, on ne soit souvent insulté. Je ne conseille à personne d'aller à la ville à la nuit noire. Car quoique le guet ou garde à cheval patrouille par toute la ville pour y empêcher les désordres, il y a bien des choses qu'il ne voit pas. On a de cela bien des exemples (1) ».

Ce n'est pas là chose spéciale à Paris. On peut, en relisant les doléances des Etats de 1789, constater ailleurs les mêmes faits. La mendicité, « fléau destructeur, lèpre hideuse du royaume », remplissait les villes de « vagabonds et les campagnes de voleurs et d'incendiaires (2) ». Par les rues fangeuses (3) couraient de

mauvais garczons », des coupe-jarrets et des truands. Au bailliage d'Etampes, les citoyens voudraient pouvoir voyager avec sûreté et être chez eux à l'abri des actes des brigands (4) ». Le plus souvent impuissante, la police du temps restait inactive.

N'empêche cependant que des ordonnances de police prescrivaient de sonner le Couvre-feu pour inviter les gens paisibles à rentrer chez eux et à ne pas trop s'attarder dans les rues. A Saint-Malo, ceux qui circulaient dans les rues après le Couvre-feu étaient presque sùrs d'être dévorés.

(1) A. Franklin, La Vie privée d'autrefois. La Vie de Paris sous la régence, Paris, 1897, pp. 36-57.

(2) Edme Champion, La France d'après les cahiers de 1789, Paris, 1897, Colin, p. 222.

(3) Voyez notre note Rev. Histor. et Archéol. du Maine, t. LII, p. 112. Edine Champion, op. cit., pp. 123, 166.

(4) Edme Champion, op. cit., p. 223.

La garde de la ville était confiée à cinquante mendiants que les officiers municipaux choisissaient parmi les indigents. les plus dignes d'intérêt.

Pendant la nuit, ils étaient nourris, vêtus et chauffés l'hiver aux frais des habitants, et ils considéraient leurs fonctions de veilleurs comme une sinécure, car on lachait après le Couvre-feu un certain. nombre de dogues, et les honnêtes gens dormaient tranquilles; c'était tans pis pour les voyageurs qui ne connaissaient ni les habitudes locales ni la chanson:

Ah! bonsoir M. du Mollet,

A Saint-Malo, débarquez sans naufrage.

A Nantes, le célèbre beffroi du château du Bouffay sonnait le Couvre-feu, mais seulement les jours où les fêtes attiraient dans la plus grande ville de l'ouest un grand nombre d'étrangers. On savait qu'il y avait imprudence à ne pas être rentré chez soi avant que le beffroi eût fini son carillon. La police était impuissante à assurer la sécurité des rues et des places, et une foule de gens sans aveu se livraient à mille désordres, d'où l'origine d'un vieux dicton qu'on répétait souvent au XVIIIe siècle :

«Je m'en moque et de la police de Nantes (1) ».

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(1) Nous empruntons ces détails à M. Joseph de Trémaudan, dans l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, t. XLVI (30 nov. 1902), colonne 8-9.

LES

PAROISSES

SAINT-BARTHÉLEMY

ET

NOTRE-DAME-DU-CHEF-DU-PONT

A LA FLÈCHE (SUITE)

ARTICLE II.

NOTRE-DAME-DU-CHEF-DU-PONT

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L'église Notre-Dame-du-Chef-du-Pont a, du moins, čet avantage sur Saint-Barthélemy d'avoir des origines. plus précises et mieux connues.

Jean, le 1er seigneur de La Flèche « chevalier distingué » avait fait construire sur le Loir, le fameux château dont il reste quelque vestige à l'entrée du pont des Carmes. En 1087, il donna aux moines de Saint-Aubin (1) « l'église de Saint-Ouen (Sainte<< Colombe), telle qu'il la possédait, et la chapelle

(1) Célèbre abbaye bénédictine située près d'Angers. Elle possédait de nombreux prieurés dont beaucoup font aujourd'hui partie du diocèse du Mans,

«< construite dans son château en l'honneur de la << Sainte-Vierge » (1).

Cette donation fut acceptée par Saint-Aubin, car on en trouve la ratification au Cartulaire de la célèbre Abbaye (2).

Burbure (3), et de Montzey (4) nous disent, qu'à dater de ce jour, l'église du château devint paroissiale; j'ai cherché la preuve de ce dire et ne l'ai trouvée nulle part.

Les Bénédictins de Saint-Aubin, s'établissent donc auprès du château « apud Castrum Fissæ », et, en 1095, Jean de La Flèche leur fait encore différentes donations (5).

Jusqu'à la moitié du XIIe siècle, comme nous le prouvent divers documents, entre autres une charte de 1110 (6), les religieux restent auprès de leur

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......

(1) « quidam vir nobilis et miles egregius, cui nomen est Johannes de Fissà in proprium igitur dedit ecclesiam Sancti Audoeni, sicut et ipse habebat et Capellam suam quæ in chastello ejus sita est et constructa in honorem sanctæ Mariæ semper Virginis. » Archives de la Sarthe, H. 279, charte notice originale..

(2) Cf. Cartulaire de Saint-Aubin à la bibliothèque d'Angers. << Perinde Cartula de Fissa quomodo Johs dnus ejusdem Castri dedit Sco Albino et ejus monachis eccliam sci aldoeni atq. Capellam suam in eodem castro constructam in honorem sce Mariæ Virginis. » Lecture de Montzey, liv. cit. 1, 42. – M. le Comte Bertrand de Broussillon, Président de la Société des Archives historiques du Maine, publiera d'ici peu une édition avec tables du Cartulaire de SaintAubin. Cette publication, depuis longtemps attendue, procurera de précieux documents à l'histoire du pays fléchois.

(3) Burbure: Essais historiques sur La Flèche, p. 2.

(4) De Montzey: Histoire de La Flèche et de ses Seigneurs, I, 4. (5) « Johannes de Fissa donne aux moines de Saint-Aubin établis à La Flèche le droit de prendre dans sa forêt, qui est près de son château, le bois nécessaire au chauffage de leur four. Archives de la Sarthe, H. 279, charte de 1035, contenant le signe de Jean de La Flèche.

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(6) « L'an 1110, le 12 des Calendes de novembre, Hélie donna à Dieu et à Saint-Aubin ... la moitié de la foire qu'il avait lui-même établie, auprès du château de La Flèche (Castrum Fisse), le jour de la fête de Saint-Thomas, en l'honneur duquel saint, il venait de faire construire une nouvelle église. Il investit de ce don l'abbé de Saint

chapelle et les noms de leurs prieurs paraissent en maintes circonstances (1).

Pour si importantes que soient ces constatations, puisqu'elles nous montrent, dès la fin du XIe siècle, une église parfaitement organisée quant à son service intérieur, elles n'autorisent pas cependant à conclure que Notre-Dame ait été à cette époque une véritable paroisse.

Mais nous voici en 1445. Les Bénédictins du château de La Flèche, de concert peut-être avec le seigneur luimême, le Comte Geoffroy le Bel (2), s'efforcent d'obtenir un bénéfice plus important, celui de Saint-Thomas.

Aubin, Archembault, le jour même de cette fête, dans la maison des moines auprès de son château... » Archives de la Sarthe, H. 279. M. de Montzey se trompe donc en nous disant qu'avant 1145 « les moines de Saint-Aubin n'avaient pas de demeure à La Flèche » ; cette charte de 1110 prouve le contraire. L'historien fléchois ajoute : « ... au moins comme prieuré », la note suivante va démontrer son erreur : là où se trouve un prieur, il doit, ce me semble, y avoir prieuré. Cf. Montzey loc. cit. II. 272.

(1) Dans la charte de 1087, (déjà citée, au début de cet article) on lit « Hubert prieur » et en 1095 « Frotmond prieur ». Avons-nous là les noms des prieurs de Saint-Thomas, de Saint-Ouen ou de NotreDame? Il faut tout d'abord écarter Saint-Thomas où les religieux ne furent introduits qu'en 1145. Par ailleurs, s'il s'agissait du prieur de Saint-Ouen (Sainte-Colombe) on l'aurait désigné par son titre comme on le fera plus tard dans une charte de la fin du XIIe siècle où l'on voit en même temps, Guillaume pricur de Saint-Thomas, Hermenaud prieur de Sainte-Colombe, Garin curé de Saint-Thomas (Arch. de la Sarthe H. 279). Il reste donc que nous avons, probablement, les noms des prieurs de l'Eglise de la B. V. Marie du château de La Flèche.

(2) Geoffroy Plantagenet, dit Le Bel, comte d'Anjou, de Touraine et du Maine, duc de Normandie, seigneur de La Flèche, de 1129 à 1152. Il épousa Mathilde, fille de Henri roi d'Angleterre; elle mit au monde, le 5 mars 1132, au Mans, Henri, plus tard roi d'Angleterre sous le nom de Henri II. En 1145, Geoffroy était fort occupé à réprimer la révolte de Robert de Sablé, de Guy IV de Laval et de son propre frère Hélie, ce qui ne l'empêchait pas de s'occuper des affaires fléchoises on en a la preuve plus bas. Je lis dans Montzey

(loc. cit. I. p. 133) que « Geoffroy mourut au mois de septembre 1152 à Château-du-Loir. Ayant voulu se baigner dans les eaux limpides du Loir, Geoffroy fut atteint d'une pleurésie qui l'emporta à l'âge de 40 ans. Il fut enseveli dans la cathédrale du Mans ».

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