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Les deux poètes Thoinet et Perrot se rendaient à Tours pour y rencontrer, Ronsard sa Marion, de Baïf sa Francine. Ils étaient partis de Couture (près de la Poissonnière):

Nous partismes tous deux du hameau de Coustures,
Nous passasmes Gâtine et ses hautes verdures,
Nous passasmes Marré (1), et vismes à mi-jour
Du pasteur Phelippot s'eslever la grand'tour,
Qui de Beaumont-la-Ronce honore le village,
Comme un pin fait honneur aux arbres d'un bocage.
Ce pasteur, qu'on nommait Phelippot-le-Gaillard,
Courtois, nous festoya jusques au soir, bien tard.
De là vinsmes coucher au gué de Lengenrie (2),
Sous des saules plantez le long d'une prairie;
Puis, dès le point du jour redoublant le marcher,
Nous vismes, en un bois, s'eslever le clocher
De Saint-Cosme, près Tours, où la nopce gentille
Dans un pré se faisoit au beau milieu de l'isle.

Tous ces paysages familiers repassèrent sous les yeux du mourant durant les trois jours que dura le trajet douloureux de Croix-Val à Saint-Côme, trajet qu'il fallut maintes fois interrompre, car Ronsard tombait en de grandes faiblesses. Depuis le gai voyage de jadis, bien des choses avaient changé sur la route. Les terribles bûcherons avaient dévasté les hautes verdures de Gâtine. Phelippot-le-Gaillard (Philippe de Ronsard, père de deux des assassins de la Denisière) était mort. Jean Ronsard, que les juges d'Orléans avaient condamné à être décapité, était maintenant seigneur de Beaumont-la-Ronce...

Ronsard parvint à Saint-Côme. Il s'y confessa, fit son testament, et, peu de jours après, mourut, ayant, par sa fin chrétienne, édifié les religieux de son prieuré. ANDRE HALLAYS.

(A suivre.)

(1) Marray, sur la Dême, affluent du Loir.

(2) L'Angennerie, hameau sur la Choisille, petite rivière qui se jette dans la Loire en façe Saint-Côme.

LA SÉNÉCHAUSSÉE DE LA FLÈCHE

ET LES ÉLECTIONS DU TIERS EN 1789

La géographie historique des anciennes divisions judiciaires de l'Anjou présente quelques difficultés de détail. Néanmoins nous possédons des documents qui permettent d'établir d'une manière assez précise l'assiette des circonscriptions judiciaires en 1789. Le vaste territoire qui constituait la « grande Sénéchaussée d'Anjou » et était soumis à l'autorité plus nominale que réelle des Sénéchaux héréditaires d'épée, fut subdivisé de bonne heure en plusieurs Sénéchaussées secondaires, savoir: Angers, Baugé, Beaufort, Château-Gontier, La Flèche et Saumur.

La Sénéchaussée de La Flèche comprenait les paroisses suivantes : Bazouges, Clermont, La Flèche, Luché, Le Lude, Noyant, Parcé, Précigné, Pringé, Sainte-Colombe, Saint-Germain-sous-Daumeray, SaintGermain-du-Val, Savigné, Vaulandry, Verron, Villaines, Arthezé, Aubigné, Avrillé, Bernay, Bousse, Bruère (la), Chalonnes, Chenu, Chigné, Clefs, Cré, Créans, Crosmières, Dissé, Fougeré, Genneteil, Ligron, Mareil, Meigné, Méon, Saint-Mars-de-Cré, Saint-Quentin..

Le 24 janvier 1789, des lettres royaux annoncèrent la réunion des Etats Généraux à Versailles. Du 1er au 8 Mars, dans tous les bourgs de la province d'Anjou les cloches convoquent tous les habitants et bien tenants, inscrits au rôle des contributions et âgés de 25 ans, à formuler leurs doléances. Après avoir rédigé son cahier, chaque paroisse élit des députés

(1 par cent feux) pour aller le porter à l'Assemblée de la Sénéchaussée. En conséquence, les délégués des paroisses de la Sénéchaussée de La Flèche se réunirent sans retard en cette ville, et, suivant les ordres du roi, l'Assemblée se réduisit au quart. Les membres désignèrent 26 d'entre eux pour aller à Angers présenter et soutenir leurs plaintes et doléances (1) au sein de l'Assemblée générale des cinq Sénéchaussées et y procéder à l'élection des députés du Tiers aux Etats Généraux.

Voici les noms des 26 électeurs de la Sénéchaussée de La Flèche qui vinrent à Angers pour prendre part aux opérations de l'Assemblée générale, du 18 au 21 mars 1789 (2):

Pierre-Sylvestre-Léon Boussion, de Chenu.

Pierre Bodereau, marchand, Augustin-André Deslandes, lui aussi marchand, de Bazouges.

Ferdinand-Joseph-Charles Belin, bourgeois, de Clermont. Jacques-Denis Busson, lieutenant-général, Urbain-René Davy des Pilletières, avocat du roi, René-Louis Rocher des Perré, avocat, de La Flèche.

Pierre Lefranc, notaire, François-Alexandre Robineau, marchand, de Luché.

Michel-Charles Lenoir, lieutenant du comté, JeanAlexandre Barat, procureur fiscal, Jean-Jacques Lecamus, avocat, Fouasneau, avocat, du Lude.

Pierre Lespagnol, marchand, de Noyant.

Louis-Joseph Filloleau, chirurgien, de Parcé.

Jean-Pierre-Louis Liberge, notaire, Pierre Delaunay, marchand fermier, René-Madelon Martin, bourgeois, de Précigné.

Joseph-Louis Crespon, régisseur, de Pringé.

Louis Lenoir, boulanger, de Sainte-Colombe.

François Tonnelier, fermier, de Saint-Germain-sousDaumeray.

Jean Tricard, fermier, de Saint-Germain-du-Val.

(1) Les cahiers des paroisses avaient été résumés en un seul, appelé le cahier de la Sénéchaussée de La Flèche.

(2) Les séances eurent lieu dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, actuellement Place des Halles.

Marin-Pierre Mahuet, marchand, de Savigné.
François-Adam Destaigne, bourgeois, de Vaulandry.
François-Bonaventure Bidault, fermier, de Verron.
Julien-François-René Bizière, notaire, de Villaines.

Aucun des huit députés élus n'appartenait à la Sénéchaussée de La Flèche. Toutefois, l'Assemblée ayant nommé quatre suppléants, Urbain-René Davy des Pilletières, avocat à La Flèche (1), fut du nombre.

Avant de se séparer, l'Assemblée du Tiers, pensant qu'il était important d'établir un Bureau de correspondance dans les principales villes de l'Anjou, à l'effet de communiquer par écrit avec les députés et de leur faire passer les éclaircissements dont ils pourraient avoir besoin, nomma membre du Bureau de correspondance pour la Sénéchaussée de La Flèche Rocher des Perré.

F. UZUREAU,

Directeur de l'Anjou Historique.

(1) Il ne siégea point, parce qu'il était le 4 suppléant.

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DEUXIÈME PARTIE

LE COUVRE-FEU DU XVe SIÈCLE A LA RÉVOLUTION

* Voir puméros i et 2.

A l'aurore du XVe siècle, la France est déchirée par les Anglais et les Français. Elle est en butte aux pillages et aux extorsions des gens d'armes et des barons féodaux. Le meurtre, le guet-à-pens, les crimes les plus hideux sont de jour en jour très

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