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異政殊俗。據國而敍

S. J. : <«< Ainsi donc j'ai fait connaître d'une manière complète « l'emploi (varié) de leurs richesses, les échanges du commerce, les << monnaies d'or et d'argent, les coquilles à perles et les petites perles, « les frontières de l'Inde et ses limites territoriales.

« J'ai noté sommairement les différences du climat et du sol; j'ai « groupé ensemble les détails qui se rattachaient au même sujet, et « j'en ai présenté un résumé succinct; enfin, en traitant de chaque << royaume, j'ai eu soin de décrire les différents modes d'administra«tion, et les mœurs diverses des habitants. »

M. Pauthier: « Ces objets sont employés dans le commerce au lieu « de monnaies d'or et d'argent dont ils ne font pas usage. Les perles << grandes et petites se récoltent sur les rivages et les frontières de l'Inde, « dans des contrées particulières où des hommes sont envoyés exprès pour « les chercher. Le plus souvent ces perles sont enfilées ensemble, et par « ordre, dans un même fil. Généralement parlant, une administration « différente et des mœurs également différentes (de celles des Chinois) « appartiennent à ce royaume dont nous venons de nous entretenir. »

1° M. P. a cru que les choses précieuses dont on vient de parler plus haut étaient généralement employées par les Indiens dans leurs transactions commerciales, au lieu de monnaies, etc.

Notre voyageur dit, au contraire, de la manière la plus formelle, que les habitants de l'Inde faisaient usage de monnaies d'or et d'argent.

Je vais expliquer, n° 7, comment M. P. a été conduit à dire le contraire, savoir, qu'ils ne faisaient pas usage de monnaies d'or et d'argent.

20 Il a mal ponctué la première ligne, et c'est peut-être là la cause des erreurs qu'il a commises au commencement de ce passage. Il a regardé le mot jen comme une particule finale appartenant au

membre de phrase précédent.

3o Il a placé un point (6) après le génitifho, « richesses » (divitiarum), et en a fait le nominatif objets (d'échange). (Voyez § 139, 6°.)

4o Il a construit le mot yong, « l'usage, l'emploi, » dernier mot du premier membre de phrase, avec les deux premiers mots du suivant,kiao-thsien. Il a traduit : « ces objets SONT EM

«PLOYÉS dans le commerce. » Il a fait ainsi le verbe passif être employé du substantif emploi (l'emploi de leurs richesses).

5° Si les motskiao-thsien (voyez leur sens 7°) signifiaient dans le commerce et étaient dans la dépendance du mot

yong (dans le cas où ce mot signifierait être employe), ils devraient nécessairement le précéder.

6o Il a passé le mot yeou, « ce qu'on a. »

7° L'expressionkiao-thsien-yeou-wou signifie l'action d'échanger mutuellement kiao-thsien) ce qu'on

a yeou) contre ce qu'on n'a pas (I wou). Il a construit le régime direct fill: wou, «< ce qu'on n'a pas,» avec les mots

kin-tsien-yn-tsien, « monnaies d'or, monnaies d'argent, »> qui commencent le second membre de phrase, et, le rendant par « ne pas avoir,» il a entendu qu'ils << N'AVAIENT PAS ( "MONNAIES D'OR ET D'ARGENT! »

8° Il a construit les quatre mots

wou) DE

*tchou-peï-siao

tchu, les coquilles à perles et les petites perles, avec la phrase suivante (les frontières de l'Inde et ses limites territoriales) qui est tout à fait distincte, et il a traduit : « les perles grandes et petites se récol«tent sur les rivages et les frontières du Intou (l'Inde). » Nous allons voir que, depuis cet endroit jusqu'à la fin du récit, M. P. n'a rien entendu au texte chinois.

peï-tchou. D'après le philosophe

9° Il y a en chinois Kouan-tseu, liv. XII, fol. 26, et le dictionnaire P'eï-wen-yun-fou, liv. LXVII, fol. 7, il faut lire tchou-peï, « coquilles à perles,

pei,

étaient,

« coquilles portant des perles. » M. P. a cru que le mot « perles,» signifiait grand, et il a traduit « les grandes perles. » 10° M. P. n'a pas vu que les mots tchou-peï, « les coquilles « à perles, » etsiao-tchou, les petites perles, ainsi que les mots précédents (l'emploi des richesses, les échanges du commerce, les monnaies d'or et d'argent et les mots suivants (les frontières de l'Inde et ses limites territoriales), que ces mots, dis-je, étaient le sujet du verbe passif kiu, « être cités. » Il n'a rapporté qu'aux perles ce verbe kiu, «être cité, » et il a traduit « les « perles SE RÉCOLTENT! »

11° Pour expliquer l'origine de ces perles, origine dont l'auteur ne parle pas, il rend les mots Ein-tou-tchi-king, « les a frontières de l'Inde, » par « les rivages et les frontières de l'Inde. »

12o Il a cru que le mot

tch'a, « différences » (ct. § 96, 2o),

signifiait « envoyer un exprès, » et que les mots

fongjang,

« climat et sol, » avait le sens de « contrées particulières; » et au lieu de : « les différences du climat et du sol,» il a traduit: « des «< hommes sont envoyés exprès (tch'a) dans des contrées particu« lières (fong-jang) pour les chercher » (les perles) !

13° M. P. a passé les motsta-lio-sse-tsaï, «(les <«< différences du climat et du sol) sont indiquées ici (c'est-à-dire dans <«< cet ouvrage) d'une manière abrégée. ».

14° Les mots

thong-thiao-kong-kovan signifient : « les articles semblables ont été liés ensemble. » M. P. qui veut voir des perles dans les deux phrases précédentes et dans celle-ci, n'hésite pas à traduire : « Le plus souvent ces perles SONT ENFILÉES ENSEMBLE « ET PAR ORDRE DANS UN MÊME FIL! » 13° Les quatre mots fient littéralement : « en gros, j'ai exposé le résumé. » M. P. traduit : « généralement parlant. »

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sou-tch’in-keng-kaï signi

16° L'auteur parle des administrations et des mœurs qui diffèrent entre elles dans les diverses contrées de l'Inde qu'il a décrites. Il ne veut pas dire que ces modes d'administration et ces mœurs diffèrent de ce qu'on remarque en Chine. M. P. traduit : « des mœurs diffé<< rentes de celles des Chinois. >>

17o Les motskiu-koue-eul-siu signifient : « sui<< vant l'état de chaque royaume, ces choses ont été exposées. » M. P. traduit: « Ces mœurs appartiennent à ce royaume dont nous venons « de nous entretenir. » Il y a ici trois fautes.

18°

kiu signifie ici « se fonder sur » et non «< appartenir à. >> 19° Le mot koue, « royaume, » doit être traduit au pluriel, <«<les royaumes, ou chaque royaume, » à cause des mots « différentes « administrations, mœurs différentes. >>

20° Ce n'est qu'en style moderne que le mot

siu veut dire

<«< converser sur; » en style ancien, il signifie « disposer, ranger, expo<< ser, » et au passif « être rangé, exposé. »

CONCLUSION'.

(1841).

M. Pauthier m'informe qu'il se propose de répondre de point en point à l'article qu'on vient de lire. Il aura raison; car il se doit à luimême, il doit aux sinologues dont il recherche les suffrages depuis quinze ans, de reprendre l'une après l'autre mes observations critiques, et de les réfuter, autant qu'il est en lui, par la force de la logique et le témoignage des auteurs, de manière à ne pas laisser planer le plus léger doute sur l'exactitude de sa traduction.

Mais, pour y réussir, il lui sera nécessaire de formuler, si cela est possible, une nouvelle grammaire chinoise, et de détruire, par des exemples et des principes contradictoires, des lois rigoureuses de syntaxe qui découlent de la nature même de la langue. Une telle polémique se rattache aux points les plus importants de la grammaire générale, et ne peut manquer, par conséquent, d'intéresser les philologues, quel que soit le genre ou la direction de leurs études.

· L'Asiatic Journal de Londres donne dans le numéro de ce mois (mai 1841), pag. 62-63, une notice littéraire sur l'Examen méthodique des faits concernant l'Inde (traduit du chinois par M. Pauthier, et extrait du Journal asiatique de Paris, octobre, novembre, décembre 1839, et mars 1840), dont je viens d'examiner environ la cinquième partie. On y remarque le passage suivant : « This is a work for which the students of the history and antiquities of China and << India, will not hesitate to confess deep obligations to the learned author, IT << IS A CAREFUL TRANSLATION from chinese authorities of the historical records of their intercourse with India and the regions beyond the Indus, illustrated • (we may truly say) by copious notes, containing original texts, where necessary, and evincing great learning, research and ingenuity; » c'est-à-dire : « Voici un ouvrage pour lequel les persones qui étudient l'histoire et les antiquités de la Chine et de l'Inde, n'hésiteront pas à témoigner leur profonde « reconnaissance au savant auteur. C'est une TRADUCTION FIDÈLE (!) d'après les auteurs chinois, des documents historiques sur les relations des Chinois avec l'Inde et les régions au delà de l'Indus, enrichie (nous pouvons le dire • avec vérité) de notes étendues, accompagnées du texte chinois lorsque cela « est nécessaire, el où brillent à un haut degré le savoir, l'esprit de recherches « et la sagacité »

Je n'ai pas besoin de dire que si M. Pauthier s'égarait dans des généralités vagues, au lieu de lutter corps à corps contre chaque critique, au lieu de renverser péremptoirement chaque point de grammaire que j'ai voulu établir ou constater, cette manière de répondre donnerait un nouveau poids à mes observations, et autoriserait le lecteur à penser que toutes ses autres traductions de textes chinois ne sont peutêtre pas exemptes d'erreurs semblables à celles que j'ai signalées dans le présent mémoire, et dont j'ai tâché de présenter l'analyse et la rectification.

STANISLAS JULIEN,

Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
Professeur au Collège de France.

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