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Quel coloris! quelle liberté de touche! quel paysage dans ces vers-ci!

La fource qui d'abord coule en faphirs liquides,
Entretient ces canaux argentés & limpides,

D'où s'échappe & Jerpente en utiles filets
L'onde qu'on voit rouler fur des lits où s'étale
Parmi le fable d'or la perle orientale.
Le nectar répandu fous les ombrages frais
Arrofe chaque fleur & nourrit chaque plante;
Fleurs & plantes du Ciel qu'avec de vains apprêts
L'art ne raffemble point en couches, en bouquets.
La nature les donne, & fa main bienfaifante
Les prodigue aux côteaux, aux vallons, aux forêts,
Soit aux lieux découverts dont l'afpect favorable
Aux rayons du matin offre un facile accès,
Soit aux fombres berceaux, azile impénétrable
Que les feux du midi ne percérent jamais.

Lifez cette description ravissante, peignez-vous le tableau qui en réfulte, & mettez-le à côté du fauvage & impofant afpect de terreur avec lequel le poëte garde les confins de fon Paradis,

Un défert efcarpé borde ces lieux charmants
Une épaiffe futaye en obfcurcit les flancs,
En interdit l'accès par fon afpect Jauvage.
Du fommet de ce cap defcend & fe propage

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Infuperable height of loftiest shade,

Cedar and pine, and fir, and branching palm,
A fylvan scene, and as the ranks afcend,

Shade above fhade, a woody theatre

Of statelieft view----

and then recollect that the author of this fublime vifion had never feen a glimpse of any thing like what he has imagined, that his favourite ancients had dropped not a hint of fuch divine fcenery, and that the conceits in Italian gardens, and Theobalds and Nonfuch, were the brightest originals that his memory could furnish. His intellectual eye faw a nobler plan, fo little did be fuffer by the loss of fight. It fufficed him to have feen the materials with which he could work. The vigour of a boundless imagination told him how a plan might be difpofed, that would embellish nature, and restore art to its proper office, the juft improvement or imitation of it.*

It is necessary that the concurrent teftimony of the age Should wear to pofterity that the defcription above quoted was written above half a century before the introduction of modern gardening, or our incredulous defcendents will defraud the poet of half his glory, by being perfuaded that be copied Some

* Since the above was written, I have found Milton praised and fir William Temple cenfured, on the fame foundations, in a poem called The Rife and Progrefs of the prefemt Tafte in Planting, printed in 1767.

L'ombre augufte que font en leur feuille divers
Les cédres, les palmiers, les fapins toujours verts:
Ruftique perspective où par rang, par étage
S'offre en amphithéâtre un noble paysage.

Rappellez-vous alors que l'auteur de cette vifion fublime n'avoit jamais vu l'ombre de rien de femblable à ce qu'il imaginoit, que les anciens fes favoris n'ont jamais laiffé échapper la moindre idée d'une fi divine decoration, & que celle des jardins Italiens, ou de Theobald & de Nonfuch * étoient les plus beaux modeles que fa memoire pût lui fournir. Son œil intellectuel lui fit voir un plan plus noble: tant ce grand homme fouffrit peu par la perte de la vue. Il lui suffît d'avoir vû les materiaux qu'il pouvoit employer. La vigueur d'une imagination fans bornes lui apprit comment pouvoit s'ordonner un plan qui embellit la nature & rendit à l'art fon veritable emploi, celui de la perfectionner. †

Il est néceffaire que le témoignage de fes contemporains atteste à la postérité que la description rapportée ci-dessus a été écrite plus d'un demi fiécle avant l'introduction des Jardins modernes; fans quoi nos incrédules defcendans enleveroient au poëte la moitié de fa gloire en se perfuadant qu'il n'a fait

* Nonfuch en Surry à douze mille de Londres étoit une maison de chasse de la reine d'Elizabeth. (Note du Traducteur.)

† Depuis que ceci est écrit, j'ai trouvé l'eloge de Milton & la critique de fir William Temple d'après les mêmes principes dans un poëme intitulé, La Naiffance & la Progrès du Goût actuel en Peinture, imprimé en 1767.

Some garden or gardens he had feen---fo minutely do his ideas correfpond with the prefent ftandard. But what shall we Say for that intervening half century who could read that plan and never attempt to put it in execution?

Now let us turn to an admired writer, pofterior to Milton, and fee how cold, how infipid, how taftelefs is his account of what he pronounced a perfect garden. I speak not of his style, which it was not necessary for him to animate with the colouring and glow of poetry. It is his want of ideas, of imagination, of tafte, that I cenfure, when he dictated on Subject that is capable of all the graces that a knowledge of beautiful nature can beftow. Sir William Temple was an excellent man; Milton a genius of the first order.

a

We cannot wonder that fir William declares in favour of parterres, fountains and ftatues, as necessary to break the Sameness of large grass-plats, which he thinks have an ill effect upon the eye, when he acknowledges that he discovers fancy in the gardens of Alcinous. Milton ftudied the ancients with equal enthusiasm, but no bigotry, and had judgment to diftinguish between the want of invention and the beauties of poety. Compare his Paradife with Homer's garden, both afcribed to a celeftial defign. For fir William, it is just to obferve, that his ideas centured in a fruit-garden. He had the

bonour

fait que copier un ou plufieurs Jardins qu'il avoit vus; tant ses idées font exactement conformes aux modeles préfens. Mais que dirons nous de ce demi fiecle intermédiaire qui a pu lire un tel plan & qui n'a pas effayé de le mettre en exécution?

Venons a présent à un ecrivain estimé qui est postérieur à Milton, & voyons combien eft froide, infipide & fans goût fa description de ce qu'il apelle un Jardin parfait. Je ne parle pas de fon ftyle qu'il n'avoit pas befoin d'animer par le coloris & l'éclat de la pöefie. C'eft la difette d'idées, d'invention & de goût que je cenfure dans un homme qui traitoit une matiere susceptible de toutes les graces que la connoiffance de la belle nature peut comporter. Sir William Temple étoit un excellent homme; Milton un genie du premier ordre.

On ne peut pas s'étonner que fir William fe déclare en faveur des parterres, des fontaines, & des ftatuës commé néceffaires pour brifer l'uniformité des larges plattes-bandes qui lui paroiffent faire un mauvais coup-d'œil, puis-qu'il avoue qu'il trouve du génie dans les Jardins d'Alcinous. Milton étudioit les anciens avec le même entousiasme, mais fans fuperftition, & il avoit le bon fens de diftinguer entre le manque d'invention & les beautés de la poëfie. Comparés fon Paradis avec le Jardin d'Homère attribué pareillement à une main divine. Quant à fir William, il eft jufte d'observer que fes idées font circonfcrites dans un jardin fruitier.

K

Il a eû

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