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l'Eglise, il cite cette loi fondamentale. En effet, toutes les vaines théories d'organisation ecclésiastique se réduisent à rien en présence de cet arrêt remarquable du Seigneur ! Le fondateur a exprimé clairement sa volonté d'après laquelle l'Eglise n'a jamais été et ne doit jamais être une pluralité extérieure qui, par elle-même, devait s'élever et se constituer en unité. Avant même que l'on eût commencé, à proprement dire, la construction de l'Eglise, avant que la condition préalable de son existence, le sacrifice du Golgotha eût été accompli, sa base avait été choisie, le monarque terrestre du futur royaume de Dieu ici-bas avait été désigné; le pasteur du troupeau. qu'il fallait rassembler avait été nommé par le pasteur suprême, et non pas choisi par le troupeau. La pluralité personnelle des fondateurs de l'Eglise, ordonnés par Dieu, docteurs et pasteurs, c'est-à-dire les apôtres, est détruit par la parole de Jésus-Christ et changée en unité, dans la suprématie de Pierre. Cette unité extérieure et visible des apôtres, inspire aux fidèles une conscience fondamentale, et par les fonctions des apôtres, les fidèles auront cette unité sans cesse devant les yeux, afin qu'ils se l'approprient.

C'est ainsi que l'unité extérieure des fidèles s'éleva pour former l'Eglise catholique, sur le fondement de l'autorité extérieure des apôtres, qui eux-mêmes avaient été fondus en un par la suprématie de Pierre. C'est de cette unité de l'apostolat de Pierre que l'Eglise tire la source de son unité, d'elle l'origine de son existence, la suite de sa croissance et de son extension; c'est de ce point saillant, posé par Jésus-Christ, qu'elle s'est étendue dans tous les sens. Saint Cyprien ne croit pas pouvoir rappeler assez souvent à la mémoire des chrétiens ce point de départ de l'unité de l'Eglise. « L'Eglise est une, et elle est fondée sur un seul homme qui, d'après l'arrêt du Seigneur, en a reçu les clefs. Il y a un seul esprit et une » seule Eglise du Seigneur, fondée sur Pierre, d'après l'origine de l'unité et de sa constitution 48. Si c'est là la forme primitive de l'Eglise établie par Dieu lui-même, et fondée sur son essence, elle doit nécessairement continuer à subsis

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48 Epp. 73, p.280 sq.; 70, p. 270.

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ter ainsi, et rien ne saurait l'effacer de son histoire ou la faire disparaître aux regards; la chaire de Pierre demeurera toujours le point de départ et le centre divin, nécessaire, historique de l'unité catholique. « Il y a un Dieu, un Christ, une » Eglise, une chaire (una cathedra) fondée sur Pierre, d'après la parole du Seigneur. Aucun autre autel ne saurait » être élevé, aucun autre sacerdoce ne peut être formé, que » ce seul autel, ce seul sacerdoce. Celui qui recueille autre » part disperse, etc. 49. » En conséquence, saint Cyprien regarde toujours l'évêque de Rome comme le vicaire de S. Pierre, comme le possesseur temporel de cette chaire à laquelle sa primauté était attachée, et autour de laquelle l'unité de l'Eglise doit, d'après la décision de Jésus-Christ, tracer son cercle5° Quittons pour un moment cet examen, et voyons dans quels rapports, conformes à cette unité, les évêques sont placés à l'égard des apôtres, de Jésus-Christ, de l'Eglise, de son chef, et les uns à l'égard des autres. Ici nous trouvons généralement la maxime positive que les évêques sont les successeurs des apôtres, et par conséquent les héritiers de leur puissance, de leur autorité, de leur emploi et par conséquent, puisqu'ils ne font que remplacer les apôtres dans toutes les fonctions qui ne leur étaient pas absolument personnelles, ils tiennent visà-vis de l'Eglise la même position que Jésus-Christ avait assignée aux apôtres. Jésus-Christ parle aux apôtres et par conséquent à tous les chefs qui succèdent aux apôtres en vertu de la mission représentative (vicaria ordinatione) et dit : « Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui m'écoute, écoute » celui qui m'a envoyé. » Quand Notre-Seigneur... régla

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49 Ep. 40, p, 102 sq.

5° Ep. 52, p. 150. Factus est autem Cornelius episcopus Dei... cum nemo ante se factus esset, cum Fabiani locus, id est, cum locus Petri, et gradus cathedræ sacerdotalis vacaret. -- Ep. 75. Stephanus sic de episcopatus sui loco gloriatur, et se successionem Petri tenere contendit, super quem fundamenta Ecclesiæ collocata sunt.

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Ep. 69, p. 264. — Ep. 75, p. 507. Potestas ergo peccatorum remittendorum apostolis data est et ecclesiis, quas illi a Christo missi constituerunt, et episcopis, qui eis ordinatione vicaria successerunt. — Cypr. Acta Conc. Carthag., p. 606: Manifesta est sententia Domini nostri Jesu Christi apostolos suos mittentis et ipsis solis potestatem a Patri sibi datam per

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la dignité de l'évêque et ses rapports avec son Eglise, il dit à Pierre : « Je vous dis vous êtes Pierre, et sur cette pierre je » bâtirai mon Eglise. C'est donc de là que commence » milieu des vicissitudes des temps et des successions (per »vices temporum et successionum) et que se poursuit l'ordina» tion des évêques et la constitution (ratio) de l'Eglise, de >> telle façon que l'Eglise est fondée sur les évêques, et que » tout acte ecclésiastique est nécessairement dirigé par ces >> chefs. Car cela a été établi ainsi par une loi divine...52 » Les évêques, quoique élus par le clergé et le peuple, ne sont point par ce motif des organes de l'Eglise, pour autant que par l'Eglise on entend l'ensemble des fidèles; ils ne sont pas non plus les administrateurs d'une autorité résidant dans la masse; ce sont de véritables vicarii apostolorum, des porteurs de pleins pouvoirs conférés par Dieu aux apôtres, et en ce sens il est bien plus convenable de les appeler des organes de JésusChrist, ses lieutenants, par qui le Seigneur gouverne son Eglise. « La seule origine des hérésies et des schismes se trouve >> en ce que l'on n'obéit pas au prêtre de Dieu, en ce que l'on » ne reconnaît pas qu'il y en a un qu'il faut regarder comme prêtre temporel (évêque) dans l'Eglise, et comme juge à la » place de Jésus-Christ (vice Christi); car si, d'après l'or>> donnance divine, toute la fraternité obéissait à celui-là, >> nul ne pourrait rien entreprendre contre le collége des prê>> tres » L'ordination même des évêques n'est que la continuation d'une mission de Jésus-Christ, propagée d'après l'ordre de Dieu par les premiers possesseurs de l'autorité, et c'est Jésus-Christ qui ordonne chaque évêque, qui l'institue à la place des apôtres, et le revêt de son autorité 5. Ainsi la forme

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mittentis, quibus nos successimus eadem potestate ecclesiam Dei guber

nantes.

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Ep. 27.

Ep. 55, p. 177. It. ep. 69. Quam ob rem si majestatem Dei, qui sacerdotes ordinat, cogitaveris; si Christum, qui arbitrio et nutu et præsentia sua et præpositos ipsos, et ecclesiam cum præpositis gubernat, etc.

54 Ep. 45, p. 134. Dominus sacerdotes sibi eligere in Ecclesia sua et constituere dignatur... gubernantes inspirans et subministrans, elc. It. ep. 65, p. 244.

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fondamentale de l'Eglise reste la même. Si, comme nous l'avons vu plus haut, l'Eglise, tant dans son origine que dans son extension, est inséparable de l'unité des apôtres, de laquelle et sur laquelle son édifice s'est élevé et dans laquelle il est renfermé; par la même raison, elle est aussi, en vertu de sa constitution, renfermée de la même manière, dans les évêques et leur unité. L'évêque et l'Eglise sont inséparablement unis l'un à l'autre, ils ne peuvent exister l'un sans l'autre. Se séparer de l'évêque, c'est, quant aux effets, la même chose que se séparer de l'Eglise. «Lorsque, dans l'Evangile » (S. Jean, vi, 62), quelques disciples quittèrent le Seigneur » à cause de ce qu'il leur avait dit, il s'adressa aux douze » apôtres et leur dit : « Voulez-vous aussi vous retirer ? » Alors Pierre lui répondit et dit : « Auprès de qui irions-nous? Vous » avez la parole de la vie éternelle... En cette occasion ce fut Pierre qui parla, Pierre « sur qui l'Eglise devait être bâtie; il » fit voir par ses paroles que l'Eglise ne s'éloigne jamais de » Jésus-Christ, et que cette Eglise est le prêtre avec le peu»ple, uni à lui, et le troupeau fidèlement attaché à son pas»teur. C'est pourquoi vous devez savoir que l'évêque est dans l'Eglise, et l'Eglise dans l'évêque, et que si quelqu'un n'est point en communion avec l'évêque, il n'est point dans l'Eglise; ceux qui n'ont point reçu des prêtres de Dieu la paix » de l'Eglise, s'abandonnent à de vaines illusions, s'ils s'y introduisent par des voie détournées et croient pouvoir en » secret entretenir la communion avec quelques-uns; car l'E» glise qui est catholique et une, qui n'est point déchirée ni » divisée, mais resserrée de tous côtés, est unie par le ciment » des évêques, attachés les uns aux autres 55. » Ce rapport de l'évêque avec l'Eglise qui lui est confiée, est parfaitement analogue à celui de Jésus-Christ avec l'Eglise universelle, et c'est pourquoi saint Cyprien y applique le passage de l'épître aux Ephésiens, v, 31, 3256; et elle est tellement exclusive que lorsqu'un évêque a été une fois légitimement élu et ordonné pour une église, un autre ne peut se placer ou se laisser placer à côté de lui, faisant ainsi l'anti-évêque, sans perdre la

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communion non-seulement de cette église particulière, mais encore de l'Eglise universelle 57. On reconnaît tout de suite combien cette disposition est conséquente, si, comme saint Cyprien le soutient, il a été établi dans l'origine une chaire commune pour l'ensemble de l'Eglise fondée par Jésus-Christ; ce qui est vrai pour le tout, doit l'être aussi pour chacune des parties; pour chaque église, il ne peut y avoir qu'un seul évêque qui transmet et imprime sans altération le dépôt de la foi à son troupeau : c'est ainsi que la forme primitive de l'Eglise demeure toujours la même. Si l'Eglise tire son origine de l'unité placée par Jésus-Christ dans la personne de Pierre, nous retrouvons cette empreinte dans tout ce qui dérive d'elle, tandis que, d'un autre côté, ce même principe vivifiant ramène à l'unité les parties les plus éloignées du centre

commun.

Mais si le peuple chrétien et son évêque sont nécessaires l'un à l'autre par l'ordre de Dieu pour l'unité ecclésiastique, et de la manière que nous venons de le décrire, au point que leur union est une condition indispensable de l'union avec Dieu; il ne faut pas oublier, d'un autre côté, que chaque partie, en tant que partie, n'existe pas pour elle-même, mais dans ses rapports avec le tout, en sorte que le devoir que le pasteur doit remplir sur une portion du troupeau, s'étend, par sa nature, sur le troupeau tout entier, et que chaque évêque est, par sa position, solidaire envers Jésus-Christ pour l'Eglise tout entière. Or de ce rapport de chaque évêque avec l'Eglise universelle, résulte nécessairement l'unité de l'épiscopat, dont chaque membre individuel possède le tout, tandis que le corps entier adopte chaque membre dans son unité. Les intérêts de

57 Ep. 41... Intelligant, episcopo semel facto et collegarum ac plebis testimonio comprobato, alium constitui nullo modo posse. Ep. 76, p. 318. Et idcirco Dominus insinuans nobis unitatem de divina auctoritate venientem ponit et dicit : « Ego et Pater unum sumus... » Si autem grex unus est, quomodo potest gregi adnumerari, qui in numero gregis non est ? Aut pastor haberi quomodo potest, qui manente vero pastore et in Ecclesia Dei ordinatione succedanea præsidente, nemini succedens et a seipso incipiens alienus fit et profanus ?... etc. Ibid., p. 317. Habere aut tenere ecclesiam nullo modo potest, qui ordinatus in Ecclesia non est.

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